piquer
étymologie
Dérivé de pic#fr|pic issu du latin picus (« pic-vert »).

verbe

piquer \pi.ke\ transitif conjugaison (pronominal : se piquer)

  1. Percer, entamer légèrement avec quelque chose de pointu. Enfoncer, faire pénétrer une pointe.
    • Je m’apprête, pour descendre à table. J’endosse un gilet de fantaisie, un vêtement sombre. Je pique une perle à ma cravate. (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Je me suis piqué le doigt avec une écharde.
    • Piquer quelqu’un jusqu’au sang.
  2. Faire de petits trous, à l’aide d’aiguilles.
    • Piquer un papier, du carton.
    • Piquer des épingles sur une pelote.
  3. (Par extension) (couture) Coudre, unir, faire avec du fil ou de la soie, sur deux ou plusieurs étoffes mises l’une sur l’autre, des points qui les traversent et qui les unissent.
    • Piquer un couvre-pied.
    • Piquer des bottines, Unir par des points l’étoffe des bottines à leur cuir.
    • Piquer un collet d’habit, des poignets de chemise, etc., y faire des points et arrière-points symétriques pour les orner.
    • Piquer à la machine, piquer des étoffes à l’aide d’une machine à coudre.
    • « Aujourd’hui, disait maman, nous irons chez Mlle Mariette piquer ton tablier. » (Marcel Arland, Terre natale, 1938, réédition Le Livre de Poche, page 100)
    1. S’emploie encore en des sens analogues dans plusieurs termes d’arts, de métiers, de jeux, etc.
      • Piquer une pierre, un moellon, une meule, etc., les rendre rugueux, en y faisant de petits enfoncements avec le côté pointu du marteau.
  4. Mordre, darder en parlant des serpents, de la vermine, des insectes.
    • Être piqué par un serpent.
    • Être piqué par un moustique, par une guêpe.
    • Les mouches piquent les chevaux.
  5. (Par extension) (familier) : être follement épris ; avoir l'esprit exalté ou dérangé. (C'est à dire avoir été piqué par une tarentule qui était censée par sa piqûre provoquer la folie, l'exaltation.)
    • Ce gars ne sait plus ce qu'il dit, il est piqué !
    • Et je dis pour m'expliquer À la belle dont je suis piqué. (Du film La Belle Équipe ; chanson : Qu'est-ce que tu dis d'ça de Maurice Yvain et Louis Poterat).
  6. Se dit également des insectes qui entament le bois, les étoffes, etc.
    • Les miles, les vers ont piqué ce manteau.
    • Ce livre est piqué des vers.
  7. (Maréchal) Clouter.
    • Piquer un cheval, lui faire entrer la pointe du clou jusqu’à la chair vive, en le ferrant.
  8. (Équitation) Éperonner un cheval pour le pousser au galop.
    • Piquer un cheval et, absolument, piquer.
    • Piquer des deux, faire sentir les deux éperons à un cheval afin d’accélérer sa marche.
    • Piquer un galop.
    • Ils piquèrent droit, au petit trot, et ils arrivaient sur l’aire quand la porte s’ouvrit. (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 352)
  9. (familier) Plonger, tomber.
    • piquer une tête#fr|Piquer une tête, se jeter, tomber la tête la première.
    • Il a piqué la tête la première.
    • J’ai failli piquer une tête du haut du mur.
    • Sur une petite plate-forme, les nageurs se pressent pour piquer leur tête. (, La femme de Paul, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 226)
  10. (En particulier) (Aéronautique) Descendre brusquement.
    • L’avion revient vers nous, plane un moment sur nos têtes, glisse, remonte et, dans une dernière caracole, pique vers son hangar. (Charles Le Goffic, Bourguignottes et pompons rouges, 1916, pages 203-204)
  11. (marine) Aller à l’encontre du vent.
    • Piquer au vent.
  12. Larder.
    • Piquer de gros lard un morceau de bœuf, Le larder avec de gros lardons.
  13. (billard) Frapper perpendiculairement.
    • Piquer la bille.
  14. (musique) Détacher une note.
    • Piquer une note.
  15. (Par extension) sonner#fr|Sonner.
