gober
étymologie
Du gaulois Reconstruction:gaulois/*gobbo- (« bec » voir gwp, « tête d’oiseau » en gallois, gob, « bouche » en irlandais, gob, « bec » en écossais).

verbe

gober \ɡɔ.be\ transitif conjugaison (pronominal : se gober)

  1. Avaler en aspirant, sans mâcher (en particulier : une huître, un œuf cru).
    • Elle ne se défendait pas, et, tranquillement, le cou un peu renversé, la main en l’air, elle gobait des huîtres. (Henry Céard, Belle Journée, G. Charpentier, 1881, p. 132)
  2. Avaler vivement, manger goulûment.
    • Os ou viandes, légumes ou poissons, gâteaux ou pain sec, friandises, immondices, il gobait tout indifféremment avec autant de plaisir. (Léon Cladel, Léon Cladel et sa kyrielle de chiens, L. Frinzine, 1885, p. 63)
    • Il goba les haricots, en repiqua au fond de son assiette une nouvelle fourchettée qu’il rebrandit par les libres espaces. (Georges Courteline, Les Linottes, chap. 6, 1912)
    • Elle ne se trompe pas de chaise à table, chérit le poisson, prise la viande, se contente d’une croûte de pain, gobe en connaisseuse la fraise et la mandarine. (Sidonie-Gabrielle Colette, La Maison de Claudine, chap. 26, 1910)
  3. (Figuré) (familier) Ingurgiter.
    • Mais surtout nous nous devons de choisir ce qu’on nous met dans le crâne : la publicité télévisée ou scolaire doit être soumise à critique ; on n’a pas plus le droit de me faire gober Xénophon, Charlemagne, Marx ou Watt que du Banga, du Lévitan ou du Paic citron. (Catherine Baker, Insoumission à l’école obligatoire, introduction, 1985)
  4. (Figuré) (familier) Croire aveuglément.
    • Et je me plaisais à voir comme mon père gobait mes paroles, et me faisait diverses questions, oubliant sa fierté et sa réserve. (Marie Bashkirtseff, Journal, t. 1, 24 juillet 1874, G. Charpentier, 1890, p. 288)
    • Et l’imbécile de gober ces grosses flatteries de l’enchanteur ! (Jules Verne, La Famille Raton dans Hier et demain, VI, 1910)
    • Mais vous ne ferez pas gober à M. Formerie que Lupin et Lenormand ne faisaient qu’un. (Maurice Leblanc, 813, 2e partie, chap. 1, 1910)
    • À cette sauce, politiciens et intellectuels assaisonnent les extravagances qu’ils ont mission de faire gober à ceux qu’ils administrent ou instruisent. (René Crevel, De la volupté coloniale au patriotisme de l’inconscient dans Le Clavecin de Diderot, 1932)
  5. (Figuré) (populaire) Estimer, apprécier quelqu’un.
    • S’il n’avait pas fait sa place du premier coup dans le secrétariat du Figaro, au-dessous de Duchesne, c’est que « le patron avait beau prendre sur soi, il ne le gobait pas ». (Adolphe Perreau, Confidences d’un journaliste, A. Sagnier, 1876, p. 57)
    • Et elle s’attachait à lui insensiblement, le gobait, n’aurait pas dépensé un sou, pas fait un pas sans le consulter. (René Maizeroy, Papa la Vertu, V. Havard, 1890, p. 167)
    • Maman te gobe beaucoup… Elle dit que rien que de voir ta bobine, ça la fait rigoler. (Alphonse Allais, Le Mystère de la Sainte-Trinité devant la jeunesse contemporaine dans Deux et deux font cinq, Paul Olendorff, 1895, p. 20)
  6. (Figuré) (populaire) pronominal Être plein de soi, s’en faire accroire.
    • Jamais personnage ne fut affligé d’une morgue aussi hautaine ; c’était, pour me servir d’un mot de l’argot de coulisses, un monsieur qui se gobait ; solennel, autoritaire, il ne parlait pas, il décrétait ! (Hippolyte de Villemessant, Mémoires d’un journaliste, t. 4, Dentu, 1876, p. 393)
    • On disait de lui au collège qu’il « se gobait ». C’était trop peu dire : il se dégustait. (Augustin Filon, Violette Mérian, Hachette, 1907, p. 204)
  7. (musique) Dans le jargon de la musique classique : se doper.

traductions


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