religion
étymologie
Du latin religio lui-même d’origine incertaine. Gaffiot le rattache à relego, relegěre (rassembler de nouveau, recueillir de nouveau), à la suite de Cicéron , avec le sens de religion, scrupule religieux, parfois aussi superstition. D’autres auteurs anciens rattachent religio à religo, religāre (lier, attacher)
La question n'était pas tranchée dans l’Antiquité, et elle continue à faire débat aujourd'hui. Voir une courte bibliogr. ancienne dans Ernout, Meillet, André – 1994, s. v.

nom

SingulierPluriel
religionreligions

religion \ʁə.li.ʒjɔ̃\ féminin

  1. Système de représentation du monde et de croyances fondé sur la foi, et consolidé par l’accomplissement de rites dans le cadre d’un culte rendu à une ou plusieurs puissances, souvent célestes.
    • Et que se peut refuser la faiblesse humaine, pendant que le monde lui accorde tout ? N’est-ce pas là qu’on apprend à faire servir à l’ambition, à la grandeur, à la politique, et la vertu, et la religion, et le nom de Dieu ? (Bossuet, Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre, 1670)
    • La femme de l’orateur ayant mis la tête à la fenêtre, et avisant un homme qui doutait que le pape fût antéchrist, lui répandit sur le chef un plein… O ciel ! à quel excès se porte le zèle de la religion dans les dames ! (Voltaire, Candide, ch. 3, 1759)
    • ''L’aumônier répondit : Que sa religion, son état, les bonnes mœurs et l’honnêteté ne lui permettaient pas d’accepter ces offres./>Orou répliqua : — Je ne sais ce que c’est que la chose que tu appelles religion ; mais je ne puis qu’en penser mal, puisqu’elle t’empêche de goûter un plaisir innocent, auquel nature, la souveraine maîtresse, nous invite tous ; de donner l’existence à un de tes semblables ; de rendre un service que le père, la mère et les enfants te demandent ; de t’acquitter avec un hôte qui t’a fait un bon accueil, et d’enrichir une nation, en l’accroissant d’un sujet de plus. (Diderot, Supplément au voyage de Bougainville'', 1796)

    • Son enfance s’était passée calme et décolorée dans les pratiques religieuses ou plutôt superstitieuses qui, au Mexique, forment le fond de la religion. (Gustave Aimard, Les Trappeurs de l’Arkansas, Éditions Amyot, Paris, 1858)
    • Je crois confusément à beaucoup de choses ; par dessus tout, à l’existence de Dieu, sinon aux dogmes de la religion […] (Henri Barbusse, L’Enfer, Éditions Albin Michel, Paris, 1908)
    • Les ouvriers n’ont même pas complètement tort lorsqu’ils regardent la religion comme un luxe bourgeois, parce qu’en effet la religion n’a pas de ressources pour faire perfectionner les machines et pour donner des moyens de travailler plus rapidement. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chap. VII, La Morale des producteurs, 1908, p. 363)
    • Toutes les religions et toutes les morales ont tendu à jeter un voile sur la gesticulation fornicatoire qui est, cependant, à la base de la vie […] (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette ↗, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 118)
    • La Gaule était restée longtemps en dehors de cette christianisation. Pendant près de deux siècles, le paganisme résista aux entreprises de la nouvelle religion. (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
    • […] et c’est seulement après 1967 que le philosophe laïque syrien Sadiq Jalal al-Azm refusa hautement de voir dans la religion une voie d’avenir efficace. (Panayiotis Jerasimof Vatikiotis, L’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992, pp. 108-109)
  2. (religion) Culte qu’on rend à la divinité.
    • Affichant non sans panache un athéisme militant, il appelle à en finir avec une certaine tolérance envers les religions monothéistes, intrinsèquement intolérantes et pétries de haine. (Basile de Koch, Histoire universelle de la Pensée : de Cro-Magnon à Steevy, 2005)
    • La religion antique, chrétienne, hindoue, juive, japonaise, musulmane ; une religion de la nature, païenne, primitive, polythéïste ; une fausse religion, une religion nouvelle.
    • La religion dominante; une religion minoritaire, opprimée, persécutée, disparue.
    • (Par extension) Une religion laïque.
  3. (Sens courant) Doctrine religieuse.
    • Les Deux sources de la morale et de la religion est un ouvrage de Bergson (1932).
    • Le livre de M. Charles Baudelaire intitulé Les Fleurs du Mal est un défi jeté aux lois qui protègent la religion et la morale. […] À côté de ces pièces et de quelques autres où l’immortalité de l’âme les plus chères croyances du christianisme sont mises à néant, il en est d’autres qui sont l’expression de la lubricité la plus révoltante […] (Rapport de la Direction Générale de la Sûreté publique du 7 juillet 1857, au Ministre de l’Intérieur)
    • […] et, quand M. de Bonald est venu réclamer à la Chambre, en 1816, au nom de la religion catholique redevenue religion de l’État, le rétablissement de l’indissolubilité du mariage, il s’est bien gardé de réclamer en même temps et au même titre le rétablissement de l’éternité des vœux ecclésiastiques. (Alexandre Dumas fils, La Question du divorce, 12e éd., 1880, p. 176)
  4. Foi ; croyance ; piété ; dévotion.
    • La religiosité, soit au lieu de la réalité l’apparence, remplace donc la religion au Morvan, du moins d’après quelques écrivains. (Abbé Guignot, Essai sur Quarré-les-Tombes ; ses sarcophages mérovingiens et sa station préhistorique, impr. Bousrez, Tours, 1895, p. 49)
    • Toute l’histoire de Julie était dans ce cri profond, cri de nature et d’amour auquel les femmes sans religion succombent ; Arthur la saisit et la porta sur le canapé. (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
  5. (En particulier) Conception particulière de la foi qu’un croyant fidèle à l’Église exprime dans son œuvre.
    • La religion de Pascal, de Claudel, de Mauriac, de Bernanos, de Teilhard de Chardin.
    • Une religion qui serait seulement faite de conventions extérieures, d’attitudes et de formes serait sans action sur la conscience et ne changerait rien aux secrets de la vie intime. (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
  6. (Droit canon) État des personnes s’étant engagées par des vœux solennels à suivre une règle au sein d’un ordre monastique.
    • Ce bénédictin a trente ans de religion.
    • Mademoiselle X., en religion sœur sainte Geneviève, sœur Angèle.
  7. (Désuet) (Absolument) Ordre de Malte.
    • Ce chevalier avait servi tant d’années la religion. — Les galères de la religion.
  8. (Désuet) (Absolument) Religion prétendue réformée.
    • ''— Beaucoup de huguenots, oui, Monsieur, répondit brusquement La Hurière ; puis se reprenant : Ah ! pardon, dit-il ; ces Messieurs sont peut-être de la religion ?/>— Moi, de la religion ! s’écria Coconnas ; allons donc ! je suis catholique comme notre saint-père le pape. (Alexandre Dumas, La Reine Margot'', 1845, volume I, chapitre IV)

  9. Scrupule, obligation rigoureuse qu’on s’impose, respect de règles presque sacrées.
    • Si tu veux être un homme remarquable, il faut faire de ta parole une seconde religion, et y tenir comme à ton honneur. (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • Si l’orthographe est devenue une religion, Monsieur P. passe à coup sûr auprès des téléspectateurs pour en être le grand-prêtre.
synonymes antonymes

Opposé à la religion


traductions


Ce texte est extrait du Wiktionnaire et il est disponible sous licence CC BY-SA 3.0 | Terms and conditions | Privacy policy 0.005
Dictionnaire Français