pouvoir
étymologie
Le latin possum est intrinsèquement un verbe composé potis sum (« je suis maître de »). De fait, à part l’infinitif posse (pour potis esse), le verbe est « presque » régulier sur la base pot-sum voir possum, potes, potest, possumus, potestis, possunt pour le présent, voir potero, poteris, poterit, poterimus, poteritis, poterunt pour le futur, le participe présent potens étant régulier.
Sur cette base, les langues romanes ont régularisé l’infinitif posse en pŏtēre, analogique des formes à radical pot- (potui, poteram, potens, etc.)
Pour l’espagnol voir poder, puedo, podré, pudiendo.
Pour l’italien voir potere, posso, potrò, potente.
Pour le portugais voir poder, posso, poderei, podendo.
Pour l'occitan voir poder (poire, pover), pòdi, podrai, podent
Pour le très ancien français, pŏtēre donne podir, attesté dans les Serments de Strasbourg (842). En ancien français, nous avons poeir, pooir, passé très rapidement à povoir avec un v épenthétique pour éliminer l’hiatus.

verbe

pouvoir \pu.vwaʁ\ transitif conjugaison

  1. Être capable de ; avoir la faculté de ; être en état de ; être en mesure de.
    • Un léger souffle l’avertissait de ces présences. Geisha le comparait à ces vagues vents coulis traversant certaines pièces bien closes sans qu’on puisse découvrir d’où ils viennent. (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 53)
    • Elles deux ne pouvaient passer pour des aristocrates ; au mieux pouvait-on les prendre pour des hoberelles d’une lointaine province. (Gérard Hubert-Richou, Le Sceptre et le Venin, Boulogne-Billancourt : MA éditions, 2013, chap.L.)
    • Je ne peux plus me concentrer avec tout ce bruit. — Je n’en peux plus, je suis épuisée.
  2. Avoir la possibilité matérielle de faire quelque chose.
    • Je peux venir par le train de 8 h 17 ou celui de 9 h 43.
    • Nous n’y pouvons rien. (nous n’avons pas la capacité d’influer sur le cours des choses)
  3. Avoir la permission de faire quelque chose.
    • Parmi ces observations il en est que nous ne pourrons publier que lorsque les événements en cours, sans lesquels, d'ailleurs, nous n'eussions certainement pas vu l’embâcle de la Meuse, seront terminés. (M. F. Kaisin jr, « Réflexions sur les phénomènes de chevauchement, à propos de l'embâcle de la Meuse en 1940 », dans les Annales de la Société scientifique de Bruxelles, vol. 60, 1940, page 8)
    • Tu peux fumer si tu le souhaites.
  4. Exprime une possibilité, un choix, qui s’offre à une personne.
    • Les négociants en ânes qui vivaient hors de chez eux à longueur de temps et étaient absents huit à neuf mois dans l'année ne pouvaient éviter d'avoir une maîtresse quelque part. (Liu Zhenyun , En un mot comme en mille, traduit du chinois par Isabelle Bijon & Wang Jiann-Yuh, Éditions Gallimard, 2013, chap. 2)
    • Je peux appeler un médecin si tu ne te sens pas bien.
    • Dans cette affaire, nous pouvons tout nier en bloc, ou décider de faire amende honorable.
  5. (En particulier) (ironique) Utilisé pour une proposition insultante, dans le but de faire taire, d’envoyer promener.
    • Ta facture ! Mais merde avec ta facture ! Tu peux te la rouler et te l’enquiller où je pense, ta facture !
  6. Exprime une éventualité, une probabilité, ou une hypothèse. On peut dire aussi : « Il se peut que … » (+ subjonctif).
    • Ne comptez pas sur lui, il peut partir du jour au lendemain.
    • À cette époque, il peut pleuvoir plusieurs fois par jours.
    • Si vous ne faites pas attention, vous pouvez vous faire très mal.
    • Ne t’impatiente pas ! Elle a pu être prise dans les embouteillages.
  7. (interrogatif) Fait appel à la bonne volonté de l’interlocuteur.
    • - Peux-tu m’ouvrir ce bocal s’il te plait ? - Oui, je veux bien essayer.
  8. (proverbial) Définit un souhait, un désir.
    • Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ! Si la jeunesse avait de l’expérience et que la vieillesse eût de la force !
  9. (transitif) S’emploie au subjonctif présent par une manière de vœu, de souhait.
    • Puissé-je ne pas en arriver là !
    • Puisse le ciel vous donner de longs jours !
    • Puissiez-vous réussir dans vos projets !
    • Puissent vos projets réussir !
    • Puisse-t-il arriver bientôt !
  10. (intransitif) Se dit encore pour marquer la possibilité de quelque événement, de quelque dessein.
    • Un accident pourrait arriver.
    • Cela se peut faire.
    • Cela pourrait bien être.
    • Cela se peut.
    • Cela ne se peut pas.
    • Il pourrait bien en mourir.
    1. (impersonnel) Employé soit seul, soit avec le pronom se, dans cette acception.
      • Il se peut que votre projet réussisse.
      • Il pourra venir un temps meilleur.
      • Il pourra, il pourrait arriver que… Il se pourrait que…
  11. (transitif) Avoir l’autorité, le crédit, le moyen, la faculté, etc., de faire.
    • Vous pouvez tout sur lui, sur son esprit.
    • Si je puis quelque chose pour votre service, je m’y emploierai avec joie.
    • C’est un homme qui peut beaucoup dans l’affaire dont il s’agit.
    • Je ne puis rien en cela.
    • Il peut tout ce qu’il veut.
    • ''Je ne puis pas y aller.
  12. On ne peut plus, on ne peut mieux, Il n’est pas possible de faire ou d’être plus, de faire ou d’être mieux.
    • Il est on ne peut plus aimable.
    • Il s’y conduisit on ne peut mieux.
    • N’en pouvoir plus, N’en plus pouvoir, être dans un accablement causé soit par la vieillesse, soit par la maladie, soit par la fatigue, le travail, la faim, la soif, ou encore par la souffrance morale, l’inquiétude, le chagrin.
    • Je n’en puis plus.
    • Il est fatigué à n’en pouvoir plus.
    • Il est accablé de travail, il n’en peut plus.
    • Je n’en puis plus de soif, de lassitude.
    • Quand il est arrivé chez lui, il n’en pouvait plus.
    • J’ai trop souffert, je n’en puis plus.
    • Après tout ce qu’il a enduré, il n’en peut plus.
    • Ce cheval n’en peut plus.

