raison
étymologie
Du latin rationem, accusatif de ratio#la|ratio.

nom

SingulierPluriel
raisonraisons

raison \ʁɛ.zɔ̃\ féminin

  1. (Au singulier) Faculté intellectuelle par laquelle l’homme connaît, juge et se conduit.
    • Ce principe de la philosophie cartésienne, je pense, donc je suis, est ce que les adversaires du cartésianisme ont attaqué avec le plus de persévérance; et cela se conçoit, car ce principe admis, l'autorité de la conscience et de la raison s'ensuit nécessairement. (Jules Simon, Introduction de: « Œuvres de Descartes », édition Charpentier à Paris, 1845)
    • Nous aurions pu discuter à l'infini sans tomber d'accord sur la nécessité qu'évoquait l'inspecteur. C'était, en effet, plus au sentiment qu'à la raison qu'il appartenait, somme toute, de nous départager. (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • L’esprit de l’islam n'est pas rationnel, au sens grec du terme, puisque Dieu était au-delà de la raison et que « Son ordonnance de l'univers » devait être acceptée et non expliquée. (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
    • Souvent, l'instance pour connaître le monde et prendre le contrôle de soi-même a été désignée sous le nom de « raison ». Celle-ci s'inscrit dans une structure hiérarchique où elle se trouve à représenter le plus haut de l'esprit, alors que les autres instances, imagination, mémoire, perception, sensation, se situent de l'autre côté, en direction du corps. (Pierre Bertrand, Éloge de la fragilité, éditions Liber, Montréal, 2000, page 121)
    • Sa raison s’affaiblit. — Sa raison s’égare. — Un être privé de raison. — Il a recouvré la raison.
  2. (Au singulier) (En particulier) (philosophie) Ensemble de principes philosophiques de la connaissance ou de l'action
    • L'âme de Wesley avait besoin d'un feu plus vif. Un jour (24 mai 1738), dans une sorte d’illumination, il entrevit la vraie foi qui est un lien vivant et non une opération de la raison. (André Maurois, Histoire de l'Angleterre, Fayard & Cie, 1937, p.600)
    • Si Gobineau a été l'objet du dégoût, de la crainte, de l’ostracisme de nos « rationalistes », c'est qu'il s'est élevé à la fois contre leurs faux raisonnements et contre leur absurde principe de la primauté de la raison : […]. (Louis Thomas, ''Arthur de Gobineau, inventeur du racisme (1816-1882), Paris : Mercure de France, 1941, page 33)
    • Martin Luther était un défenseur acharné de la foi, […]. Luther blâmait la raison d'être « une belle putain » et la « fiancée du diable ». Il écrivait : « Il n'existe sur Terre, parmi tous les périls, rien de plus dangereux qu'une raison adroite et bien pourvue, surtout si elle s'occupe de questions spirituelles qui touchent à l'âme et à Dieu ». (David E. Walker, La pauvreté de la foi, dans Le Québec sceptique, n°21, p.32, hiver 1992)
  3. (Au singulier) Faculté de raisonner, d’établir des démonstrations, d’administrer des preuves.
    • La raison discursive.
    • La raison géométrique.
  4. (Au singulier) Le bon sens, le bon usage de la raison, la sagesse, la justesse d’esprit.
    • La parfaite raison fuit toute extrémité,
      Et veut que l’on soit sage avec sobriété.
      (Molière, Le Misanthrope, Philinte, acte I, scène I, 1667)
    • Il faut que la raison domine tous nos actes. Or, que nous dit la raison : c’est que si le colonel Everest et ses compagnons, harassés par un voyage pénible, manquant peut-être du nécessaire, perdus dans cette solitaire contrée, ne nous trouvaient pas au lieu de rendez-vous, nous serions blâmables à tous égards. (Jules Verne, Aventures de trois Russes et de trois Anglais, 1872)
  5. (Au singulier) Ce qui est de devoir, de droit, d’équité, de justice.
    • Se rendre à la raison.
