bougre
étymologie
(XIIIe siècle) Variante de bogre signifiant « hérétique » au XIe siècle, puis « débauché » au XIIe siècle, lui-même issu du latin Bulgarus. Les Bulgares étaient en effet membres de l'hérésie bogomile apparue au Xe siècle dans les Balkans, et qui niait plusieurs sacrements, dont celui du mariage [1].

nom

SingulierPluriel
bougrebougres

bougre \buɡʁ\ masculin (pour une femme on dit : bougresse)

  1. (vieilli) Sodomite.
  2. (Par extension) (injur) Personne méprisable.
  3. (Par extension) Individu coquin ou gaillard, souvent avec condescendance.
    • Pif ! Paf ! en voilà quatre d'assommés par ce grand bougre de lieutenant. (Alfred Jarry, Ubu Roi, 1896)
    • Un bon bougre. Mais c'est qu'elle m'a fait rire la bougresse.
    • Un beau jour mon grand-père me dit négligemment : « Courteline doit être un bon bougre. Si tu l’aimes tant, pourquoi ne lui écris-tu pas ? » (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 60)
    • Ce sont de bons bougres, toujours prêts à trousser un jupon et à boire sans soif. (Blaise Cendrars, L'or, 1960, Folio, page 20)
    • « Là, je crois, cher Ilya Evseitch, que vous exagérez un peu… il n’est pas très sympathique, mais je le connais bien, ce n’est pas un si mauvais bougre… » (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 198)
  4. (Par extension) Personne misérable ou malchanceuse.
    • Le bougre s'était trouvé aux premières loges, avait passé deux jours et deux nuits, gardant toujours son pont et sans rien comprendre, mais écoutant siffler, gronder et péter à ses oreilles tous les projectiles de la création. (Marcel Martinet, La maison à l'abri, 1918)
    • Pour tous les bougres qui braconnent
      Dedans la Sologne aux bourgeois,
      Ça n'est pas quand la lune donne
      Qu'il faut aller au bois:
      (Gaston Couté, La chanson d'un gars qui a mal tourné)
    • Les criminels responsables du meurtre de tant d'êtres voyaient impunément grossir leurs immondes bénéfices et leurs boutonnières rougir, tandis qu'afin que leur guerre se prolongeât, une justice sommaire abattait les pauvres bougres, coupables ou non de la moindre défaillance ! (Victor Margueritte, Debout les vivants!, 1932)
    • Autrefois, quand j'étais « cavé », comme dit Tacherot, je hantais de bons bougres qui rêvaient de reprise individuelle. Ça leur coûtait cher. (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette ↗, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 187)
synonymes
  • voir homosexuel#Synonymes|homosexuel

traductions
interjection

bougre \buɡʁ\

  1. (populaire) Servant à marquer la colère.
    • – Quand je pense, disait-il, que, si j’étais resté dans l’armée après l’autre guerre, j’aurais ma retraite aujourd’hui. Je l’aurais, mon jardin, avec tout le temps pour le cultiver. Ah ! bougre de bougre de bougre de bougre ! (Jean L’Hôte, La Communale, Seuil, 1957, réédition J’ai Lu, page 13)
synonymes
  • (par atténuation), bigre.



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