prostitution
étymologie
Du latin prostitutio.

nom

SingulierPluriel
prostitutionprostitutions

prostitution \pʁɔs.ti.ty.sjɔ̃\ féminin

  1. (sexe) Pratique de l’acte sexuel contre rémunération au sens large (argent principalement, avantage en nature, service...)
    • N’oublions pas que la fonction de la prostitution réglementée, milieu abject mais nécessaire, est de canaliser la sexualité extra-conjugale et surtout qu’elle demeure conforme à la nature. (Alain Corbin, Les filles de noce, 1978)
    • Le mariage tel qu’il se contracte constitue donc une forme de prostitution. Mais de plus il est la cause principale de la prostitution ordinaire, de la prostitution proprement dite. Ainsi que je le proclamais récemment dans un article du « Journal », la prostitution est la soupape de sûreté du mariage. (Alfred Naquet, Vers l’union libre ↗, E. Juven, Paris, 1908)
    • Dans chaque département, l’État a pour mission […] d’exercer toute action médico-sociale en faveur des personnes qui se livrent à la prostitution. (Article L121-9, Code de l’action sociale et des familles, 2009)
    • Il fut surpris par le spectacle extraordinaire que lui offraient ces lieux où les femmes blanches, jaunes et noires étaient chosifiées à travers le sexe. Dans son pays, la prostitution ne se pratique pas à ciel ouvert. (Noël-Kodia-Ramatta, Les enfants de la guerre: éteindre le feu par le feu?, éd. Menaibuc, 2005, p. 98)
  2. (Figuré) Alliance immorale.
    • Que soient flétries comme elles le méritent ces unions monstrueuses et immorales, prostitution de la part de l’épousée, proxénétisme admis de la part de la famille, et qui consistent, avec la bénédiction de l’Église et la consécration du maire, à placer une fille jeune et forte dans la couche d’un vieillard ou d’un rentier précocement usé par la fête. (Jean Marestan, L’Éducation sexuelle, Éditions de la « Guerre Sociale », 1910)
  3. (Figuré) Corruption d’un idéal par des intérêts financiers ou de pouvoir.
    • La prostitution des juges fut démontrée aux yeux de la nation : les exemples, les argumens sans réplique allégués par les avocats ci-dessus nommés au sujet de la liberté individuelle éclairèrent le peuple sur ses droits et sur leur violation manifeste par les coups répétés de l'autorité la plus illégale. (Catharine Macaulay Graham, Histoire d'Angleterre depuis l’avènement de Jacques I, jusqu’à la Révolution, traduit de l'anglais par Mirabeau, Paris : chez Gattey, 1791, vol.2, p. 103)
    • Il y a là une sorte de prostitution des valeurs du judaïsme, qui consiste à se servir d'elles comme couverture pour satisfaire des pulsions et des intérêts patriotiques. (Leibowitz, cité dans : Yakov M. Rabkin, Au nom de la Torah: une histoire de l'opposition juive au sionisme, chap. 3 : La Terre d'Israël entre l'exil et le retour, Presses de l'Université Laval, 2004, p. 90)
  4. (christianisme) Fait de s’abandonner à l’idolâtrie.
    • L’Écriture, toute divine en ses expressions, traite l’idolâtrie, de fornication & de prostitution : cela est bien dit ; puisque l'homme se retire de son légitime possesseur pour se donner à de misérables créatures. (Anonyme (Jeanne Marie Bouvier de La Mothe Guyon), Les livres de Josué, des Juges, & de Ruth, avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure, tome 3 du Vieux Test, Cologne : chez Jean de La Pierre, 1714, p. 84)
    • Jud. v. 11. Act. 1. 18. Ose. 9. 1. Dilexisti mercedem, suppl, meretriciam : Vous avez aimé, ô Israël, la récompense de votre prostitution aux idoles : […]. (Abbé Huré, « Merces », dans le Dictionnaire de philologie sacrée, vol. 2; le vol. 6 de l’Encyclopédie théologique, Paris : chez Migne, 1846, p. 1049)
  5. (religion) Pratique sexuelle sacrée.
    • C’est le jour des prostitutions sacrées. Corinthe, heureuse, est pavoisée. Des banderoles flottent au vent partout, portant peintes les formes sexuelles qu’en ce jour la ville, dévouée à Aphrodite, honore comme les premières formes des dieux. (Renée Dunan, Ces Dames de Lesbos, 1928)
    • Quelle ne fut pas la surprise des Anglais, au XVIIIe siècle, lorsqu'ils découvrirent l'existence, dans les temples hindous de l'Inde, d'une prostitution à caractère sacré : les servantes des dieux (dévadâsî) appartenaient à un époux divin qu'elles étaient tenues de divertir par leurs talents artistiques (chants, danses) et, pour que la jouissance soit parfaite, de combler charnellement. (Gabrielle Monthélie, Quand la prostitution était sacrée, dans www.lemondedesreligions.fr, 01/07/2009)

traductions


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