rhétorique
étymologie
(Adjectif) Du latin rhetoricus, dérivé du grec ancien ῥητορικός, lui-même de ῥήτωρ voir rhéteur.
(Nom) Du latin rhetorica, dérivé par substantivation de l’adjectif précédent. (ca. 1150) rhetorique.

adjectif

SingulierPluriel
rhétoriquerhétoriques

rhétorique \ʁe.tɔ.ʁik\ masculin et féminin identiques

  1. Oratoire, relatif à l’art de bien parler.
    • Les traités rhétoriques.
    • Une question rhétorique est une figure de style qui consiste à poser une question n’attendant pas de réponse.

traductions
nom

SingulierPluriel
rhétoriquerhétoriques

rhétorique \ʁe.tɔ.ʁik\ féminin

  1. Science (au sens d’étude structurée) et art (au sens de pratique reposant sur un savoir éprouvé) qui se rapporte à l’action du discours sur les esprits.
    • Une incroyable facilité lui permettait de déployer toutes les pompes de la rhétorique sur n’importe quel sujet, sans le moindre effort ni la moindre préparation. (Julien Green, Samuel Johnson, dans Suite anglaise, 1972, Le Livre de Poche, page 23)
    • Avec Aristote, la rhétorique devient une technique à part entière parce qu’elle est appuyée sur une éthique qui ne place pas l’efficacité au premier rang. (Philippe Breton, La parole manipulée, La Découverte / Poche, 2000, page 63)
    • La rhétorique fut, dès son origine, une forme esthétisante du langage. L'esthétique faisant naturellement référence au sens, la rhétorique était cet art qui cherchait à convaincre non pas en s'appuyant sur la raison, mais en « faisant sensation ». (Charles Le Blanc Le complexe d'Hermès, Presses de l'Université d'Ottawa, 2009, p. 93)
  2. (scolaire) (Désuet) Classe de lycée, équivalente à la terminale actuelle, où l’on enseignait la rhétorique. — Note: Existe encore en Belgique.
    • Sans doute il est à craindre que la rhétorique, c'est-à-dire l'art d'apprendre à écrire sans don naturel, ne continue à priver les jeunes gens d'une année heureuse, et cela sans aucun profit ni intellectuel, ni esthétique [...]
      (Remy de Gourmont, Promenades Philosophiques, Mercure de France, 1913, p. 229)
    • Les compliments de ce maire quand Pasteur obtint, à la fin de la rhétorique, plus de prix qu'il ne pouvait en porter; les nouveaux conseils de Romanet réveillèrent l’ambition normalienne. (René Vallery-Radot, La vie de Pasteur, Hachette, 1900, Flammarion, 1941, p. 18)
    • Si tu n’as fait ta rhétorique
      Chez Satan, le rusé doyen,
      Jette ! tu n’y comprendrais rien,
      Ou tu me croirais hystérique.
      (Charles Baudelaire, Épigraphe pour un livre condamné, dans Les Fleurs du mal)
  3. (scolaire) (Désuet) (QC) Sixième année du cours classique. Note: Le cours classique a été aboli vers la fin des années 1960.
  4. (Par extension) Titre de certains traités de rhétorique.
    • La rhétorique d’Aristote.
  5. Tout ce qu’on emploie dans le discours pour persuader quelqu’un.
    • Le fait est que chacun se réserve au profit de ce qu’il croit ses intérêts particuliers. Cela n’est pas nouveau. Était-ce bien la peine de se mettre en si grande dépense de rhétorique révolutionnaire depuis un siècle, pour aboutir à ce résultat. (Georges Clemenceau, article Mon candidat, du 16 juin 1899; dans Justice militaire, 1901)
    • Jacqueline de Romilly lui emboîte le pas et donne elle aussi une définition tout aussi restrictive de l’agôn tragique :
      "Né de l'habitude du débat judiciaire, perfectionné par la rhétorique du temps, l'art de la joute oratoire était en plein essor. C'était ce qu'on appelait un agôn.[…]."
      (Marc Durand, Agôn dans les tragédies d'Eschyle, L'Harmattan, 2005, p. 12)
  6. (Péjoratif) Affectation d’éloquence, discours vain et pompeux.
    • Les propagateurs de réformes sociales, les utopistes et les démocrates avaient fait un tel abus de la Justice qu'on était en droit de regarder toute dissertation sur un tel sujet comme un exercice de rhétorique ou comme une sophistique destinée à égarer les personnes qui s'occupaient du mouvement ouvrier. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.VII, La morale des producteurs, 1908, p.319)
    • L’abstraction devient la puissance de réflexion, l’inaction une capacité à formuler les problèmes, l’inadaptation une polyvalence, l’indécision la certitude de l'incertain, la rhétorique un agir communicationnel, la complication la conscience de la complexité et l’achiffrisme s'évanouit dans l'usage commune d'une règle de trois appliquée à une langue des affaires qu'on apprend comme n'importe quelle langue. (Alain Etchegoyen, Le capital-lettres : des littéraires pour l'entreprise, éd. François Bourrin, 1990)
    • Ainsi la télévision publique est-elle un thème de débat, une posture obligée, une rhétorique de salon qui mériterait de figurer dans les mythologies des couches cultivées. (Monique Dagnaud, L’État et les Médias: Fin de partie, Éditions Odile Jacob, 2000)
    • Pour simplifier, on peut comparer cela à un talk-show télévisé. À côté de notre animateur préféré se tiennent les combattants de la rhétorique, bien alignés pour s'interpeller à volonté. Parfois, ils parlent tous en même temps, tant et si bien qu'il est impossible d’y comprendre quoi que ce soit. (Henning Beck, Les erreurs du cerveau : un super-pouvoir, traduit de l'allemand par Marie-Céline Trivier-Georg & Magali Guenette, Editions Michel Lafon, 2018)

traductions


Ce texte est extrait du Wiktionnaire et il est disponible sous licence CC BY-SA 3.0 | Terms and conditions | Privacy policy 0.004
Dictionnaire Français