traductions
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traductions
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nom

SingulierPluriel
pouvoirpouvoirs

pouvoir \pu.vwaʁ\ masculin

  1. Capacité à produire un effet.
    • Leur pouvoir était illimité ; ils guérissaient les malades abandonnés des médecins, rendaient fécondes les terres stériles, arrêtaient les épidémies de bestiaux, mais ils n’étaient point toujours d’humeur à ces sorcelleries bienfaisantes, et, plus volontiers, ils se servaient de leur puissance magique pour tourmenter les hommes et les bêtes. (Octave Mirbeau, Rabalan,)
  2. Capacité à commander, à contraindre, à imposer sa volonté.
    • Dans une société primitive, celui que nous prendrions pour un chef est un porte-parole : il n’a pas de pouvoir.
  3. Capacité légale (de faire une chose) ; (par extension) mandat.
  4. (politique) Puissance publique, autorité, droit de commander.
    • La tentation d’être un chef juste et humain est naturelle dans un homme instruit ; mais il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l’exerce ; et cela ne tient pas seulement à une contagion de société ; la raison en est dans les nécessités du commandement, qui sont inflexibles. (Alain, Souvenirs de guerre, page 235, Hartmann, 1937)
    • La faiblesse du califat permit aux gouverneurs de provinces et autres satrapes d’usurper le pouvoir et de fonder ainsi, à leur gré, des dynasties de courte ou de longue durée. (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • Cette transformation générale de la société ne se fera pas par la prise du pouvoir d’État par une majorité de gauche ; elle suppose une myriade de luttes locales et globales. (Jean-Paul Russier, Plutôt Proudhon que Marx, 2005)
    • Haï, Épicure le fut et le sera parce qu’il est un des héros de l’humanité. […]. Et si, à sa suite, l’ensemble de l’épicurisme fut maudit, et calomnié comme libertinage dévergondé, c’est parce qu’il guérit de la peur dont tout pouvoir, religieux ou politique, a besoin ! (Robert Redeker, Les épicuriens, professeurs de liberté, dans ''Marianne du 5 au 11 février 2011, page 72-73)
  5. (Par métonymie) Les personnes mêmes qui sont investies du pouvoir, de l’autorité politique.
    • Tous les admirateurs de l’écrivain se souviennent également des difficultés inénarrables qu’il connut avec le Pouvoir algérien lorsqu’il tenta cette longue et difficile expérience de théâtre populaire en arabe algérien. (Jacqueline Arnaud, Actualité de Kateb Yacine, L’Harmattan, 1993, page 7)
    • Le pouvoir assure en avoir fini avec l’arrogance des débuts. (Olivier Faye, « Macron aborde avec prudence une rentrée à risques ». Le Monde n° 23205, 20 août 2019, page 8. Note : cette phrase se retrouve sur la version en ligne, dans une formulation légèrement différente (« Le pouvoir assure avoir tiré un trait sur l’arrogance des débuts, et privilégier désormais le dialogue. » ↗), en chapeau de l’article, à la place du chapeau de la version imprimée.)

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