panne
étymologie
(Nom 1) Variante de penne, l'extrémité de la vergue, rappelant la pointe d'une plume : pene, « longue vergue latine » ; (XVIe siècle) bouter le vent en penne, « ne plus contrôler le bateau » ; mettre en panne, « orienter les vergues (d'un navire) de manière à arrêter sa marche » ; (XVIIIe siècle) en panne, « en attente, dans l'impossibilité d'agir » ; en panne, « arrêt de fonctionnement dans un mécanisme ».
(Nom 2) (XIIe siècle) penne (« fourrure employée comme doublure »), (XIIIe siècle) pene (« doublure en tissu ») en ancien français, du latin penna, qui, par l'intermédiaire du frk a pris le sens de « fourrure », l'ancien haut allemand veder (allemand Feder) a signifié « plume » et « fourrure ». La variante panne est une réfection de ce mot sur le latin pannus qui donne pan, avec l'influence de panus (« fil de tisserand »).
(Nom 3) penne, emploi figuré du précédent, la couche de graisse étant considérée comme une doublure.
(Nom 4) De l'ancien français pasne, parne.
(Nom 5) (fin du XVIIe siècle) Variante de penne, par analogie de forme ; même mot que panne1.
(Nom 6) Première attestation sous la plume de Victor Hugo : « Quelquefois le ciel a mauvaise mine. Il est blafard, une grande panne obscure l’obstrue. » (Les Travailleurs de la mer, 1866) Probable usage poétique de panne2 (« étoffe ») ici au sens de « nappe » de nuage, de brume.
(Nom 7) (début du XIXe siècle) Même mot que panne1 avec évolution vers le sens de « misère, rôle de misère », panade, à la même époque, a désigné des personnes sans talent.

nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. Impossibilité accidentelle et momentanée d’agir ou de fonctionner.
    • [Titre] La panne du leadership américain dans la crise du coronavirus (La panne du leadership américain dans la crise du coronavirus)
    • Avoir une panne.
    1. Important dysfonctionnement physiologique momentané, qui n’est ni une maladie, ni une pathologie.
      • Panne sexuelle.
  2. (Mécanique) Absence de fonctionnement d’une machine de fabrication humaine, qu’elle soit mécanique, électrique ou électronique.
    • Rarement une machine sortait de leurs mains en état de rouler sans accrocs. Les plus fantaisistes possibilités de pannes se nichaient dans tous les organes : dans le pas de vis usé de l’écrou qui maintenait la selle, dans les pédales branlantes, dans la chaîne détendue, dans le guidon vacillant, et surtout dans les freins et les pneus. (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 45 de l’éd. de 1921)
    1. (En particulier) (informatique) État anormal d’une unité fonctionnelle la mettant dans l’impossibilité d'accomplir une fonction requise.
    2. Cessation de l’alimentation, de la fourniture.
      • Panne d'électricité.
      • Panne d'essence.

traductions
nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. (textiles) Sorte d'étoffe de soie, de fil, de laine, de coton, de poil de chèvre, etc., fabriquée à peu près comme le velours, mais dont les poils sont plus longs et moins serrés.
    • Panne de soie.
    • Il était vêtu d’une veste de panne verdie par de longs usages, chinée d’ors comme ses futaies. (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, chap. 1, 1910)
    • Sa chambre n’était pas dépourvue d’originalité. Elle recélait un lit très large et très bas, couvert de panne bleu paon et flanqué de deux torchères électriques dressées comme des thyrses lumineux, veillant sur son sommeil. (Maurice Dekobra, La Madone des sleepings, 1925, réédition Le Livre de Poche, page 32)
  2. (Héraldique) Voir fourrure.

nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. Graisse qui se trouve autour des rognons chez le porc.
    • Pommade pour rafraîchir le teint, & ôter les rougeurs. Faîtes blanchir dans l'eau une livre de panne de porc mâle. (L'agronome ou dictionnaire portatif du cultivateur, Rouen, 1787)
    • ANDOUILLE, s. f. c’est, chez les Chaircuitiers, un hachi de fraises de veau, de panne, de chair de porc, entonné dans un boyau avec des épices, de fines herbes. (L’Encyclopédie)
    • Le son affreux de la peau qu’on arrache à la chair fraîche, la rondeur des rognons, fruits bruns dans leur capitonnage immaculé de « panne » rosée, m’émeuvent d’une répugnance compliquée, que je recherche et que je dissimule. (Colette, La maison de Claudine, Hachette, 1922, coll. Livre de Poche, 1960, p. 15.)
    • […] un pot de grès semblable à celui qu’utilise ma mère quand elle fond de la panne pour avoir un beau saindoux bien blanc. (Édouard Bled, J’avais un an en 1900, Fayard, 1987, Le Livre de Poche, page 137.)

