parole
étymologie
Du latin parabola, emprunté au grec ancien παραβολή. Il a pris le sens de « allégorie », puis de « discours grave ou inspiré » chez les auteurs chrétiens, double sens qui semble dû à un calque de l’hébreu biblique pārehāl (Job XXVII, 1: assumens parabolam suam, « reprenant son discours »). Et enfin celui de « parole, langue » dans la Romania : in rustica parabola, « en langue vulgaire ».
Le mot, prononcé \paˈraβola\ dans la koinè (avec spirantisation de l’occlusive bilabiale \b\) et emprunté en bas latin avec cette prononciation, s’est contracté en paraula en latin vulgaire, vraisemblablement par l’étape \paˈrawola\ [2].
Il a remplacé verbum dans les langues romanes (sauf le roumain du fait de la religion orthodoxe) à cause de la fréquence de son emploi dans la Bible et les gloses, verbum s’est spécialisé pour traduire le grec λόγος, lógos, le Verbe, lui-même calque de l’hébreu ancien DBR, davar, « mot, parole, chose, ordre ».

nom

SingulierPluriel
paroleparoles

parole \pa.ʁɔl\ féminin

  1. Faculté naturelle de parler.
    • S’il faut une grande intelligence pour créer un mot, quel âge a donc la parole humaine ? (Philippe Sollers, Éloge de l’infini, Gallimard, page 368)
    • Ces divers travaux mettant en rapport des linguistes, des phonéticiens et des informaticiens a permis la synthétisation de la parole qui conduit des machines à « dialoguer » entres elles sans intervention humaine. (Béatrice Pothier, Contribution de la linguistique à l’enseignement du français, PUQ, 2011, page 13)
    1. Ton de la voix, selon qu’elle est forte ou faible, douce ou rude, la qualité du débit, selon qu’il est précis ou confus.
      • Je percevais au tremblement de leur voix, au miel de leurs paroles, cette terrible servitude qui les liait à ce qu’on nomme l’amour, d’un mot trop doux parce qu’on ne veut pas lui donner son véritable visage de bestialité et d’animalité. (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 32)
      • Il a la parole rude, brève, lente, nette, embarrassée, difficile.
    2. Façon d’articuler les mots.
      • Parole bien articulée, mal articulée.
      • Paroles distinctes, entrecoupées de soupirs, de sanglots.
    3. Exercice de la faculté de parler. (quelquefois) Éloquence, diction.
      • Il a le don de la parole.
      • Il possède le talent de la parole.
      • L’art de la parole a été très cultivé chez les anciens.
      • Le charme, l’autorité, le pouvoir, la puissance de la parole.
  2. Mot ou suite de mots exprimant une pensée.
    • Marguerite était visiblement au supplice ; elle eût voulu arrêter chaque parole sur les lèvres du Béarnais ; mais Henri continua avec son apparente bonhomie : […]. (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre II)
    • Bernstein […] adresse à la socialdémocratie ces paroles de Schiller : « Qu’elle ose donc paraître ce qu’elle est ». (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, note de bas de page 64)
    • Toute manipulation, sans gestes superflus, sans paroles inutiles, était faite par des hommes et des femmes peu nombreux, économes de leurs efforts …. (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    1. (surtout au pluriel) Ensemble de mots considéré sous le rapport de l’idée ou du sentiment qu’ils expriment.
      • Longpont nous force d’ajouter foi aux paroles de Guillaume de Nangis et à celles de tous les chroniqueurs qui ont parlé de l’incendie de 1131. Dans les deux cas c’est le caractère de l’architecture qui détermine notre conviction, […]. (Ludovic Vitet, Études sur les beaux-arts: essais d’archéologie et fragments littéraires, vol. 2, p. 253, 1846)
