ruer
étymologie
Du bas latin rutare (« lancer »), intensif créé sur rutum, le supin de ruere « lancer, renverser, bousculer » et « se ruer ».

verbe

ruer \ʁɥe\ intransitif conjugaison (pronominal : se ruer)

  1. (vieux) (transitif) Jeter ou lancer vivement.
    • Ma mère, l’œil sur une grosse loupe cerclée de cuivre, s’émerveillait, comptant les cristaux ramifiés d’une poignée de neige qu’elle venait de cueillir aux mains même de l’Ouest rué sur notre jardin... (Colette, Sido, 1930, Fayard, page 19.)
    • Celui dont le tour était arrivé sortait du rang pour la liberté de ses mouvements et ruait son bâton. (Tir à l’oie et arrochage des coqs (Champagne), dans la Revue de folklore français et de folklore colonial, Larose, 1936, vol.7-8, page 36)
    • Mais l'Italie était fachiste, direz-vous. Et puis après ? Si elle était antiboche ? Fachiste ou non, vous l’avez ruée dans les bras de Hitler. (Charles Maurras, ‎Votre bel aujourd’hui: dernière lettre à Monsieur Vincent Auriol, président de la IVe République, Librairie Arthème Fayard, 1953, p. 444)
    • Arrocher est un vieux mot champenois qui signifie jeter des pierres, ruer des bâtons vers un but. (Bernard Coussée, Le coq: folklore et mythologie d'un oiseau, à compte d'auteur, 1992, page 52)
  2. (vieux) (intransitif) Agiter ou projeter vivement ses membres ; se débattre.
    • La bave aux lèvres la malheureuse tentait d'arracher violemment ses vêtements mais ses douleurs semblaient si vives qu'elle ne parvenait qu'à se mettre en sang. Se rongeant la peau de ses ongles elle ruait en tout sens. (Alexandre Cadet-Petit, La femme, un roman de plus de 69 pages, Desnel, 2008, page 165)
  3. Lancer vivement en arrière ses pattes de derrière, en parlant d’un équidé.
    • La veille, le long d'une rivière qui coulait dans une étroite vallée entre des montagnes, le cheval rua. Il m'envoya dans les airs depuis le haut d'une butte en surplomb au-dessus de la rivière, […]. (Les Portugais au Tibet: les premières relations jésuites (1624-1635), traduites & présentée par Hugues Didier, Paris : Chandeigne-Librairie Portugaise, 1996, page 192)
    • Et ce n'est pas qu'il trottât mal, ou qu'il ruât, ou qu'il fût encore plus âne que les autres ânes. (Vladimir Volkoff, Les Brumeurs de la mer : Olduvai͏̈, Julliard/L'Âge d'Homme, 1980, p.222)
  4. (pronominal) Se jeter impétueusement sur quelqu’un, sur quelque chose.
    • Suis-je une brute inconsciente, livrée au despotisme de l’instinct, vouée au fatalisme de la perversité ? Un fou que le sang attire comme des lèvres de femme, et qui se rue au meurtre, comme on se rue à l’amour ? (Octave Mirbeau, [http://www.la-pensée-française.com/octave-mirbeau-chanson-carmen.html Contes cruels : La Chanson de Carmen (1882)])
    • On craignait qu'à l'occasion du programme d'aide les capitaux américains ne se ruassent sur l'Europe. Il n'y a pas eu de vague américaine sur l'Europe de l'OECE. (Gérard Bossuat, L'Europe occidentale à l'heure américaine: 1945-1952, Éditions Complexe, 1992, page 184)
    • Rozan prévint son ami et tous deux se ruèrent sur la douche afin d'éviter que cet étonnant produit ne leur décapât complètement la peau ! (Philippe Durant, Belmondo, nouvelle édition revue & augmentée, éd. Robert Laffont, 2011)

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