raser
étymologie
Du latin vulgaire rasare (fréquentatif fait sur le supin rasum) de radere (« raser », « gratter, polir, ratisser »).

verbe

raser \ʁɑ.ze\ (conjugaison) (conjugaison) ou \ʁa.ze\ transitif ou pronominal conjugaison (pronominal : se raser)

  1. Tondre, couper le poil ou les cheveux tout près de la peau avec un rasoir.
    • […] que Dieu permettait bien aux Juifs de se marier avec leurs captives et de changer des Moabites en filles de Sion, pourvu qu'ils leur rognassent les ongles, qu'ils leur rasassent les cheveux, et qu'ils pratiquassent à leur égard diverses purifications : […]. (Pierre Bayle, Pensées diverses sur la comète, 1682, éd. E. Cornély et cie, tome 1, 1911, p. 223)
    • Le front de Victor Hugo fera raser autant de crânes, que la gloire de Napoléon a fait tuer de maréchaux en herbe. (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
  2. (En particulier) (Absolument) Couper le poil de la barbe au plus près de la peau.
    • Toilette du bataillon. Le barbier passe pour particulièrement francophile. Tout le monde va se raser chez lui. (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Par un mystérieux tour de force, il avait réussi à se raser et à lisser ses cheveux dorés. Son visage était tout à fait séraphique. (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 262 de l’éd. de 1921)
    • Son imperméable fripé détonnait avec sa nouvelle élégance : il en fit une boule et la jeta dans la corbeille à papiers. Qu'on le rasât de près, qu'on lui fît un massage facial, et une manucure : il serait d'attaque. (Claude Cariguel, L'insolence, Éditions Robert Laffont, 1967, chap. 2)
  3. Abattre à ras de terre, en parlant d’un édifice ou d’un bâtiment.
    • Le cardinal ne se contenta pas de faire raser les fortifications de la Rochelle , il voulut encore que celles du Fort-Louis, et la citadelle de Saint-Martin dans l'isle de Rhé fussent entièrement démolies. (Henri Griffet, Histoire du règne de Louis XIII, roi de France et de Navarre, tome 1, Paris : chez les Libraires associés, 1758, page 624)
    • Il allait falloir raser la maison pour construire un nouveau bâtiment à sa place. (Salman Rushdie, La Maison Golden, roman traduit de l'anglais par Gérard Meudal, Actes Sud Littérature, 2018, chap. 35)
  4. (En particulier) (marine) Ôter à un navire la partie supérieure de ses œuvres mortes.
    • […]; vous êtes de la même année que cette pauvre Junon, le meilleur voilier qui soit jamais entré dans le port de Saint-Malo; et je me souviens même que, peu de jours après notre mariage, on la fit raser pour en faire un ponton. (Germaine de Staël, « Le Capitaine Kernadec ou Sept années en un jour », acte 1, scène 2, fin de 1810, dans les Œuvres complètes de Madame la baronne de Staël-Holstein, tome 2, Paris : chez Firmin Didot frères & chez Treuttel & Würst, 1836, p. 662)
  5. Passer tout près ; effleurer.
    • Je me rappelai le vol dans le fameux « pot au noir », le long de la côte de l’Amérique du Sud, où je fus obligé de raser les flots jusqu’à tremper les roues du Nungesser-Coli dans la crête d’une haute vague. (Dieudonné Costes et Maurice Bellonte, Paris-New-York, 1930)
    • Un boulet de canon lui rasa l’épaule.
    • Une balle lui rasa le visage.
    • Une hirondelle qui rase le sol, la surface de l’eau.
    • La balle du joueur a rasé la corde, le filet.
    • Nous rasâmes le rocher de bien près.
  6. (ellipse) (hippologie) Ne presque plus marquer; la cavité des incisives ne paraissant plus, ou presque plus.
    • Il y a lieu de remarquer que la béguité des coins est très prononcée, et extrêmement commune; le plus souvent ces dents n’ont pas encore rasé à 10, 11 ans et même plus tard. (Journal de médecine vétérinaire et de zootechnie, vol. 67, A. Rey, 1921, page 745)
  7. (populaire) Ennuyer par des propos longs et oiseux.
    • Le docteur me rase avec les sciences exactes ou soi-disant exactes. (Jehan Rictus, Journal quotidien, cahier 24, p. 18, 21 juin 1902)
    • - D’accord. Je passerai les prendre plus tard, dit-il en se frottant la joue du dos de la main pour montrer à quel point elle le rasait. (Tito Topin, Shanghai Skipper, Série noire, Gallimard, 1986, page 30)
  8. (populaire) Enlever, soustraire.
    • Rivaux comme tous bons chasseurs, c’était à qui raserait à l’autre le lièvre indiqué, et le roulé subissait naturellement les quolibets du vainqueur. (Louis Pergaud, Un renseignement précis, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  9. (pronominal) Se dit d’une perdrix ou d’un lièvre qui se tapit le plus qu’il peut contre terre pour se cacher.
    • Les perdrix se rasent quand elles aperçoivent l’oiseau.
    • « Rase-toi ! Rase-toi ! » me dit le vieux en se baissant. (Alphonse Daudet, Les émotions d’un perdreau rouge, dans Contes du lundi, 1873, Fasquelle, collection Le Livre de Poche, 1974, page 220.)

traductions
traductions
traductions
  • anglais : raze
  • espagnol : rasear

traductions
  • anglais : graze
  • espagnol : rasear



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