temps
étymologie
(Xe siècle) Du moyen français temps, de l’ancien français tems, tens, du latin tempus.

nom

temps \tɑ̃\ masculin invariable

  1. Durée des choses, marquée par certaines périodes, et principalement par la révolution apparente du soleil ; écart entre le déroulement de deux événements.
    • Le temps, « cette image mobile / De l’immobile éternité », mesuré ici-bas par la succession des êtres, qui sans cesse changent et se renouvellent, se voit, se sent, se compte, existe. Plus haut, il n’y a point de changement ni de succession, de nouveauté ni d’ancienneté, d’hier ni de lendemain : tout y paraît, et tout y est constamment le même. (Joubert, Pensées, essais et maximes, 1838)
    • Le seul recours contre le temps est de le mesurer à ce double pas, comme ceux qui ont affaire personnellement à lui, les sentinelles, les officiers de quart. (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • Le temps avait passé. Dix heures venaient de sonner à la vieille horloge comtoise. (Louis Pergaud, Le retour, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Les heures de ces dimanches pareillement nus, glissent, lentes, torpides. Le temps semble s’être arrêté. (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 92)
    • L’antagonisme se traduit pas deux concepts qui bizarrement sont traduits par deux mots dans les langues anglo-saxonnes et par un seul mot dans les langues latines. Le temps en français désigne l’heure qu’il est à ma montrer et la couleur du ciel. En anglais, on dit Time et Weather, en allemand Zeit et Wetter. (Michel Tournier, Jules Verne ou le Génie de la géographie, dans Les vertes lectures, collection Folio, 2007, page 95)
    • Le temps nous apparaît comme une flèche lancée par un mystérieux archer. Quoi que nous fassions, les secondes s'écoulent, inéluctables. Nous ne pouvons ni arrêter cette flèche, ni l'accélérer, ni a fortiori la détourner. (Frédéric Lenoir, Petit traité de vie intérieure, Plon (« Pocket »), 2010, p. 136.)
    • Einstein associe l’espace et le temps dans sa théorie d’un univers à quatre dimensions.
    • Tu en as mis, du temps ! Tu as été bien long.
  2. (Par extension) (mythol) Sa représentation sous la figure d’un vieillard ailé qui d’une main tient une faux, et de l’autre un sablier.
    • Le Temps est représenté sous la figure d'un vieillard , tenant une faux de la main droite , et de l'autre un serpent qui se mord la queue. On lui donne des ailes, et l'on place près de lui un sablier. La faux indique que le Temps moissonne tout; le serpent qui forme un cercle désigne l'éternité, qui n'a ni commencement ni fin. Le sablier indiqué la mesure du Temps et les ailes, sa rapidité. (Pierre Capelle, Dictionnaire d'éducation morale, de science et de littérature, Paris : chez Haut-Cœur & Gayet jeune, 2e éd., 1824, vol.2, p.483)
    • Cette représentation du Temps appuyé sur ses béquilles, avec la faux posée sur le sol à côté du sablier renversé, inopérant donc, est statique, non pour peindre l'instant, mais plutôt le suspens. (Max Engammare, L'Ordre du temps : L'Invention de la ponctualité au XVIe siècle, Librairie Droz, 2004, p.201)
  3. Durée limitée, par opposition à l’éternité.
    • Platon a dit que le temps est une image mobile de l’éternité immobile.
    • Avant tous les temps, avant les temps, avant le temps, Avant la création du monde.
  4. (Spécialement) Durée longue ; époque ; période ; ère.
    • Tous ont successivement combattu pour ou contre les Jacobins, selon les temps & les circonstances. (Maximilien de Robespierre, Discours contre Brissot & les girondins, 10 avril 1793)
    • C’est que Marguerite était non-seulement la plus belle, mais encore la plus lettrée des femmes de son temps. (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre I)
    • Ah ! le temps joyeux de la stupidité, de pharisaïsme à rebours où les petits messieurs pressés se hissaient paisiblement sur la crête de la notoriété. (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette ↗, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 133)
