sentir
étymologie
(fin XIe siècle) Du latin sentio.

verbe

sentir \sɑ̃.tiʁ\ transitif conjugaison (pronominal : se sentir)

  1. Recevoir quelque impression par le moyen des sens, éprouver en soi quelque chose d’agréable ou de pénible.
    • Zaheira sentait grandir son antipathie pour elle. Elle sentait aussi que la jeune femme n’était pas aimée dans la maison […] (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », Édition Corrêa, 1940)
    • Sentir le chaud, le froid.
    • Je sentais battre mon cœur.
    • Sentir la faim, la soif.
  2. (En particulier) Action qui résulte de l’utilisation de son odorat.
    • Je sens une odeur bizarre tout à coup.
  3. (En particulier) Action qui résulte de l’utilisation du toucher.
    • J’ai senti sa main sur mon épaule.
  4. (Par extension) (pronominal) Avoir une impression, ressentir.
    • Je ne me sens pas bien aujourd’hui.
    • ''Rêvé-je ? Est-ce que je sommeille ? Ai-je l’esprit troublé par des transports puissants ?/>Ne sens-je pas bien que je veille ?/>Ne suis-je pas dans mon bon sens ?'' (Molière, Amphitryon ↗, Acte I, Scène II)

  5. Être ému, touché, affecté de quelque chose d’extérieur.
    • Il ne sent point les affronts.
    • Je sens toute l’horreur de votre situation.
    • Sentir la poésie, la musique, etc., en être ému, touché.
  6. Avoir un sentiment, aimer, être disposé à aimer.
    • Je ne sens rien pour elle.
    • Ce que je sens pour lui ne saurait s’exprimer.
  7. Discerner, connaître directement, par intuition.
    • Zaheira sentait grandir son antipathie pour elle. Elle sentait aussi que la jeune femme n’était pas aimée dans la maison […] (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », Édition Corrêa, 1940)
    • Les affaires de banque je n'y comprends peut-être pas grand-chose, mais les mauvais coups, je les sens et je dis que cette affaire n'est pas catholique. (Jacqueline Mirande, Étranger, d'où viens-tu ?, Éditions Casterman, 1974, chap. 2)
    • Je ne me sentais pas la force de lui en dire davantage.
    • Sentir de loin, découvrir, prévoir les choses de loin.
  8. Flairer.
    • Sentir une tubéreuse.
  9. (Figuré) (familier) Avec la négation, avoir de la répugnance, de l’aversion.
    • Trop heureux de ne pas recevoir mon beau-père et son fils qui, entre nous, ne peuvent pas me sentir. (Jo Barnais [Georges Auguste Charles Guibourg, dit Georgius], Mort aux ténors (roman), ch. XI, Série noire, Gallimard, 1956, p. 101)
  10. Exhaler, répandre une certaine odeur.
    • Les oignons de l’Église, ça devait être, sans doute, pour le général, les sacristies sentant le moisi, les nonciatures, les pastorales d'ensemble, et tout notre bazar extérieur. (Guy Gilbert, La Rue est mon église, Stock, 1980)
    1. S’emploie absolument dans cette acception avec les mots bon, mauvais, fort, etc.
      Cela sent bon.
      Cette chose sent mauvais.
      Ce poisson sent fort.
  11. Exhaler une mauvaise odeur, puer.
    • Cette viande commence à sentir.
    • Ça pue, ça sent.
  12. Avoir du goût, de la saveur, en parlant d’un aliment ou d’une boisson.
    • Cette soupe ne sent rien.
    • Ce vin sent la framboise, sent le fût, le terroir.
    • Ce cidre sent le moisi.
  13. (Figuré) Avoir le caractère, les manières, l’air, l’apparence de.
    • Il sent le coquin d’une lieue.
    • Cela sent son pédant.
    • Cette proposition sent l’hérésie.
    • Tout dans cette maison sent la richesse et le luxe.
    • Tout sent ici la joie et le bonheur.
    • Sentir le terroir se dit de même des ouvrages de l’esprit, quand ils ont le caractère qu’on attribue au pays d’où l’auteur est, où il a vécu.
  14. (pronominal) Connaître, percevoir en quel état, en quelle disposition on est.
    • Il y a présentement ce qu’on appelle une crise dans le monde. […] Cette crise est arrivée au moment même où le monde se sentait de nouveau prospère et confiant […] (Paul Nizan, Les Chiens de garde, 1932)
    • Des chut ! s’élevèrent aussitôt, mais les deux acrobates avaient compris l’allusion et ils se sentirent mal à l’aise. (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Ils se sentaient en sécurité comme les spectateurs d’une course de taureaux : ils risquaient peut-être leur argent sur le résultat, mais c’était tout. (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 211 de l’éd. de 1921)
    • Et l’estomac lesté, tonifiés par quelques verres de thé bouillant, nous nous sentons prêts pour une nouvelle étape, quelle qu'elle soit. (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, p. 41)
    • Il ne se sent pas de joie, il ne se sent pas d’aise : il est si pénétré de sa joie qu’elle lui ôte tout autre sentiment.
    • Se sentir de quelque chose : sentir, éprouver quelque chose.
    • Se sentir de quelque mal, de quelque bien : En avoir quelque reste.
    • ''– Est-ce qu’elle a beaucoup souffert ? […]/>« Non, elle ne s’est guère sentie. C’est une attaque qui l’a prise. (Marcel Arland, Terre natale'', 1938, réédition Le Livre de Poche, page 85)

  • Mesure la fortune du verbe qui en exprime l'activité [de l'odorat] : c'est celui qui dit à la fois l'impression que tu éprouves en ta perception de toute chose et les mouvements de ton âme devant l'objet perçu. Tu sens, donc tu vis. Tu sens le parfum du lis et tu sens ton bonheur; sens le coeur te battre, sens l'orage venir, sens un beau vers de Baudelaire, et sens cette feuille de menthe qui sent frais. (Maurice Bedel, « L'odorat », Traité du plaisir, 1945)
  • synonymes
    traductions
    • anglais : feel
    • italien : sentire
    • russe : чувствовать

    traductions
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