tutoyer
étymologie
Formé à l’aide du pronom tu#fr-pronom-pers|tu, du suffixe -oyer et d’un t intercalaire.

verbe

tutoyer \ty.twa.je\ transitif conjugaison

  1. User des mots de tu#fr-pronom-pers|tu et de toi#fr-pronom-pers|toi en parlant à quelqu’un.
    • Il [M. Dupanloup] nous donnait à cet égard des règles excellentes, que j’avais du reste toujours pratiquées, comme de ne jamais tutoyer sa mère et de ne jamais finir une lettre à elle adressée sans y mettre le mot respect. (Ernest Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1883, collection Folio, page 105.)
    • Je demanderai huit jours au chef de bureau pour aller dans mon pays. Maman dira : Voilà mon Parisien. Les vieilles femmes diront : A présent nous n’osons plus te tutoyer. (Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, page 166)
    • Son « tu » me froissa un peu. Mais je lui répondis gaminement : « Tu trouves que j’ai engraissé ! » Il partit d’un fou rire. Et, à partir de ce jour, nous nous tutoyâmes et nous devînmes les meilleurs amis du monde. (Ma double vie : mémoires de Sarah Bernhardt, Paris : Librairie Charpentier et Fasquelle, 1907, chapitre 13)
    • Jeannin est le seul camarade de guerre, avec de W., que j’aie tutoyé ; […]. C’était un essai d’égalité ; je pensais bien qu’ils me tutoieraient aussi, mais ils ne le firent jamais, et cela termina mes tentatives d’avoir vingt ans comme eux. (Alain, Souvenirs de guerre, Hartmann, 1937, page 78)
    • '' « Tu t’es perdue ? »/>Elle fit un pas en arrière, en me regardant à travers ses fleurs./>« Oui, dit-elle, je me suis perdue, mais ce n’est pas une raison pour me tutoyer. Je ne suis pas une paysanne. » (Marcel Pagnol, Le temps des secrets'', 1960, collection Le Livre de Poche, page 88)

    • — … ça peut sembler idiot, mais c’est fou comme, tout à coup, je vous sens proche de moi, Charles.
      — Ça peut sembler fou, Judith, mais, croyez-moi, c’est réciproque.
      — C’est fou, ça alors ! On pourrait peut-être se tutoyer, tu trouves pas ?
      (Philippe Delaroche, Caïn et Abel avaient un frère, Éditions de l’Olivier / Le Seuil, 2000, pages 302-303)
  2. (Figuré) Approcher au plus près, frôler.
    • […] Cinq ans plus tard, le nombre d’entreprises a plus que doublé pour dépasser 66 000 et une réduction d’impôt tutoyant le milliard d’euros… (Mathieu Castagnet, « Le mécénat, une manne croissante au service des associations », La Croix, 29 janvier 2018, page 14)
    • Dehors, le thermomètre tutoie les 35 degrés. (Face à la canicule, une veille très inégale des villes auprès des personnes âgées)
  3. (Figuré) (familier) Être très familier avec ; côtoyer ; frôler quelque chose.
    • Tutoyer la mort.
    • D’autre part, Max Jacob — que nous écoutions à ses heures — jetait à bas nos plus secrètes admirations, tutoyait Laforgue et Verlaine et s’inclinait, avec des airs bouffons, aux pieds de Picasso. (Francis Carco raconté par lui-même, Éditions Sansot, Paris, 2e édition, 1921 ↗p. 12 ↗)
    • La Bourgogne n’échappe pas à la tendance générale, puisqu’elle y est en posture très difficile, mais sans à ce jour tutoyer le point de non-retour. (La bonne santé de la pie-grièche à tête rousse est intimement liée au bocage triomphant. Dans le cas contraire, elle accuse sévèrement le coup…)
  4. (Belgique) Se faire tutoyer : être copieusement engueulé, se faire passer un savon (à mettre en rapport avec le fait que l’on ne tutoie pas en dialectes wallons car c’est considéré comme excessivement familier voire grossier).
    • Je me suis fait tutoyer par le patron.
antonymes
traductions


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