assaisonner
étymologie
 Composé de a- et de saisonner. Le sens premier « disposer, régler selon la saison » s’appliquait en particulier à la conduite des cultures (1371). On trouve aussi l’étymologie « cultiver en saison propre, mûrir à temps ». En un texte du XIIIe siècle, viande assaisonnée signifie « aliment cuit à point ni trop ni trop peu » comme qui dirait « mûri à temps ». Quand ce verbe entra dans le domaine culinaire, il signifia « mettre à point pour le goût à l’aide de certains ingrédients » [1].

verbe

assaisonner \a.sɛ.zɔ.ne\ transitif conjugaison

  1. Accommoder un mets avec les ingrédients qu’il faut pour le rendre plus agréable au goût.
    • Assaisonnez avec sucre en poudre, sucre de vanille, moelle de bœuf hachée, fondue et passée au tamis, macarons écrasés et rhum. (Jules Gouffé, Tourte de crème frangipane à la moelle dans Le Livre de Pâtisserie, 2e partie, chap. 4, 1873)
    • L’énorme turbot avait le goût le plus fin, le plus savoureux, et le jus de crevettes dont il était assaisonné prouvait que le chef de M. le Comte avait dû suivre les cours de cuisine du Café Anglais et en profiter. (François Coppée, À table, dans Contes rapides, 1888)
    • Sauce à la Sainte-Menehould. — […]; délayez votre sauce avec du lait ou de la crème; assaisonnez-la d’un bouquet de persil et ciboules, la moitié d'une feuille de laurier, quelques champignons et échalotes; mettez-la sur le feu ; […]. (Grand dictionnaire de Cuisine par Alexandre Dumas, Paris : chez Alphonse Lemerre, 1873, p. 987)
  2. (Littéraire) (Figuré) Accompagner de manière agréable ou piquante ce qu’on dit ou ce qu’on fait.
    • La sagesse n’a rien d’austère ni d’affecté: c’est elle qui donne les vrais plaisirs ; elle seule les sait assaisonner pour les rendre purs et durables. (François de Salignac de La Mothe- '=oui, Les Aventures de Télémaque (Fénelon), livre VII, 1699)
    • S’il est peu de peuples en Italie aussi mauvais que celui de Naples, il en est peu qui soit aussi ignorant & aussi hébété. Il semble ne faire usage de sa raison que pour assaisonner le crime. (Jean-Baptiste Boyer d’ Argens, Lettres juives, lettre LXIII, 1736)
    • Au moment de revoir la noble créature qu’il avait adorée pendant huit jours, il n’éprouva d’autre émotion qu’une vague curiosité, assaisonnée d’un grain de compassion et d’un atome de coquetterie. (Edmond About, Les Mariages de province, 1868)
    • La paix et la concorde règnent en ces lieux d'où partent les écrits qui mettent le feu aux quatre coins du pays. La postérité ne connaîtra rien de nos entretiens. L'un fait des mots, l'autre les assaisonne, un troisième les met sur le feu : nous les savourons à la ronde. (Hector Fabre, Chroniques, 1877, p. 24)
  3. (populaire) (Figuré) Frapper, injurier, invectiver.
    • Profitant de mon absence, papa s’est jeté sur Mary parce que la veille elle avait mis trop de confiture sur sa truite, et il l’a tellement assaisonnée qu’elle peut à peine s’asseoir. (Raymond Queneau, Le Journal intime de Sally Mara, 1950, dans Les Œuvres complètes de Sally Mara, Gallimard, « L’Imaginaire », 1989, p. 109)
  4. (argot) Tuer par balles.
    • J’aimerais aussi savoir s’il s’est fait assaisonner avant d’avoir passé son coup de fil ou après, parce que l’idée me vient que c’était peut-être moi qu’il appelait, et que s’il a été descendu après avoir raccroché, il pourrait encore y avoir un message pour moi chez Moksie. (Peter Cheyney, La Môme vert-de-gris, traduction de Marcel Duhamel, Gallimard, 1945)
    • Si tu fais de l’obstruction, j’assaisonne la môme. {{source|

traductions


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