misère
étymologie
Du latin miseria, de miser, « malheureux ». (XIIe siècle) miserie.

nom

SingulierPluriel
misèremisères

misère \mi.zɛʁ\ féminin

  1. Condition, état de celui qui inspire la pitié.
    • L’attitude de la théologie chrétienne à l’égard des juifs a été fixée dans le début du IVe siècle (concile de Nicée, 325) : le judaïsme ne doit pas disparaître, il doit vivre, mais dans un état d’avilissement et de misère tel qu’il fasse nettement apparaître aux yeux des croyants comme des incroyants le châtiment infligé par Dieu à ceux qui n’ont pas voulu reconnaître la divinité de Jésus. (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
  2. (En particulier) (religion) État de faiblesse et de néantise de l’homme.
    • [...] il est également dangereux à l'homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître le Rédempteur qui peut l'en guérir. (Blaise Pascal, Pensées)
    • Le dogme de l’incurable méchanceté de l'homme a, d'ailleurs, chez certains de ses adeptes, une autre racine : un plaisir romantique à évoquer la race humaine murée dans une misère fatale et éternelle. (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, édition revue & augmentée, Grasset, 1946, page 194)
  3. (Spécialement) Privation des choses nécessaires à la vie.
    • La misère qui règne est indescriptible. Les troupes ont transformé les environs en un vaste désert, où il ne reste plus un habitant, plus une tête de bétail, plus un boisseau de grain. L'intendance ne réussit plus à pourvoir aux besoins de tous les ventres affamés dont elle a la charge. (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 96)
    • Comme approchait le jour de l’inauguration du nouveau président, le désordre, la crainte et la misère étendaient leur empire. (André Maurois, Chantiers américains, 1933)
    • Ayant une suffisante connaissance des taudis de Marseille, je m’imaginais que leur misère n’était guère dépassable. (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • Ainsi toute cette philosophie sert à voiler les misères de l’époque […] Elle sert à détourner les exploités de la contemplation périlleuse pour les exploiteurs, de leur dégradation, de leur abaissement. (Paul Nizan, Les Chiens de garde, 1932)
    • La misère, quoi qu’on en pense, n’incite pas au crime […] (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • La Pauvreté, ah ! la garce ! Elle va dans un cortège d’humiliations, de basses rancunes, de fangeuses abdications. Elle traîne, derrière elle, sa sœur la Misère, au rire édenté, aux orbites desséchées, aux doigts mous. (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette ↗, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 34)
  4. (En particulier) (histoire) (musique) Au XVIIIe siècle, chanson anonyme décrivant les épreuves et malheurs de certaines professions.
    • Au XVIIIe siècle est apparu un nouveau genre, celui des complaintes des métiers, poèmes populaires anonymes qui décrivaient les épreuves et malheurs de certaines professions. Ces textes qui firent le bonheur des éditeurs de colportage étaient intitulés Misères. Je possède quelques-uns de ces livrets : La Misère des clercs de procureurs, La Misère des garçons chirurgiens, La Misère des apprentis imprimeurs [...]. (Gérard Oberlé, La vie est ainsi fête, Grasset, 2007, chronique du 1er mai 2003, pages 63-64)
  5. (Figuré) Bagatelle, chose de peu d’importance et de valeur.
    • On ne s’étonnera donc pas du sang-froid avec lequel il accueillit les applaudissements de la Société Royale ; il était au-dessus de ces misères, n’ayant pas d’orgueil et encore moins de vanité […] (Jules Verne; Cinq semaines en ballon)
    • C'est une vieille R5 blanche qui agonise. Je l'ai achetée parce qu'elle valait une misère. (Boris Tzaprenko, Noti Flap, vol.1: Rien à dire, c’est du grand Art, à compte d'auteur, 2008, chap. 20)
    • Alphonse lui-même, qui semblait encore le meilleur de tous, eh bien ! ma chère, il s’est brouillé avec moi pour une misère. (Perlette, chap.4, dans l'Artiste : Revue de Paris, 1847, 4e série, vol. 9, page 198)
    • Il a l’air de se bien porter, mais il a toujours quelques misères de santé.
  6. Métaphore pour désigner le sexe masculin.
    • « Cachez votre misère, père Milon, allons il y a des enfants. » (Annie Ernaux, La femme gelée, 1981, réédition Quarto Gallimard, page 346)
  7. (botanique) Nom usuel d’une plante ornementale de la famille des commélinacées.
    • Ces formations filamenteuses, observées pour la première fois dans les cellules du pollen de Tradescantia (nom populaire: misère), furent baptisées chromosomes par Waldeyer en 1888. (Marc Maillet, Biologie cellulaire, 2006)
  8. Difficulté. voir avoir de la misère
    • ''C’est une grande misère que les meilleurs procès.
    • C’est une misère que d’avoir affaire à lui.
    • Mais j'eus bien des misères à l'école avec tous ces nombres ! Avec le calcul c'était encore pire. (Heinrich Heine, Le Livre de Le Grand, chap.7, traduit de Ideen, das Buch le Grand (1827) par Claire Placial, Le festin de Babel : Bibliothèque de traductions (https:/ /lefestindebabel.wordpress.com), 2012)
    • Je partis de Paris, j'y revins et, me trouvant sans place, j'eus beaucoup de misère. […]. Les années 1865-66-67 ne furent pas brillantes pour les coiffeurs, et surtout pour moi, qui exerce cette profession. (Thésée Pouillet, La Spermatorrhée, Delahaye, 1877, page 141)
  9. Malchance.
    • C’était la poisse, la pouille, la misère, la débine. (Raymond Queneau, Loin de Rueil, Gallimard, 1944, Édition Folio, 2003, page 200)

traductions
traductions
interjection

misère \mi.zɛʁ\

  1. S’emploie pour marquer la consternation, le désespoir ou l’exaspération.
    • Qu’est-ce qu’il y a ? Ah ! misère, le pauvre enfant est blessé ! (Colette Vivier, La maison des petits bonheurs, 1939, éd. Casterman Poche, page 16.)
    • La concierge, Mme Misère. C’est papa qui l’appelée comme ça, parce qu’elle gémit tout le temps : « Misère, misère ! ». (Colette Vivier, La maison des petits bonheurs, 1939, éd. Casterman Poche, page 20.)
    • Misère, misère !… Ah, vous ne pouvez pas comprendre, vous les soldats qui êtes en plein dans l’action, les sentiments qui nous animent à l’arrière. (Jean Charbonnel, ‎Étienne Borne, Edmond Michelet, 1987)
forme fléchie

misère \mi.zɛʁ\

  1. Première personne du singulier du présent de l’indicatif de misérer.
  2. Troisième personne du singulier du présent de l’indicatif de misérer.
  3. Première personne du singulier du présent du subjonctif de misérer.
  4. Troisième personne du singulier du présent du subjonctif de misérer.
  5. Deuxième personne du singulier de l’impératif présent de misérer.



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