infâme
étymologie
Du latin infamis, de in-, et fama, « réputation ». Il a étymologiquement un sens similaire à ignoble.
Son orthographe était infame avant qu’un accent circonflexe ne lui soit ajouté dans la cinquième édition du Dictionnaire de l’Académie française, parue en 1798.

adjectif

SingulierPluriel
infâmeinfâmes

infâme \ɛ̃.fɑm\ masculin et féminin identiques

  1. (Désuet) Qui a mauvaise réputation, qui est célèbre en mauvaise part (sens étymologique).
    • Heureux qui n’est point attaché à cet écueil [la cour], infâme de tant de naufrages ! (Gui Patin, Lettres, tome II, p. 421)
  2. Qui s’est diffamé dans l’opinion publique.
    • Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour. (Corneille, Cid, I, 8)
    • Qui, tant que sa poursuite a cru m’avoir infâme, ne m’a point souhaitée en qualité de femme. (Jean de Rotrou, Venceslas, II, 1)
    • Et toi, Neptune, et toi, si jadis mon courage d’infâmes assassins nettoya ton rivage […] (Racine, Phèdre, IV, 2)
    • En vain Descartes avait épuisé son génie à rassembler les preuves de la divinité, et à en chercher de nouvelles ; ses infâmes ennemis le comparèrent à Vanini dans un écrit public. (Voltaire, Siècle de Louis XIV : Écrivains : Descartes)
    • Ce secret qui pesait à son infâme cœur. (Voltaire, Zaïre, IV, 5)
    • Les infâmes courtisans du plus infâme des princes. (Diderot, Claude et Néron, I, 83)
  3. Qui est diffamé, flétri par les lois.
    • Un infâme meurtrier leur avait déjà assassiné le brave M. de Mouy, à ces pauvres gens. (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre VI)
    • Jésus-Christ paraîtrait sur les théâtres, en la personne d’un acteur, d’une actrice effrontée, gens infâmes, même selon les lois des hommes ? (Jean Baptiste Massillon, Carême)
    • Élus. Esopus et Roscius [acteurs à Rome] n’étaient pas des sénateurs romains, il est vrai ; mais le flamen ne les déclarait point infâmes, et on ne se doutait pas que l’art de Térence fût un art semblable à celui de Locuste [célèbre empoisonneuse] (Voltaire, Dictionnaire philosophique : Police des théâtres)
  4. Qualifie les choses qui entraînent la flétrissure morale.
    • Comme tous les gens connus, la presse collabo de Paris l'a injurié, bafoué, traîné plus bas que terre avec ce raffinement dans l'insulte infâme que donne la garantie de l’impunité. (Jean-François Elberg , La filière des enfants, éd. JC Lattès, 2006, chap. 21)
    • L’abandonnerez-vous à l’infâme couteau qui fait choir les méchants sous la main d’un bourreau ? (Corneille, Horace, V, 3)
    • N’attendez pas de moi d’infâmes repentirs. (Corneille, Cinna, V, 1)
    • La mort la plus infâme, ils l’appellent martyre. (Corneille, Polyeucte, III, 4)
    • Les infâmes projets de ses assassinats. (Corneille, Nicomède, III, 4)
    • Malgré la défection de tant de sujets, malgré l’infâme désertion de la milice, (Bossuet, Reine d’Angleterre)
    • Depuis le jour infâme où de mon propre fils je me trouvai la femme. (Racine, La Thébaïde ou Les Frères ennemis, III, 2)
    • À la porte d’Aman est déjà préparé d’un infâme trépas l’instrument exécrable. (Racine, Esther, III, 4)
    • J’ai su qu’il a mené une vie infâme ; mais pourquoi as-tu négligé son éducation ? (François de Salignac de La Mothe- '=oui, Dialogues des morts, 1712, « Antonin Pie et Marc Aurèle »)
  5. Il se dit quelquefois, par exagération, de ce qui est messéant, indigne.
    • En effet tous ces soins sont des choses infâmes : Sommes-nous chez les Turcs pour renfermer les femmes ? (Molière, L’École des maris, I, 2)
    • Avec un si bon dos, ma foi, monsieur Loyal, quelques coups de bâton ne vous siéraient pas mal. - On pourrait bien punir ces paroles infâmes, ma mie, et l’on décrète aussi contre les femmes. (Molière, Le Tartufe, V, 4)
  6. On l’applique aussi en ce sens aux personnes.
    • N’êtes-vous point trop bonne d’avoir écrit à Mlle de Méri ? Mon Dieu, je lui ai écrit aussi ; que deviendra tout cela ? Elle fera de grands cris, et vous trouvera trop généreuse, comme vous l’êtes en effet, et moi bien vilaine, bien crasseuse, bien infâme ; enfin, ma mignonne, nous verrons sa réponse. (Madame de Sévigné, Lettres : 12 juillet 1690)
  7. Ignoble, immonde, infect.
    • On le logea dans un taudis infâme. Vous avez là un habit infâme.

traductions
traductions
  • allemand : lästerlich (désuet)

nom

SingulierPluriel
infâmeinfâmes

infâme \ɛ̃.fɑm\ masculin et féminin identiques

  1. Celui, celle qui a fait des choses flétries par la loi ou par la morale.
    • Les infâmes ne sont pas reçus en témoignage.
    • Ne me parlez jamais en faveur d’un infâme. (Corneille, Horace, IV, 1)
    • Épouse-la, parjure, et fais-en une infâme […] (Corneille, Pertharite, I, 4)
    • Croyez-vous que ce nous soit une gloire d’être sortis d’un sang noble, lorsque nous vivons en infâmes ? (Molière, Don Juan, IV, 6)
    • Qu’importe qu’en tous lieux on me traite d’infâme ? Dans mon coffre, tout plein de rares qualités, j’ai cent mille vertus en louis bien comptés. (Boileau, Épître V)
    • Il accorde sa confiance à deux jeunes infâmes d’une rare beauté, Othon et Sénécion, liés entre eux d’une amitié suspecte. (Diderot, Claude et Néron, I, 48)
  2. Par exagération.
    • Un infâme : Une personne qui mérite les plus graves reproches.
    • C’est bien à vous, infâme que vous êtes, à vouloir faire l’homme d’importance. (Molière, Les Précieuses Ridicules, 14)



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