traductions
nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. (charpenterie). Pièce de bois de section importante, placée horizontalement sur les arbalétriers, les pignons ou les murs de refend, pour porter les chevrons.
    • Ces moments fléchissants de l’arbalétrier se rapportent aux points d’appui. Si des pannes sont placées entre les points d’appui, il faudra les considérer comme des forces fléchissantes et en tenir compte en calculant l’arbalétrier à la flexion et à la compression comme dans l’exemple du n° 1252. (Joseph Claudel, Formules, tables et renseignements usuels : aide-mémoire des ingénieurs, des architectes, etc. : Partie pratique, tome second, Vve Ch. Dunod, Éditeur, Paris, 1892, dixième édition entièrement refondue par Louis-Auguste Barré)
    • La charpente du comble se compose très simplement de pannes métalliques qui s'appuient sur les pignons formés par le mur de face et celui du lointain. (Georges Moynet, La Machinerie théâtrale : Trucs et décors, La Librairie illustrée, 1893)

traductions
nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. Partie d'un marteau opposée au gros bout.
    • Frapper avec la panne.
    • Marteau à panne droite, marteau à panne fendue.
  2. Partie chauffante et allongée d’un fer à souder.
  3. Partie plate et tranchante d'un piolet.
    • Parfois je plantais mon piolet jusqu'à la panne et je m'asseyais sur lui. (R. alpine, vol. 31, no3, 1930, page 81)

nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. (marine) (Météorologie) Amas de nuages, de brume.
    • Depuis quelques heures, une panne de brume basse fermait l'entrée du Sund, peu à peu, elle masqua bientôt la côte Sud. (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Pendant les coups de vent, il existe toujours, à l'horizon du nord, une panne de nuages presque fixe. […]. Cette panne du nord semble annoncer que le temps est souvent clair dans le voisinage de la côte, et qu'à partir de Bernai l'atterrage ne présente pas autant de difficulté qu'on le croirait. (Claude François Chaucheprat, Le routier des Îles Antilles, t.2, 1842, page 459)
    • La grande panne des nuages, qui s’était condensée à l’horizon de l’ouest avec un aspect d’île, se défaisait maintenant par le haut, et les lambeaux couraient dans le ciel. Elle semblait inépuisable, cette panne : le vent l’étendait, l’allongeait, l’étirait, en faisait sortir indéfiniment des rideaux obscurs, qu’il déployait dans le clair ciel jaune, devenu d’une lividité froide et profonde. (Pierre Loti,Pêcheur d’Islande,)
    • Panne d’ouragan, nuage présentant l'aspect d'une muraille sombre qu'on observe parfois à l'avant d'un cyclone tropical. (Oscar Villeneuve, Glossaire de météorologie et de climatologie, 1974, 2e éd. 1980, page 328)

nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. (Théâtre) (Cinéma) Petit rôle.
    • Certes, elle avait déjà assez de métier, assez de sens technique de la scène pour savoir combien durs sont les commencements et par quel nombre de piqûres d’amour-propre s’achète le droit de jouer autre chose que des « pannes ». (Marie Colombier, “Les Mémoires de Sarah Barnum’’, 1883)
    • Je compris fort bien que ce rôle de domestique était une panne. (Abel Hermant, Souvenirs de la vie mondaine, 1935)
  2. (Par extension) Personnage médiocre.
    • On avait supprimé la femme d’Hector comme nuisant à l’action, sans doute, ou peut-être tout simplement parce qu’il n’y avait pas, dans cette petite troupe d’amateurs, d’actrice qui eût consenti à se charger de cette panne. (Alfred Delvau, Les Heures parisiennes, 1865)
    • Claudie, comme Edmée, […], avait cédé au premier venu. L'Abalstitiel s'était seulement arrangé pour qu'en France ce premier venu fût polytechnicien et en Amérique millionnaire. Simplement parce qu'il n'avait jamais pensé que Claudie épouserait un serin ni Edmée une panne. (Jean Giraudoux, Choix des élues, Grasset, 1939, 1967, chap.1)
  3. Œuvre médiocre.
    • Jacques commençait à croire qu’il en était de la grandeur épique du taureau comme de l’or des blés, un vieux lieu commun, une vieille panne romantique rapetassés par les rimailleurs et les romanciers de l’heure actuelle ! (Joris-Karl Huysmans, En rade, La Revue indépendante, Paris, 1886)
    • Je viens de voir la Dame aux Camélias. Le film est médiocre ainsi que les grandes pannes où brillait Sarah Bernhardt (…). Peu importe. Greta Garbo domine l'aventure. (Cocteau, Foyer des artistes, 1947, page 65)
  4. Mauvais tableau.
    • L’élément moderne du musée était donc inavouable et pourtant, dans cet amas de phénomènes biscornus et de pannes baroques, un tableau superbe surgissait sur un mur. « l’Ex Voto » d’Alphonse Legros. (Joris-Karl Huysmans, L’Oblat, t. 1, 1903)

nom

SingulierPluriel
pannepannes

panne \pan\ féminin

  1. (marine). Dans un port, appontement léger servant de ligne d'amarrage ou de mouillage pour les bateaux de petit tonnage.
forme fléchie

panne \pan\

  1. Première personne du singulier de l’indicatif présent de panner.
  2. Troisième personne du singulier de l’indicatif présent de panner.
  3. Première personne du singulier du subjonctif présent de panner.
  4. Troisième personne du singulier du subjonctif présent de panner.
  5. Deuxième personne du singulier de l’impératif de panner.



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