fille
étymologie
Du moyen français fille, de l’ancien français fille, fillie (ca. 980), filie (ca. 1050), du latin filia, féminin de fīlĭus (« fils »).
Le mot latin se prononçait d’abord \ˈfi.li.a\. Dès le Ier siècle, le \i\ placé entre le \l\ et le \a\ final est devenu un yod qui a modifié la prononciation en \ˈfi.lja\. Puis ce yod s’est combiné au \l\ pour donner consonne spirante latérale palatale voisée, ou « l palatal », résultant en la prononciation \ˈfi.ʎa\. Ce phonème \ʎ\ a été maintenu en français jusqu’à la fin du XIXe siècle. Dans son dictionnaire, Émille Littré fait de nombreuses mises en garde visant à maintenir ce phonème, ce qui prouve qu’il était en train de disparaitre et d’évoluer en yod .

nom

SingulierPluriel
fillefilles

fille \fij\ féminin (pour un homme on peut dire : garçon, fils)

  1. Être humain du sexe féminin depuis sa naissance jusqu’à son mariage.
    • Nous autres jeunes filles françaises, nous sommes livrées par nos familles comme des marchandises, à trois mois, quelquefois fin courant. (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • On ne pouvait voir de fille plus fraîche, plus riante ; elle était blonde, avec de beaux yeux bleus, des joues roses et des dents blanches comme du lait ; elle approchait de ses dix-huit ans ; […]. (Erckmann-Chatrian, Histoire d’un conscrit de 1813, J. Hetzel, 1864)
    • Cette gentillesse qui abrégeait les formes et supprimait les fadaises ridicules que tout garçon se croit tenu de débiter à la belle fille dont il essaie de faire sa maîtresse, m’avait séduit. (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • François Cadet, un bel homme, un beau garçon dont les filles s’éprennent d’abord, pour qui elles se jalousent et se déchirent. (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 31)
  2. (Spécialement) Jeune fille encore vierge.
    • Que cherche Colombe ? Depuis qu’elle n’est plus fille, tient-elle à devenir la femme de tout le monde ? J'ai honte de mon amie. (Éric-Emmanuel Schmitt, Le Poison d’amour, Albin Michel, Paris, 2014, p. 116)
  3. Enfant du sexe féminin considérée par rapport à ses parents.
    • […] il vint des Vieux Marais habiter à Manise comme brigadier, avec sa fille, une belle bachelle de dix-sept ans tout au plus. (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Il traita d’abord Joséphine de putain, chose affirma-t-il qui ne l’étonnait guère attendu qu’elle était la fille de sa mère, […]. (Louis Pergaud, Joséphine est enceinte, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Quand il a des filles, un père de famille ne doit pas plus laisser introduire un jeune homme chez lui sans le connaître, que laisser traîner des livres ou des journaux sans les avoir lus. (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Dans chaque dechra on trouve une à deux familles maraboutiques. Les mrabtin font remonter leur généalogie au prophète Mohamed par l'intermédiaire de sa fille Fatima et de son gendre Ali. (Aīssa Ouitis, Les contradictions sociales et leur expression symbolique dans le Sétifois, Société nationale d'édition et de diffusion, 1977, page 94)
  4. (Par extension) Femme célibataire.
    • Ce qui tourmentait et désolait et retournait le curé de Melotte, c’était le dévergondage des filles et des garçons du pays. (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  5. (vieilli) (ellipse) Fille d’honneur ; demoiselle d’honneur.
    • elle [Louise de Savoie] mena toutes ſes filles (Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678)
  6. (vieilli) Servante ; employée.
    • En sabots, les manches relevées sur leurs bras blancs, les filles balayaient le devant des boutiques. (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 158)
  7. (ellipse) (familier) Fille de joie ; prostituée.
    • La place Pigalle, passé deux heures du matin, est le refuge des noctambules professionnels. Des musiciens, des nègres, des filles, des invertis se donnent rendez-vous dans les bars et voient souvent l’aube se lever sans que la chance leur ait souri. (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Le long des boutiques éclairées, des ombres se succédaient sans hâte. Il y avait des nègres, quelques Chinois, des blancs. Tous reluquaient les filles. (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 41)
    • Il arrive aussi, mais cet usage tend à disparaitre au début de la IIIe République, que les filles racolent en arpentant à tour de rôle le trottoir situé devant la maison. (Alain Corbin, Les filles de noce, 1978)
  8. (Poétique) (litt) (sout) Descendante issue de telle ou telle lignée, ou native de tel ou tel pays.
    • La fille des césars.
    • Une fille du peuple.
  9. (christianisme) Nom que l’on donne aux religieuses de certaines communautés.
    • Les filles de saint Vincent de Paul.
    • Les filles du Carmel, de la Charité.
  10. (Figuré) (vieux) Établissement qui est de la fondation et de la dépendance d’un autre.
    • Ces abbayes sont filles de Cîteaux.
    • C’est une fille, une des filles de Cluny.

traductions
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