compagnon
étymologie
De l’ancien français compaignon, issu du bas latin companionem, accusatif de companio, composé de com- et panis#la|panispain »), signifiant « celui avec qui l’on partage le pain ».
Il remplace sodalis dont le sens étymologique a été oublié. Il est peut-être, d’après le Dictionnaire étymologique et historique du français de Larousse, le calque du gotique 𐌲𐌰𐌷𐌻𐌰𐌹𐌱𐌰 gahláiba, dérivé de 𐌲𐌰- ga- (« avec ») et 𐌷𐌻𐌰𐌹𐍆𐍃 hláifs (« pain »). Le nominatif companio a donné, en ancien français, le cas sujet compain, dont le moderne copain est une variante populaire.

nom

SingulierPluriel
compagnoncompagnons

compagnon \kɔ̃.pa.ɲɔ̃\ masculin (pour une femme on dit : compagne)

  1. Celui qui est habituellement avec un autre ou qui fait avec lui la même chose.
    • […] l’homme seul risque de tomber dans le désespoir, Dieu lui a ordonné de s’adjoindre des compagnons. (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Le trisaïeul de son trisaïeul était l'égal, le compagnon, le pair du roi; à ce titre il est lui-même d'une classe privilégiée, celle des gentilshommes; […]. (Hippolyte Taine, Philosophie de l’art, Germer Baillière, Paris, 1865, page 134 ↗)
    • Ceux de mes compagnons de voyage qui se disposent à traverser la Caspienne, se hâtent de courir vers le port. (Jules Verne, Claudius Bombarnac, ch. III, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • Elle se disait féministe, suivait des cours de droit, parlait méprisamment de ces plaisirs faciles que recherchaient, dans des amours vénales, ses compagnons d'études. (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans "Trois contes de l'Amour et de la Mort", 1940)
    • Le 24, le vent tourna au Sud nous permettant d'établir la voilure, et, le lendemain la plupart de mes compagnons franchissaient pour la première fois le cercle polaire. (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • C'est bon ! c'est bon ! se décida soudain à balbutier le second pochard en entraînant son compagnon. (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
  2. (Par extension) Animal qui accompagne.
    • Le cheval qui est le compagnon fidèle de l’homme est aussi capable de le suivre dans toutes ses pérégrinations. […]. Comme son maître, il est cosmopolite ; […] (Jean Déhès, Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France, École impériale vétérinaire de Toulouse, Thèse de médecine vétérinaire, 1868)
  3. (hist) Membre d’un corps de métier organisé en jurande.
    • Entre eux, les tondeurs sedanais font des assemblées. Après avoir bien réfléchi et discuté avec les maîtres depuis avril, le 1er août 1750 ils décident d'engager la « cloque », c’est à dire la grève générale des sept cents compagnons, et de « muleter » les jaunes de cinquante livres d’amende selon la tradition du compagnonnage auquel ils semblent appartenir. (Henri Manceau, Des luttes ardennaises, 1969)
  4. Ouvrier ou artisan qui fait partie d’une société de gens aux mêmes intérêts (compagnonnage).
    • Les Compagnons du Tour de France.
  5. (Par extension) Ouvrier qualifié d’une entreprise, dans le bâtiment notamment.
    • Parmi les tailleurs de pierre qui sculptaient les images des cathédrales, il y avait des hommes d’un talent supérieur, qui semblent être demeurés toujours confondus dans la masse des compagnons ; ils ne produisaient pas moins des chefs-d’œuvre. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VII, La morale des producteurs, 1908, p.360)
    • Le compagnon est l’ouvrier qualifié travaillant dans une entreprise artisanale et possédant une qualification professionnelle attestée soit par le certificat de compagnon, soit par un apprentissage préalable ou un exercice prolongé du métier. (Article 4 bis, Code de l’artisanat'', France, version 2008)
  6. Membre d'un groupe ou d'une organisation anarchiste.
    • Les anarchistes se donnent le titre de « compagnons », terme que nous avons employé souvent pour les désigner. (Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France - Des origines à 1914, Maspero, 1975, page 130)
  7. (Par extension) Concubin, celui qui vit avec un partenaire en état de concubinage.
    • Elle a vu Briant qui ira voir son « compagnon », comme elle dit, lequel, d'après elle, serait un Peintre pareil à Léonard de Vinci (pas moins !) (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 151, page 101, 20 février 1933)
    • Lendemain du jour de l’An, en compagnie de la fille de ma compagne, de son mari et de Victor, leur fils de deux ans et demi, nous décidons d’aller sur l’avenue du Mont-Royal, dans l’un des très rares endroits ouverts en ce jour… pour nous donner congé de vaisselle. (Le Devoir, 5-6 janvier 2008)
    • On recommanda bien à cette femme, une fois de plus, de quitter son compagnon, qui en dehors de son alcoolisme et de sa brutalité, n’était de toutes façons qu’un bon à rien, incapable de garder un travail fixe bien longtemps. (Sonia de Braco, Ces foutues bonnes femmes, lulu.com, 2008, page 46)
  8. (Franc-maçonnerie) Second grade entre l’apprenti et le maître.
  9. (Figuré) Chose qui se trouve habituellement en un même lieu qu’une autre.
    • Déjà au Mont Ventoux, par exemple, la flore subalpine compagne du Pin à crochets n'a guère d’équivalent dans les pays du Nord. (Henri Gaussen, Géographie des Plantes, Armand Colin, 1933, page 143)

traductions
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