grotesque
étymologie
De l’italien grottesca (« décoration murale très riche et fantaisiste ») apparu vers le milieu du XVe siècle, signifiant proprement « fresque de grotte », dérivé de grotta (« grotte ») parce qu’elle s’inspirait des décorations de la Domus Aurea de Néron qui fut découverte par des fouilles archéologiques à l’époque de la Renaissance italienne.
crotesque « ornement capricieux » sous la plume de Florimond Robertet avec l’influence de crotte ou croûte, grotesque (« figure caricaturale ou fantastique »).

adjectif

SingulierPluriel
grotesquegrotesques

grotesque \ɡʁɔ.tɛsk\ masculin et féminin identiques

  1. (arts) Très orné, voire ampoulé, à la manière des fresques romaines découvertes à la Renaissance.
    • Dans la grande salle qui précède, il y a des boiseries grotesques représentant des métiers, des masques, des dominos, tout un carnaval en bois. (Jules Michelet, Journal, 1838, p. 269)
  2. (analogie) Bizarre ; extravagant ; invraisemblable.
    • Armé d’un chalumeau, le gnome absorbait à même le ruisseau la boisson répandue. C’était grotesque, révoltant. (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 56)
  3. (exag) Bouffon, excentrique, burlesque, caricatural, cocasse ou risible.
    • Il [Jean-François Raffaëlli] a noté avec une ironie sans amertume les gestes gauches de l’ouvrier endimanché, les silhouettes grotesques des petits bourgeois, en réalisant une galerie d’un intérêt sociologique très réel. (Camille Mauclair, L’Impressionisme, son histoire, son esthétque, ses maîtres, Libraire de l’Art Ancien et Moderne, 1904, page 169)
    • Modeste avait surnommé ce grotesque premier clerc le nain mystérieux. (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
    • Pataud, toujours un tantinet grotesque, il avait repris sa marche de long en large […] (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
  4. Outrancier et de mauvais goût.
    • Si vous voulez voir le vrai Karel du Jardin, regardez ces Charlatans italiens, ce Polichinelle, qui passe la tête à travers les toiles de la baraque, et ce Scaramouche faisant la parade et se démanchant en poses grotesques sur des tréteaux que supportent des barriques, pendant qu’Arlequin au bas de l’estrade chatouille le ventre d’une guitare pour la faire rire. (Théophile Gautier, Guide de l’amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 153)

traductions
nom

SingulierPluriel
grotesquegrotesques

grotesque \ɡʁɔ.tɛsk\ masculin et féminin identiques

  1. (vieilli) Celui, celle qui prête à rire dans ses manières de parler et d’agir.
    • […] la pauvre désolée ne trouvait plus rien qui l’égayât. En vain avait-on mandé des quatre coins du monde les plus fameux baladins, bateleurs, bouffons, turlupins, pîtres, grimaciers, grotesques et farceurs. (Charles Deulin, « Les Trentes-Six Rencontres de Jean du Gogué », in Cambrinus et autres Contes, XIXe siècle (1874?))
    1. (Théâtre) (vieilli) Bouffon, clown qui fait des pas bizarres, des gestes outrés pour égayer les entractes de certaines pièces.
      • Semblable à l’un des grotesques du ballet de Gustave, il est marquis par derrière et vilain par devant. (Honoré de Balzac, La Maison Nucingen, 1838, p. 593)

nom

SingulierPluriel
grotesquegrotesques

grotesque \ɡʁɔ.tɛsk\ masculin ou féminin (l’usage hésite)

  1. (vieilli) (ornement) Arabesque imitée de celles qu’on avait trouvées dans les édifices anciens.
    • L’Italie elle-même développa un élément décoratif entièrement nouveau : autour de 1480, les fouilles partielles de la Domus Aurea de Néron révélèrent pour la première fois la peinture murale antique et la décoration en stuc. Et comme on les découvrit sous les ruines, pour ainsi dire dans des grottes, on appela « grotesques » ces décorations.
  2. (Par extension) (Beaux-Arts) Figures bizarres et chargées dans lesquelles la nature est contrefaite.
    • Peintre de grotesque.
    • Tout porte à croire que le décor à grotesques fut employé chez Olery concurremment avec celui des faïences plus élégantes […] (Charles Davillier, Histoire des faïences et porcelaines de Moustiers, Marseille et autres fabriques méridionales, 1863)
    • Les murailles, peintes à fresque, représentent différentes belles actions de la vie de saint Jean de Dieu, encadrées dans des grotesques et des fantaisies d’ornement qui dépassent ce que les monstres du Japon et les magots de la Chine ont de plus extravagant et de plus curieusement difforme. (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, Charpentier, 1859)
    • À tous les angles, des paravents de papier colorié, où l’on voyait des masques, des grotesques et des bergeries, l’âme légère de Florence, de Bologne et de Venise, au temps des grands-ducs et des derniers doges. (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 206)
  3. Ce qui a une apparence ridicule et bizarre.
    • Le cabo­tinage était poussé par Murat jusqu’au grotesque, et les historiens n’ont pas assez remarqué quelle responsabilité incombe à Napoléon dans cette dégénérescence du véritable esprit guerrier. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chap. VII, La Morale des producteurs, 1908, page 359)

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