cafard
étymologie
(Adjectif) (Nom 1) De l’arabe كافر avec francisation de la finale en -ard. Pour le sens de « personne qui rapporte » voir mouchard.
(Nom 2) Le sens de « blatte » dérive probablement du précédent par allusion à la couleur noire des soutanes et de l’habit des dévots, ou à sa propension à fuir la lumière, comme le converti qui a fui son véritable Dieu.
(Nom 3) déverbal#fr|Déverbal de cafarder#fr|cafarder dérivé du précédent ; voir avoir le bourdon, pour le lien sémantique avec les idées noires voir mélancholie. Notons ici que cafarder précède de peu (1508) la première attestation de cafard (« bigot ») (1512). Peut-être convient-il de suivre Du Cange qui mentionne caphardum « sorte de vêtement » attesté au quatorzième siècle, et « on ne voit pas comment le mot arabe kâfir, avec son dérivé roman cafre, aurait pris le suffixe -ard » ; soit pour le verbe un  composé de ca- et de farder, littéralement « bien cacher » dont cafard (« hypocrite, qui cache bien son jeu ») serait le déverbal et pour l’insecte, le sens de « qui se cache, qui fuit le jour ».

adjectif

SingulierPluriel
Masculincafardcafards
Féminincafardecafardes

cafard \ka.faʁ\

  1. Qui est faux dévot, hypocrite, bigot.
    • Il avait dit cela sur le petit ton cafard que M. de la Ferté connaissait bien, et qui lui donnait chaque fois envie de s’emporter. (Pierre Benoit, Monsieur de la Ferté, Albin Michel, 1934, Cercle du Bibliophile, page 284.)
    • Cet homme du XVIIe siècle […], qui a publié en 1808 un livre où il proposait un plan audacieux de nouvelles relations sexuelles et où il jetait les bases du féminisme moderne, va s'apercevoir qu'il était encore loin d'imaginer le degré de dévergondage que certains milieux pouvaient atteindre, que ses propres nièces, sous des dehors cafards, forment une bande de partouzardes fieffées, qui se gaussent de sa naïveté. (Émile Lehouck, Vie de Charles Fourier, Éditions Denoël & Gonthier, 1978, page 151)
synonymes
nom

SingulierPluriel
cafardcafards

cafard \ka.faʁ\ masculin (pour une femme on dit : cafarde)

  1. (familier) Hypocrite, faux dévot.
    • Apres auoir raconté le meurtre de Louys Duc d’Orleans commis par le Duc de Bourgongne, il ſe ruë ſur la perſonne de Iean Petit, lequel il qualifie grand Theologien, grãd Predicateur & Caphard, & le dit auec vne telle entreſuite de parolles, qu’il laisse à iuger aux lecteurs qu’en ſon Calepin, Theologiẽ, Predicateur & Caphard, ſont trois ſynonimes : & moy ie luy reſpõs qu’en mon Dictionnaire, Paſquier, meſdiſant, impertinent, glorieux & libertin, ſont de meſme ſignification : ſçauoit il pas que ce mot de caphard tres odieux, a eſté mis en vſage par les Huguenots pour denigrer l’honneur de la Preſtriſe ? (François Garasse, Les Recherches des recherches, Sebastien Chappelet, Paris, 1622, p. 718)
    • Messieurs, ce ne sont point les raisonneurs qui font du mal, ce sont les cafards. La Philosophie peut aller son train sans risque, le Peuple ne l’entend pas ou la laisse dire, et lui rend tout le dédain qu’elle a pour lui. (Jean-Jacques Rousseau, Lettres écrites de la montagne, Cinquième Lettre, 1764)
    • Triste homme, oui, triste homme ! Il bousculait les pauvres, car il n’y avait pas que moi qu’il traitât mal. Tous ceux qui étaient abandonnés ou à prix réduit recevaient ses crachats, et les petits même recevaient des coups. Il est bête, —on parle de lui comme d’un type, entre pensions. On emploie son nom pour dire cuistre, bêta et un peu cafard. (Jules Vallès, L’Enfant, 1879)
    • Ce sont là plutôt les sales imaginations d’un cafard que les vues d’un docteur. (Anatole France, La Rôtisserie de la reine Pédauque, 1893)
  2. (Par extension) Personne qui dénonce hypocritement les autres pour se faire bien voir.
    • Philomène guettait Maheu, pour que Zacharie n’entamât point la monnaie. Et il n’y avait que la Pierronne qui semblât assez calme, ce cafard de Pierron s’arrangeant toujours, on ne savait comment, de manière à avoir, sur le livret du porion, plus d’heures que les camarades. (Émile Zola, Germinal (roman), 1885)
    • C’est un cafard.
    • Je hais les cafards.
synonymes
nom

SingulierPluriel
cafardcafards

cafard \ka.faʁ\ masculin

  1. (insectes) blatte#fr|Blatte.
    • Pendant la nuit, entendant un bruit insolite, je découvris dans un caisson un cafard ailé d’environ cinq centimètres de long […] Je ne me doutais guère que je ne pourrais jamais tenir en échec ces blattes redoutables qui allaient […] causer de sérieux dégâts à mes livres et cartes de voyage. (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil ; tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
    • La surface marron de l’une des portes paraît parfois remuer, elle oscille légèrement… au début cela m’avait effrayée, mais on m’a expliqué que ce n’étaient que les mouvements des cafards qui recouvrent cette porte… des petites bêtes qui ne mordent pas et qui vont rester là… Personne ne s’en soucie et ils me donnent bientôt l’impression, comme à tout le monde, qu’ils font partie de la maison. (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 70)
synonymes
traductions
nom

cafard \ka.faʁ\ masculin singulier

  1. (familier) Tristesse, accès de mélancolie, spleen.
    • Et, d’un trait, il expliqua toute son histoire, la rencontre de Tacherot, un jour de cafard et de mouise sinistre. (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette ↗, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 109)
    • Je savais quand ça le reprenait ce cafard des architectures, c’était surtout à la campagne […] Il lui revenait un coup de souvenirs. (Louis-Ferdinand Céline [Louis Ferdinand Destouches], Mort à crédit, Denoël, Paris, 1936)
    • ''Toujours ce sale petit brouillard/br>Toujours ce sale petit cafard/br>Qui vous transperce jusqu’aux os/br>Et qui se colle à votre peau. (Édith Piaf, Le Petit Brouillard'', 1962, paroles de Jacques Plante, musique de Francis Lai)

    • Peut-être me plaisais-je à baigner ainsi dans le doute et le cafard, traînant, esseulé, ma mélancolie sur le campus alourdi par la neige. (Philippe Labro, L’étudiant étranger, Gallimard, 1986, page 135)
    • Toujours avec une bande de « camarades sociétaires » à la chasse au cafard du dimanche soir. (Edouard Baer, gentleman-saltimbanque sur France Inter)
synonymes
traductions


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