opium
étymologie
Emprunté au latin opium, du grec ancien ὄπιον.

nom

SingulierPluriel
opiumopiums

opium \ɔ.pjɔm\ masculin

  1. Suc de plusieurs espèces de pavots, notamment le pavot blanc (Papaver somniferum) qui a des propriétés narcotiques.
    • Comme tous les grands voluptueux, il est amoureux de l’impossible ; il voudrait s’élancer, dans les régions idéales, à la recherche de la beauté sans défaut ; l’ivresse ne lui suffit pas, il lui faut l’extase ; à l’aide de l’opium, il tâche de dénouer les liens qui enchaînent l’âme au corps ; il demande à l’hallucination ce que la réalité lui refuse. (Théophile Gautier, La Péri, 1845, dans Théâtre. Mystère. Comédies et ballets, G. Charpentier, 1882, p. 295)
    • Pour préparer sa pipe, le fumeur saisit quelques gouttes d’opium liquide ou plutôt sirupeux au bout d’une aiguille qu’il roule ensuite au-dessus de la flamme de sa petite lampe jusqu'à ce que l’opium ait pris une consistance molle de la grosseur d’un pois. Il l’enfonce alors dans un petit trou percé au centre du fourneau de la pipe, aspire trois ou quatre fois, baisse doucement les paupières pour concentrer son bonheur... et c’est tout. (Camille Paris, Voyage d’exploration de Hué en Cochinchine, E. Leroux, 1889, p. 20)
    • Quand les temps sont durs et que la souffrance risque de dépasser ses forces de résistance, le paysan ira rendre visite au génie protecteur du village, petit monstre hilare ou grimaçant et barbouillera prudemment ses lèvres gourmandes des restes d’un pot d’opium ? […]. (Albert Gervais, Æsculape dans la Chine en révolte, Gallimard, 1953, p.20)
    • En songeant que le liquide s'était éventé, bien qu'enfermé dans une boîte métallique, il fut ressaisi par le doute qui le tenaillait : quarante ans et des broquilles s'étaient écoulés depuis qu'on avait transformé l’opium de l'Empire des Indes en morphine dans les labos de Sa Gracieuse Majesté. (Thierry Marignac, Morphine Monojet: ou Les fils perdus, Éditions du Rocher, 2016)
  2. (Figuré) Ce qui engourdit l’esprit, substitue le rêve à la réalité.
    • La dévotion, prétend-il, est un opium pour l’âme ; elle égaye, anime et soutient quand on en prend peu ; une trop forte dose endort, ou rend furieux, ou tue. (Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1761, sixième partie, Lettre VIII de Madame de Wolmar)
    • Est-ce moi qui glorifierai la corruption, cet infâme moyen de gouvernement, véritable poison, véritable opium qu’on jette dans les veines du corps social, et qui aggrave le mal qu’il semble assoupir ? (Alphonse de Lamartine, discours du 10 janvier 1836, cite par Gustave de Molinari dans Biographie politique de M. A. de Lamartine, 1843, p. 87)
    • La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d'un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple. (Karl Marx, Contribution à la critique de la Philosophie du droit de Hegel, 1843, traduction de Jules Molitor, Éditions Allia, 1989, p. 8)
    • Lisez et ne rêvez pas. Plongez-vous dans de longues études ; il n’y a de continuellement bon que l’habitude d’un travail entêté. Il s’en dégage un opium qui engourdit l’âme. (Gustave Flaubert, Correspondance, lettre à Louise Colet, 26 juillet 1851)
synonymes
traductions


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