    • La cloche venait de « piquer » 19 heures, et nous descendions dîner quand le cri « un ours! » nous rappela sur le pont. (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
  16. Picoter la langue.
    • Ce vin pique agréablement.
    • Ce fromage pique.
  17. (Figuré) Faire une vive impression.
    • Il n’y a rien dans cet ouvrage, dans ce style qui pique et qui réveille.
    • Il y a dans la physionomie de cette femme je ne sais quoi qui pique et qui attire.
    • Piquer la curiosité de quelqu’un, Inspirer un vif désir de connaître.
  18. Fâcher, irriter, froisser la susceptibilité ou la légitime fierté de quelqu’un, mettre en colère.
    • Ce discours l’a piqué au vif.
    • La moindre chose le pique.
    • Il dit souvent des choses qui piquent.
  19. (Élevage) Euthanasier (en parlant d’un animal domestique).
  20. (familier) emprunter#fr|Emprunter, prendre ou voler quelque chose.
    • Dès huit heures du matin, on se pressait dans le métro en bourrant tous les Parisiens maussades à l'idée d'aller au travail pour leur piquer les places assises. Parfois, on s'asseyait sur les strapontins […]. (Alexandra Varrin, J'ai décidé de m'en foutre, Éditions Léo Scheer, 2015)
    • Je peux te piquer un chewing-gum?
  21. (pronominal) Se percer légèrement la peau avec quelque chose de pointu.
  22. (pronominal) Injecter de la morphine ou de quelque autre substance analogue ; se droguer.
    • Il se pique.
  23. (pronominal) (familier) (ellipse) Se piquer le nez ; s’enivrer légèrement et habituellement.
  24. (pronominal) Se gâter, en présentant d’ordinaire des trous ou des taches.
    • Ce bois se pique, ces étoffes se piquent, les vers s’y mettent.
    • Ce papier imprimé se pique, il commence à se gâter, faute d’avoir été étendu et séché.
    • Ces confitures se piquent, elles ont des taches de moisissure.
    • Une gravure, un livre qui se pique, où il se fait de petites taches d’humidité.
  25. (pronominal) Aigrir, tourner au vinaigre.
    • Ce vin, cette boisson se pique, ce vin, cette boisson commence à s’aigrir.
  26. (pronominal) (Figuré) Se sentir offensé, prendre en mauvaise part.
    • C’est un homme qui se pique du moindre mot qu’on lui dit.
    • Il parle en homme piqué.
  27. (pronominal) Se glorifier de quelque chose, en faire vanité, en tirer avantage, en faire profession.
    • Il faut avouer que les jansénistes, qui ne se sont jamais piqués d’être fins, l’ont été dans ces derniers temps bien plus qu’ils ne pensaient, et que les jésuites, qui se piquent de l’être beaucoup, ne l’ont été guère. (Jean le Rond d’Alembert, La Suppression des jésuites (éd. populaire abrégée), Édouard Cornély, 1888)
    • Comment le savez-vous ? lui demandai-je vexé, car je me pique de parler très purement l’espagnol. (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Les gens qui se piquaient d’orthodoxie marxiste n'ont voulu ajouter rien d'essen­tiel à ce qu'avait écrit leur maître […]. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap. V, La grève générale politique, 1908, page 246)
  28. (tauromachie) (argot) Lors d’une corrida, achever un taureau d’un coup d’épée.
    • Le généreux picador rejeta bien loin cette exception si avantageuse pour lui. « Si madame et mes compagnons n’ont pas libre pratique, dit-il résolument, je ne piquerai pas ! » (Prosper Mérimée, Lettres d’Espagne, 1832, rééd. Éditions Complexe, 1989, page 55)
  29. Toucher l’adversaire, dans un duel à l’arme blanche.
    • Ribadier. — Ah ! mais, permettez ! Non ! s’il n’y en a qu’un qui ait le droit de piquer, ce n’est plus un duel, c’est une opération chirurgicale. (Georges Feydeau, Le Système Ribadier, 1892, acte II, scène 3)

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  • anglais : be hot

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