    • Il est très difficile de savoir dans quelle mesure les foules se sont émues des événements politiques de leur temps (bien entendu, je laisse de côté les mouvements proprement populaires). Les foules n’écrivent pas leurs mémoires et ceux qui rédigent les leurs ne parlent guère d’elles. (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, éd. 1946)
    • Le système de Buffon sera surtout repris par le plus grand hippiatre de l’époque, le fondateur de la science vétérinaire, l’écuyer le plus célèbre de son temps : Claude Bourgelat. (Jacques Mulliez, Les chevaux du Royaume : Histoire de l’élevage du cheval et de la création des haras, Montalba, 1983, page 213)
  5. (Spécialement) Succession des jours, des heures, des moments, considérée par rapport aux différents travaux, aux diverses occupations des personnes.
    • J’aurais voulu visiter le fameux sanctuaire d’Atesh-Gâh ; mais il est à vingt-deux verstes de la ville, et le temps m’eût manqué. (Jules Verne, Claudius Bombarnac, ch. III, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)
    • Il s’acharnera au travail, il ne ménagera ni son temps, ni ses forces, à une époque où le radium et la radiothérapie profonde était encore inconnue. (Bulletin de la Société d’obstétrique et de gynécologie de Paris, 1924, vol.3, page 403)
    • Employer bien le temps. — Ménager bien le temps. — Le temps est précieux. — Il faut beaucoup de temps pour cela.
  6. Durée limitée.
    • Ce soldat a fait son temps de service. — Prêtez-moi cela pour quelque temps. — Cela n’a pas laissé de durer un certain temps.
  7. Durée plus ou moins longue selon le contexte.
    • Ce qui m’émerveillait le plus dans les premiers temps, c'était l’étonnante habileté de nos poneys à se tirer d'affaire au milieu d'un chaos de débris volcaniques où un piéton aurait pu difficilement trouver son chemin. (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 82)
    • Cela fait un petit temps qu’on ne s’est plus vus. — Il y a un petit temps d’adaptation.
  8. Délai.
    • Quand Napoléon III fut empoigné à Boulogne pour avoir donné une seconde représentation du débarquement à Cannes, on le jeta au cachot et on l'emmena à Paris sans lui donner le temps de changer de chemise. (Arsène Houssaye, Les Confessions, tome IV : Souvenirs d'un demi-siècle 1830-1880, tome 4, Paris : chez E. Dentu, 1885-1891, chap. 4)
    • Je vous demande encore un peu de temps pour vous payer. — Je vous demande du temps. — Vous me donnez un temps bien court.
    • Prendre du temps. — Accorder du temps. — Obtenir du temps. — Donner un an de temps.
  9. Loisir.
    • Je n’ai pas le temps de vous parler. — Il est si occupé qu’il n’a pas le temps de lire.
  10. Époque déterminée.
    • Payer dans le temps porté par l’obligation. — Prévenir le temps. — Devancer le temps. — Le temps approche.
    • Dès que le temps sera venu, sera échu. — Marquez-moi précisément le temps. — Elle est accouchée avant le temps.
  11. Époque dont on parle ; cette époque là.
    • Suivants les mémorialistes conservateurs du temps, Jules Simon, d'ailleurs, ne néglige rien de ce qui peut le faire agréer par le maréchal. (Alexandre Zévaès, Histoire de la Troisième République 1870 à 1926, Éditions Georges-Anquetil, 1926, p.145)
  12. Conjoncture, occasion propre, moment.
    • Le temps est favorable. — Un temps plus opportun. — Laisser passer le temps de faire quelque chose.
    • Ce n’est pas le temps de parler de cela. — Attendez à un autre temps. — Chaque chose a son temps.
    • Il y a temps de rire et temps de pleurer, temps de parler et temps de se taire.
  13. Saison propre à chaque chose.
    • Le temps des vendanges, de la moisson.
    • Dans le temps des perdreaux, Dans le temps où l’on va à la chasse des perdreaux.
  14. Les siècles, les différentes époques par rapport à la chronologie, des différents âges de la vie.
    • Les temps fabuleux. — Les temps héroïques. — Les temps historiques. — Du temps d’Auguste.
    • Nous n’avons pas vu, nous ne verrons pas cela de notre temps. — Ils vivaient dans le même temps.
    • Il était de mon temps. — Au bon vieux temps. — Dans mon jeune temps. — Au temps de ma jeunesse.
    • Les jours d’action avec les camarades et les aventures lui semblaient des jours passés, des jours du vieux temps où l’on vivait chez les hommes. (Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, page 130)
