pataquès
étymologie
Agglutination de pas ta-qu’est-ce, sous sa première forme « (je ne sais) pas ta qui est-ce » (1776), locution qui désignait dans le vocabulaire de la parade (préfiguration du théâtre de boulevard au XVIIIe siècle) les liaisons fantaisistes entre les mots, notamment les liaisons en s remplacées par des liaisons en t.
Note: Une anecdote datant de 1805, empruntée sous des formes simplifiées par un grand nombre de dictionnaires et lexiques à François-Urbain Domergue (qui l’avait lui-même empruntée en l’enjolivant à un autre auteur), est souvent citée comme origine possible de ce mot. Voici la version simplifiée généralement retenue, héritée du dictionnaire de Littré :
  • « Un plaisant était à côté de deux dames ; tout à coup il trouve sous sa main un éventail. - Madame, dit-il à la première, cet éventail est-il à vous ? - Il n'est point-z-à-moi, monsieur. - Est-il à vous, madame ? dit-il en le présentant à l'autre. - Il n'est pas-t-à moi, monsieur. - Puisqu'il n'est point-z-à vous et qu'il n'est pas-t-à vous, ma foi, je ne sais pas-t-à qu'est-ce ! L'aventure fit du bruit, et donna naissance à ce mot populaire, encore en usage aujourd’hui. »
Cette explication est en fait apocryphe (voir pas ta qui est-ce).

nom

pataquès \pa.ta.kɛs\ masculin

  1. (Linguistique) Jeu de mots consistant à faire des liaisons erronées, par dérision, par hypercorrection.
    • L’origine du mot pataquès (pas-t-à qui est-ce), qui désigne une faute grossière de liaison dans la conversation ou la lecture. (Ferdinand Edouard Buisson, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, Hachette, 1883, page 737)
    • « J’y vais moi-z-aussi », « Mais que voilà une liaison mal-t-à propos ! », « Donne-moi-z’en ! » sont des pataquès.
  2. Faute grossière de langage, en général.
    • [Ce personnage] n’est plus l’exception à la galerie des figures de l’auteur, à savoir la caricature du petit notable sûr de lui, mais inculte, jamais à court de pataquès et autres comiques pincées à la langue française. (Le Soleil (Québec), 25 janvier 2006)
  3. Énoncés grossiers et ridicules.
    • […] cette désolante collection de pataquès et d’âneries […] (Louis Hamelin, Le Devoir, 7-8 février 2004)
  4. Bourde.
    • Ce n’était pas de la mauvaise volonté : c’était un simple pataquès.
    • Les fêtes de Bruxelles durèrent quelques jours. Ce que Cernesson et Hattat me firent de pataquès !… je renonce à le dire. (Touchatout, Mémoires d’un préfet de police, 1885)
  5. (familier) Activité d’une certaine ampleur trahissant un manque criant de planification ou d’organisation.
    • L’histoire du désenclavement routier de Rodez, c’est un peu celle de la politique aveyronnaise : une sorte de pataquès où chacun joue dans son coin. (Le Point, 30 novembre 2006)
    • Pour le patron de l’UMP, le pataquès de la fusion est dû aux erreurs de Villepin. (Libération (journal), 2 décembre 2006)
  6. (familier) Histoire devenant de plus en plus compliquée et inextricable, prenant des proportions exagérées.
    • Bref, du côté palestinien, la feuille de route s’est transformée en un véritable pataquès. (Le Devoir, 27 juin 2003)
    • Ils en ont fait tout un pataquès.
    • Ces deux questions deviendront vitales avec la venue de Kent Nagano, qui se serait sans doute passé d’un tel pataquès à trois semaines de son premier concert en tant que directeur musical désigné. (Le Devoir, 9 mars 2005)
    • Une vidéo dans laquelle Pierre Bourdieu juge la candidate socialiste à l’investiture présidentielle de droite provoque un de ces pataquès dont le web raffole. (Libération (journal), 4 octobre 2006)



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