      • L'homme emporté et furieux ne connaît personne, il se connaît à peine lui-même. Il n'est capable de rien entendre; la colère lui fait prononcer une multitude de paroles vagues, dont il perd jusqu'au souvenir; […]. (« Œuvres oratoires de Jacques-Denis Cochin, curé de Saint-Jacques du Haut-Pas », dans la Collection intégrale et universelle des orateurs chrétiens, publiés par l'Abbé Migne, tome 98 (vol. 31 de la 2e série), Paris, chez J.-P. Migne, 1866, p. 587)
  3. Idée, opinion s’exprimant en une phrase ou une suite de phrases.
    • Il faudrait écrire cette parole mémorable en lettres d’or.
    • Il a dit une parole pleine de justesse, pleine de bon sens, une parole choquante, imprudente, absurde.
  4. (religion) (Au singulier) Les écritures saintes, les sermons qui se font pour l’expliquer.
    • Au cœur de l’islam, la bataille fit rage quelque temps entre ceux qu’attirait le rationalisme grec d’un côté et, de l’autre, ceux qui mettaient l’accent sur la prééminence de la Parole révélée de Dieu comme seule explication des phénomènes humains et naturels. (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
  5. (quelquefois) Terme, expression considérées relativement à l’art de parler ou d’écrire.
    • La parole doit répondre exactement à la pensée.
    • Ce discours renferme plus de paroles que d’idées.
    • La force du sens se perd dans la trop grande abondance des paroles.
  6. (Au pluriel) (musique) Mots d’un air, d’une chanson ; poème d’une cantate ; livret d’un opéra.
    • Il ne savait aucune des paroles du grand choral de Luther, mais il ouvrait toute grande sa bouche et émettait des sons vastes, graves et partiellement harmonieux… (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 263 de l’éd. de 1921)
    • La musique exprime les sentiments, mais elle serait bien empêchée de les définir, et, sans le commentaire des paroles, absent de la musique instrumentale, l’auditeur reste toujours dans un certain vague quant à la nature et à l’objet du sentiment dont s’est inspiré le musicien. (Pierre Lasserre, Philosophie de Goût musical, Les Cahiers verts no 11, Grasset, 1922, p. 50)
    • Les ivrognes, maintenant accoudés au comptoir, braillaient une chanson dont ils n’avaient retenu que quelques paroles. (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
  7. (quelquefois) (vieilli) Discours piquants, aigres ou offensants ; mots.
    • Se prendre de paroles. — Ils ont eu des paroles ensemble.
  8. Assurance ou promesse verbale, par laquelle on s’engage à faire certaines choses.
    • À la bonne heure ! s’écria Coconnas, et voilà qui est parler ; vous avez raison, Monsieur, la parole d’un gentilhomme vaut de l’or, […]. (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VII)
    • Mais on n'a pas tiré, nous ! On n'avait même pas nos flingues, […]. Parole. On a même cru qu'ils nous canardaient, les vaches, on s'est barrés quand on a entendu tirer... (Marie Balka, La rançon du silence, Éditions Gallimard, 1975, p. 173)
    • Parole sacrée, inviolable, solennelle. — Donner sa parole d’honneur.
    1. (Au pluriel) Promesses vaines et vagues, par opposition à effets.
      • Je veux avoir de l’argent, je ne me contente pas de paroles.
      • Pense-t-il m’amuser de paroles, avec des paroles, me payer de paroles ?
      • Des paroles vagues, des paroles vaines, des paroles en l’air.
      • Du reste, tout cela, ce ne sont que des paroles, des paroles… Il faut agir. (Fiodor Dostoïevski, traduction de Ely Halpérine-Kaminsky, Le Joueur)
  9. Proposition que l’on fait de la part d’un autre.
    • Parole d’accommodement.
    • Parole de paix.
synonymes
traductions
traductions
traductions
traductions
traductions
  • allemand : Wort
  • anglais : words (2, 3), Word (4: (religion)) ; word (5: terme: word and deed) ; words (7: discours piquant) ; words (8: promesses vaines) ; word (9: proposition) ; word of honor
  • espagnol : palabra, voz, habla
  • portugais : palavra féminin
  • russe : слово



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