mécréant
étymologie
(1080) De l’ancien français mescreant, participe présent de l’ancien verbe mescroire, voir mécroire.

adjectif

SingulierPluriel
Masculinmécréantmécréants
Fémininmécréantemécréantes

mécréant \me.kʁe.ɑ̃\ masculin

  1. (histoire) Qui n’adhère pas à la foi ; s’appliquait surtout aux gens du livre.
    • Les peuples mécréants; un païen mécréant — (Mérimée)
  2. Incrédule, qui ne croit pas à la religion, incroyant; sceptique, de façon générale.
    • Sganarelle
      Comment, Monsieur, vous êtes aussi impie en médecine ?
      Dom Juan
      C’est une des grandes erreurs qui soient parmi les hommes.
      Sganarelle
      Quoi ? vous ne croyez pas au séné, ni à la casse, ni au vin émétique ?
      Dom Juan
      Et pourquoi veux-tu que j’y croie ?
      Sganarelle
      Vous avez l’âme bien mécréante. Cependant vous voyez, depuis un temps, que le vin émétique fait bruire ses fuseaux. Ses miracles ont converti les plus incrédules esprits, et il n’y a pas trois semaines que j’en ai vu, moi qui vous parle, un effet merveilleux.
      (Molière, Don Juan, acte III, scène I)
    • Un siècle mécréant les a dérangés de l'éternel repos. — (Gérard de Nerval, Les Illuminés,1852)
    • La concentration du sacerdoce lucratif en un petit nombre de mains ne pouvait avoir que de mauvais effets. Une aristocratie sacerdotale devient vite irréligieuse et mécréante. — (Ernest Renan, Les Origines de la Bible, 1886, ''La Loi, suite)

nom

SingulierPluriel
mécréantmécréants

mécréant \me.kʁe.ɑ̃\ masculin (pour une femme, on dit : mécréante)

  1. (histoire) Personne non catholique, ou fidèle non pratiquant.
    • Je m'assure qu'il y avait quelque chevalier du règne de François Ier qui regrettait dans son manoir les tournois de la vieille cour, et ces temps où la France s'en allait en guerre contre les mécréants et les infidèles. — (Chateaubriand,Génie du Christianisme,II, I, 5, 1802)
    • — Doucement, frère Brian, par la Sainte Vierge ! vous ne devez pas vous croire en Palestine, dominant ces mécréants de Turcs et ces infidèles de Sarrasins ; nous autres habitants d’une île, nous n’aimons pas les coups, si ce n’est ceux dont la sainte Église châtie ceux qu’elle aime. — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • De savants prêtres eux-mêmes m’ont dit spontanément qu’entre Carhaix et Huelgoat, dans l’arrondissement de Châteaulin, « vivent de véritables païens », des êtres d’une indépendance farouche, « des mécréants dont beaucoup, ne font même plus leurs Pâques ». — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Ni Arsène André, ni Victor Mouria n’étaient à la grand’messe ; c’étaient à peu près les seuls absents et Amélie Bayet se réjouit en soi-même de n’être pas la femme d’un tel mécréant — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Il se trouva, cependant, des seigneurs ecclésiastiques, tels l’abbesse de Saintes (1272) qui, ne pouvant tolérer la vue des mécréants, prièrent le roi de les débarrasser de leurs juifs. — (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  2. (religion) Personne qui ne croit pas à la révélation, ou qui n'obéit pas aux préceptes moraux du groupe dominant, qui en découlent.
    • Biron, avec de la grâce, de la capacité à la guerre, était fort débauché, fort mécréant. (Saint-Simon, Mémoires, 450, 53)
    • Si le Ciel a enduré toute la nation de ces mécréants au cou serré pendant plus d’années que n’en saurait compter un laïque, nous pouvons bien, pendant quelques heures, endurer la présence d’un seul ; […]. — (Walter Scott, Ivanhoé,1819, trad. Marie de Fernand,1860)
    • Il délivrait des princesses retenues dans des grottes, punissait des mécréants, secourait les orphelins et les veuves, et se défendait à la fois de la perfidie des nains et de la force des géants. Conservateur des mœurs comme protecteur des faibles, quand il passait devant le château d'une dame de mauvaise renommée, il faisait aux portes une note d'infamie. — (Chateaubriand, Génie du Christianisme,1802)
    • Nos curés, jusqu’à ce jour, étaient-ils mécréants, hérétiques, impies, ou prêtres catholiques, aussi sages pour le moins que des séminaristes ? ils ont approuvé de tels plaisirs et pris part à nos amusements, qui ne pouvaient scandaliser que les élèves du Picpus. — (Paul-Louis Courier, Pamphlets politiques VII, Pétition à la Chambre des députés pour les villageois que l'on empêche de danser. (1822), in Lettres et pamphlets, s.d. [1910 ?])
  3. (Par extension) (Péjoratif) Personne mise à l'écart parce que ses opinions ou son attitude ne concordent pas avec celles du groupe ou de la majorité du moment.
    • Les peureux avaient eu tant de frayeur de Bonaparte, qu'ils avaient pris le massacreur de Lyon [Fouché] pour un Titus. Pendant plus de trois mois les salons du faubourg Saint−Germain me regardèrent comme un mécréant parce que je désapprouvais la nomination de leurs ministres. — (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe, 2ème Partie, Livre 23 Chapitre 20, 1848)
  4. Homme sans principes, qui passe pour ou revendique être sans religion, ni moralité.
    • Bilot allait répondre, mais le jeune duc prévit la phrase de l'hôtelier et continua. « À quoi bon finasser avec un vieux mécréant tel que toi ? Quelle est la femme qui habite cette chambre (…) ? Réponds vite, tu auras une pièce d'or par syllabe. - À ce prix, dit Bilot avec un large rire, il faudrait être bien vertueux (…). Cependant comme je suis tout dévoué à Votre Seigneurie, je n'userai que d'un seul mot : - Isabelle ! — (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863)

traductions


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