  15. Période déterminée par rapport à l’état où sont les choses pour le gouvernement d’un pays, pour les manières de vivre, pour les modes, etc.
    • Le temps approche où le grand commerce va, plus que les guerres de chevalerie, tenter les jeunes Anglais aventureux. (André Maurois, Histoire de l’Angleterre, Fayard & Cie, 1937, p.236)
    • C’était un bon temps, un temps heureux. — Un temps misérable, un temps de corruption, un temps de trouble.
    • En temps de paix et en temps de guerre. — Dans les temps difficiles. — Les temps sont bien changés.
    • Les temps sont durs. — C’est le goût du temps. — Cela n’est pas surprenant par le temps qui court.
  16. Phase, étape.
    • Le projet se déroulera en deux temps. — Un moteur quatre temps.
  17. Moment précis, en escrime ou en exercices militaires, pendant lesquels il faut faire certains mouvements qui sont distingués et séparés par des pauses.
    • Pousser une botte en deux temps, en trois temps. — Temps d’arrêt.
  18. (musi) (danse) Chacune des principales divisions de la mesure, dont les unes sont plus marquées que les autres dans l’exécution, quoique d’ailleurs elles soient égales en durée.
    • Mesure à deux temps, à trois temps, à quatre temps. — La mesure se divise en temps forts et en temps faibles.''
    • La mesure commence toujours par un temps fort. — La valse à trois temps.
  19. Rythme, en parlant de métrique de la phrase ou du vers.
    • Les temps forts. — Le temps marqué.
  20. Une des pauses ou un des silences qu’on observe entre certaines phrases, entre certains mots, dans une déclamation.
    • Lorsqu’on parle en public, il est bon d’observer des temps entre certains mots, entre certaines phrases.
    • Après ce vers, il y a un temps à garder. — Prendre un temps.
  21. (grammaire) Quelqu’une des différentes formes qui marquent dans les verbes le moment auquel se rapporte l’action ou l’état dont on parle.
    • Un lecteur m'écrit « La prof de français nous a dit qu'il est inutile d'apprendre à conjuguer le passé simple, car c'est un temps archaïque, aujourd'hui complètement inusité ». (François Cavanna, « Fessons la prof ! » dans Plus je regarde les hommes, plus j'aime les femmes, éd. Albin Michel, 2005)
  22. Disposition de l’air ; état de l’atmosphère ; climat du moment.
    • On établit un service aérostatique. Chaque jour, lorsque le temps le permet, un ou plusieurs ballons sont lancés. (Général Ambert, Récits militaires : L’invasion (1870), page 165, Bloud & Barral, 1883)
    • Depuis quelques jours, le temps s'est enfin remis au beau. Il fait encore assez frais, la nuit, et le thermomètre est descendu plusieurs fois à zéro. (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, p. 110)
    • La fatigue, le temps morne (j’entends de la pluie dans le soir), l’ombre qui augmente ma solitude et m’agrandit malgré tous mes efforts et puis quelque chose d’autre, je ne sais quoi, m’attristent. (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Le temps s’était gâté tout à fait, et les dirigeables, gênés par la nécessité de tenir tête au vent, manœuvraient malaisément. Les rafales, accompagnées de grêle et de tonnerre, se succédaient, accourant du sud sud-est. (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 238 de l’éd. de 1921)
    • Le temps était très beau avec vent faible et houle de l’ouest-nord-ouest. (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Sous le porche, un boueux attendait l’arrivée de la voiture en songeant que, par un temps pareil, elle ne viendrait sans doute pas. (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 62)
    • La célébration du mouloud, de la nativité du Prophète, à laquelle je viens d'assister, fut un beau spectacle surtout en raison du temps superbe dont il a été favorisé. (Frédéric Weisgerber, Au seuil du Maroc Moderne, Institut des Hautes Études Marocaines, Rabat : Les éditions de la porte, 1947, p. 234)
    • Sur toute l’Ardenne, le temps s’était levé. Le ciel était bleu éblouissant, la neige étincelait au soleil. (Georges Blond, L’Agonie de l’Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, p.155)

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  • russe : пора



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