morne
étymologie
(adjectif) (ca. 1140) D’un ancien verbe morner « être triste », du francique mornôn, de même origine que le Gothique 𐌼𐌰𐌿𐍂𐌽𐌰𐌽 (cf. anglais ''to mourn (« être en deuil ») [1].
(nom commun 1) Du créole des Antilles, altération de l’espagnol morro (« monticule »). voir morion
(nom commun 2) De morner. voir morné

adjectif

SingulierPluriel
mornemornes

morne \mɔʁn\ masculin et féminin identiques

  1. Qui est d’une tristesse sombre, allant jusqu’à l’abattement.
    • Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne,
      Peut à peine rugir, par l’âge estropié.
      Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes ;
      (Jean de La Fontaine, Fables, Le Lion devenu vieux)
    • Là étaient les débris vivants des meurtrières rencontres des premiers jours : dragons, zouaves, chasseurs de Vincennes, turcos, soldats de la ligne, hussards, lanciers, tous hâves, silencieux, mornes, traînant ce qui leur restait de souffle. (Amédée Achard, Récits d’un soldat - Une Armée Prisonnière ; Une Campagne Devant Paris, 1871)
    • En de certains jours, ma pauvre petite reste morne, attentive, comme si elle attendait quelqu’un […] (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Les Comanches et les chasseurs restèrent mornes et silencieux, attendant sans bouger l’arrivée des pirates. (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Le curé de Melotte […] n’était plus craint. Ses foudres de carton, ses tonnerres lointains, l’évocation des bûchers infernaux, la promesse des félicités paradisiaques dans un éden, somme toute, passablement morne et fort problématique, ne faisaient plus guère frémir que quelques vieilles dévotes et les gosses de neuf à onze ans […] (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • L’expression du regard de cette enfant de huit ans était habituellement si morne et parfois si tragique qu’il semblait, à de certains moments, qu’elle fût en train de devenir une idiot ou un démon. (Victor Hugo, Les Misérables, 1862)
  2. (Figuré) Qualifie un temps obscur et couvert.
    • La fatigue, le temps morne (j’entends de la pluie dans le soir), l’ombre qui augmente ma solitude et m’agrandit malgré tous mes efforts et puis quelque chose d’autre, je ne sais quoi, m’attristent. (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
  3. (Figuré) Qualifie une couleur sombre, obscure, qui n’a ni vivacité ni éclat.
    • […] rien ne resplendit plus, après minuit, que cinq ou six débits mal fréquentés dont l’éclairage ourle le trottoir d’un morne flamboiement. (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)

traductions
nom

SingulierPluriel
mornemornes

morne \mɔʁn\ masculin

  1. Nom qu’on donne, dans les anciennes colonies françaises (Réunion, Antilles, etc.), à une petite montagne [2].
    • Sur le morne qui domine la rive septentrionale du goulet de la pointe Riche, nous distinguons un mât de signaux, premier indice de la civilisation européenne en ces cantons. (Voyage de Dumont d’Urville autour du Monde, raconté par lui-même)
    • Le bois-chandelle pousse à l’état sauvage […] Il croît en petits bosquets sur les pentes érodées des mornes calcaires, dans les rajets (halliers). (Doryane Kermel-Torrès; Les Huiles essentielles, in Atlas de Haïti, 1985)
    • La nuit se faisait de plus en plus sombre, la lune avait disparu, le vent mugissait sourdement dans les mornes, les pirates avaient fini, les uns après les autres, par se livrer au sommeil. (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • À sa gauche, le paysage défilait, très lentement, car la pétrolette de Jeffries avait fort à faire. C’était une succession de criques sauvages, de mornes déserts, d’îlots de corail, dominés par la masse sombre de la forêt et de la montagne. (Pierre Benoit, Erromango, 1929)
    • Ce que l’on est tenté de prendre pour un donjon n’est peut-être qu’un morne pierreux. (Jules Verne, Le Château des Carpathes, J. Hetzel et Compagnie, 1892, p. 17-27)

nom

SingulierPluriel
mornemornes

morne \mɔʁn\ féminin

  1. (vieilli) Anneau qui servait à rendre la lance inoffensive.
    • Sentir, à travers la morne des feuilles, le soleil mordiller mes avant-bras, mon front et ma poitrine. (Lolita Pille, Eléna et les joueuses, Éditions Stock, Paris, 2019 ↗, [//books.google.fr/books?id=4fCKDwAAQBAJ&pg=PT7 p. 13])
forme fléchie

morne \mɔʁn\

  1. Première personne du singulier du présent de l’indicatif de morner.
  2. Troisième personne du singulier du présent de l’indicatif de morner.
  3. Première personne du singulier du présent du subjonctif de morner.
  4. Troisième personne du singulier du présent du subjonctif de morner.
  5. Deuxième personne du singulier de l’impératif présent de morner.



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