grouiller
étymologie
De deux verbes en ancien français grouiller et crouler (« s’agiter »)

verbe

grouiller \ɡʁu.je\ intransitif conjugaison (pronominal : se grouiller)

  1. Remuer en masse confuse, abonder, pulluler.
    • Ce qui, autrefois, grouillait en bas, resplendit en haut aujourd’hui. Le domestique a jeté sa livrée à la tête de son maître et se pavane dans ses habits. Non seulement il est devenu son égal, mais il le domine. (Octave Mirbeau, Le Tripot aux champs, Le Journal, 27 septembre 1896)
    • […], Henri dégusta, quelques secondes, le spectacle désolant de ces ombres errantes et pataugeantes, semblables à des bêtes d’un autre âge, grouillant dans un décor diluvien. (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette ↗, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 9)
    • Une foule serrée et bruyante grouillait dans les rues. Ce n’était que tarbouches, galabiehs toutes neuves aux fraîches couleurs, voiles noires de paysannes, châles rouges jaunes et oranges des fillettes, turbans et majestueuses robes des cheikhs. (Out-el-Kouloub, Zariffa, dans "Trois contes de l’Amour et de la Mort", 1940)
    • La Syldavie risque en effet d’être annexée par son voisin bordure et l’entourage royal grouille d’espions ayant pour but de préparer le terrain avec un premier objectif : miner l’autorité royale en dérobant le symbole de sa légitimité, son sceptre, […]. (Pierre Marlet, Le sceptre de Tintin et le bouclier d’Astérix confrontés à leur mythe national, dans Mythe et bande dessinée, sous la direction de Viviane Alary & Danielle Corrado, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2006, page 120)
  2. (Par extension) Être rempli d’une masse grouillante, en parlant d’une chose ou d’un lieu.
    • L'autre grande place de Parthenay, […], comme tous les mercredis grouillait de paysans en blouses bleues toutes neuves rêches comme des chasubles, de paysannes arborant sur leurs têtes leurs gâtinelles aux longs rubans de moire blanche, de maquignons, leurs fouets autour du cou, des bouviers, l'aiguillon à la main comme une lance, […]. (Michel Ragon, La Louve de Mervent, éd. Albin Michel, 1985, livre 2, chap. 1)
  3. (familier) Bouger, remuer.
    • Cependant sa visite, assez insupportable, traîne en une longueur encore épouvantable ; et l’on demande l’heure, et l’on bâille vingt fois, qu’elle grouille aussi peu qu’une pièce de bois. (Molière, Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux, 1666)
    • Si on s'arrête, les pieds s'embourbent, germent le temps de le dire, poussent des racines, plus moyen de grouiller. (Réjean Ducharme, L'hiver de force, Gallimard, 1973, page 53)
  4. Faire du bruit, gargouiller, en parlant des intestins, de l’abdomen.
    • J’ai le ventre qui grouille !
  5. (populaire) (intransitif) ou (pronominal) Se dépêcher.
    • Compte tenu de la pluie qui était tombée, Misty avait sûrement laissé des dizaines de traces qui nous permettraient de remonter jusqu’à elle si on se grouillait un peu. (Andrée A. Michaud, Lazy Bird, Québec Amérique, 2009, page 121)
    • Éreintés par une rude journée de travail les derniers oiseaux se grouillaient pour rentrer chez eux. (Jean-François Beauchemin, Comme enfant je suis cuit, Québec Amérique, 1998, page 47)
    • Vous avez intérêt à vous grouiller si vous ne voulez pas rater le train !
    • Allez, grouille, il va faire nuit !

traductions


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