    • Réduire quelqu’un à la raison, le ranger, l’amener, le mettre à la raison.
    • La droite raison le veut.
    • C’est la raison même.
    • C’est raison, c’est bien raison que chacun soit maître chez soi.
    • Cela est contre tout droit et raison, contre toute raison.
    • Mettre la raison de son côté.
    • Mettre quelqu’un à la raison signifie réduire quelqu’un par la force.
    • Un homme politique ne doit pas devancer les circonstances. C’est un tort que d’avoir raison trop tôt. On ne fait pas les affaires avec des penseurs. (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 327)
    • Avoir raison, être fondé dans ce qu’on dit, dans ce qu’on fait.
    • Vous avez tort, c’est lui qui a raison.
    • Il a raison contre vous.
    • C’est un homme qui veut toujours avoir raison.
    • Ils prétendent tous deux avoir raison.
    • Il a eu raison de congédier ce domestique.
    • Il a eu raison en cela.
    • Vous n’avez pas eu raison de vous emporter ainsi contre lui.
  6. (Au singulier) Réparation d’un outrage, d’un affront.
    • Demander, tirer raison d’une offense.
    • Demander raison à quelqu’un.
    • Tirer raison de quelqu’un.
    • Faire raison à quelqu’un.
  7. Preuve par discours, par argument.
    • Forte, puissante raison.
    • Raison démonstrative, décisive, péremptoire.
    • Raison valable.
    • Faible raison.
    • Raison plausible, spécieuse.
    • Donnez-nous de meilleures raisons.
    • Je suis frappé, touché de vos raisons.
    • Je me rends à vos raisons.
    • Il m’a payé de mauvaises raisons.
  8. Sujet ; cause ; motif.
    • Nous avons donc toutes sortes de bonnes raisons pour considérer les plantes adventices comme nuisibles, et pour chercher à nous en débarrasser : […]. (Les mauvaises herbes et leur destruction, dans Almanach de l'Agriculteur français - 1932, page 83, éditions La Terre nationale)
    • Il était question dans la complainte d’un assassin qui expose aux juges les raisons qui l’ont poussé à tuer sa maîtresse. (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Tout est parfaitement en place mais, pour une raison inconnue, la cascadeuse perd le contrôle du véhicule. La grosse américaine grimpe sur le trottoir et s'arrête à l'entrée d'un supermarché. Une femme âgée de 80 ans est tuée sur le coup […]. (Jean-Marc Lobier, Louis de Funès: Petites et grandes vadrouilles, éd. Robert Laffont, 2014)
  9. (droit) Titres et prétentions qu’une personne peut avoir. On l’emploie principalement dans ces phrases :
    • Céder ses droits, noms, raisons et actions; être subrogé aux droits, noms, raisons et actions de quelqu’un.
  10. (droit) Dénomination d’une société par les noms des associés, énoncés de la manière prévue par l’acte d’association pour signer toutes les pièces commerciales.
    • Cette maison de banque est sous la raison, sous la raison sociale Gautier, Lefèvre et compagnie.
  11. (Désuet) La part d’un associé dans le fonds d’une société de commerce.
    • Sa raison est d’un tiers, d’un cinquième. En ce sens il a vieilli; on dit : Son intérêt, sa part est de tant.
  12. (Mathématiques) Différence ou quotient de deux termes consécutifs, dans une progression, suivant qu’il s’agit d’une proportion arithmétique ou d’une proportion géométrique.
    • Dans le deuxième cas, montrer que le mouvement est uniformément accéléré en vérifiant que la vitesse varie linéairement avec le temps (v = at + b) ou, ce qui est équivalent, en vérifiant que les intervalles entre les points forment une progression arithmétique de raison r = a(Δt)2. (Roger Duffait, Expériences de physique: CAPES de sciences physiques, Éditions Bréal, 2e éd., 1996, p. 213)

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