barbare
étymologie
Du latin barbarus, emprunté au grec ancien βάρβαρος.

adjectif

SingulierPluriel
barbarebarbares

barbare \baʁ.baʁ\ masculin et féminin identiques

  1. (Antiquité) Qualifie les peuples non gréco-romains.
    • Au Ve siècle, l’empire romain, miné par les luttes intestines, tombe en déliquescence. Des invasions de peuples barbares désolent et bouleversent aussi bien Rome que les Gaules. (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • L’empire romain, centralisé, indiscuté et unique a ébaudi les barbares par une architecture colossale de pierre, donc incorruptible. (Bulletin de la Commission royale des monuments et des sites, tome 3, 1973, page 152)
  2. (Figuré) Qui est sauvage, grossier, ignorant ; qui manque de civilisation.
    • Le gros des troupes était une horde de barbares dans toute la force du terme. C’était de ces figures étranges qui avaient parcouru la Gaule au temps d’Attila et de Chlodowig. (Augustin Thierry, Récits des temps mérovingiens, 2e récit : Suites du meurtre de Galeswinthe — Guerre civile — Mort de Sighebert (568-575), 1833 - éd. Union Générale d’Édition, 1965)
    • Il n’y a point de sentiment plus inséparable de notre être que celui de la liberté ; depuis l’homme le plus policé jusqu’au plus barbare, tous en sont pénétrés. (Frédéric II & Voltaire, L’anti-Machiavel, 1739, édition de 1947)
  3. Se dit des mots et des tours du langage contraires à l’usage ou à l’analogie.
    • En latin si l’on disait, dator pecuniam pour signifier celui qui donne ou qui donnera de l’argent, certainement ce serait une tournure barbare et inintelligible. (Journal des savants, 1857, page 310)
    • Ajoutons que la prononciation du grec est au moins aussi incertaine que celle du latin : la prononciation érasmienne est barbare et n’a aucune valeur historique ; et la prononciation moderne est insupportable avec son iotacisme et les équivoques sans nombre qu’il produit. (Louis Couturat, Histoire de la langue universelle, 1903, page 516)
  4. Qui est cruel, inhumain.
    • Un vainqueur qui fait mourir ses ennemis captifs est appelé barbare ! (Robespierre, Discours sur la peine de mort, le 30 mai 1791 au sein de l’Assemblée constituante)
    • L’anarchie marocaine, l’application de lois semi-barbares, la corruption du chérif étaient autant d’arguments pouvant justifier une intervention de l’extérieur. (Franco Arese, La politique africaine des États-Unis, 1945)
  5. Qui manque d’harmonie, de style.
    • Un style barbare.
    • Une musique barbare.
antonymes
traductions
nom

SingulierPluriel
barbarebarbares

barbare \baʁ.baʁ\ masculin et féminin identiques

  1. (Antiquité) Individu n’appartenant pas à la civilisation grecque, puis, après l’essor de l’empire romain, à la sphère culturelle gréco-romaine.
    • Pour commencer donc à entrer en matière, quant à la signification de ce mot : Barbares anciennement étaient nommés ceux qui ineptement parlaient grec. Car comme les étrangers venant à Athènes s’efforçaient de parler grec, ils tombaient souvent en cette voix absurde. Depuis, les Grecs transportèrent ce nom aux mœurs brutaux et cruels, appelant toutes nations, hors la Grèce, barbares. (Joachim du Bellay, Défense et illustration de la langue française, chapitre II)
    • Le mépris si profond que le Grec avait pour le Barbare, le Yankee l’a pour le travailleur étranger qui ne fait point d’effort pour devenir vraiment américain. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VII, La morale des producteurs, 1908, page 337)
    • Pour les Grecs, donc, les gens qui parlaient mal étaient Barbaros, les Barbares, la lie de l’humanité, un « sous-prolétariat » quoi, comme disent les sociologues. (Irène de Buisseret, Deux langues, six idiomes, Ottawa, Carlton Green, 1975, page 31)
  2. (Antiquité) (Par extension) Individu appartenant aux peuples germaniques qui envahirent l’Empire romain et tout envahisseur en général, lors des grandes migrations entre les IVe et VIIe siècles.
    • Les Barbares ne créèrent point de sociétés progressives ; ils étaient peu nom­breux et presque partout ils se substituèrent simplement aux anciens grands seigneurs, […]. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence Chap.II, La décadence bourgeoise et la violence, 1908)
    • A l’orgie latine succédèrent les ébats des Barbares, dignes héritiers de ces Romains gorgés de falerne et de sang, épuisés de stupre, sombrés dans les velléités. (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette ↗, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 84)
  3. (Péjoratif) Individu ou groupe social considéré comme cruel, inhumain, violent.
    • Être prudemment barbare et exercer la tyrannie conséquemment signifie, selon ce politique abominable, exécuter tout d’un coup toutes les violences et tous les crimes que l’on juge utiles à ses intérêts. (Frédéric II & Voltaire, L’anti-Machiavel, 1739, édition de 1947)
    • Seulement les barbares dont nous parlons sont au milieu de nous ; nous pouvons les coudoyer en nous aventurant dans les repaires où ils vivent, où ils se rassemblent pour concerter le meurtre, le vol, pour se partager enfin les dépouilles de leurs victimes. (Eugène Sue, Les Mystères de Paris, §.1, 1842-1843)
    • Les barbares ne sont pas nécessairement des gens courageux : ce qui leur donne de l’audace est la passivité tremblante et soumise de ceux qui sont en face d’eux.
      Je dirais même que la passivité tremblante et soumise crée des vocations de barbares et constitue une incitation à la barbarie.
      (Guy Millière, [//www.les4verites.com/La-passivite-est-une-incitation-a-la-barbarie-2303.html La passivité est une incitation à la barbarie], 21 avril 2009, )
  4. (Figuré) (Péjoratif) Homme non éduqué, trop rustre pour apprécier les beautés de la nature ou de l’art.

traductions


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