sentiment
étymologie
De l’ancien français sentement.

nom

SingulierPluriel
sentimentsentiments

sentiment \sɑ̃.ti.mɑ̃\ masculin

  1. (vieux) Action ou faculté de sentir, de recevoir des impressions.
    • Perdre le sentiment.
    • Il semble qu’il soit mort, il n’a plus de mouvement ni de sentiment.
  2. Faculté que nous avons de connaître, de comprendre, d’apprécier, de sentir directement certaines choses sans le secours du raisonnement, de l’observation ou de l’expérience.
    • […], tout ce désordre fantastique et grimaçant au milieu des ténèbres et de l'humidité froide qui tombe comme un suaire, laisse dans le cœur et dans les nerfs un long sentiment d'horreur. (Hippolyte Taine, Voyage en Italie, vol.2, 1866)
    • Nous aurions pu discuter à l'infini sans tomber d'accord sur la nécessité qu'évoquait l'inspecteur. C'était, en effet, plus au sentiment qu'à la raison qu'il appartenait, somme toute, de nous départager. (Francis Carco, Messieurs les vrais de vrai, Les Éditions de France, Paris, 1927)
    • J'ignorais […] quelles abominations pouvaient s'y perpétrer et jusqu'où se dégradaient les sentiments les plus sacrés.(Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954)
    • J'étais alors d'une candeur stupéfiante et d'une délicatesse de sentiment si raffinée que, pour recevoir galamment une « femme mariée » qui me venait voir, j'avais allumé toutes les bougies de mes deux candélabres. (Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
  3. Quelqu’une des affections, des passions, des émotions ; et généralement de tout phénomène de la vie affective.
    • Mais la raison est toujours mesquine auprès du sentiment ; l'une est naturellement bornée, comme tout ce qui est positif, et l'autre est infini. (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
    • La jalousie est un sentiment qui semble être surtout propre aux êtres passifs ; les chefs ont des sentiments actifs, et la jalousie se transforme chez eux en une soif d'arriver, coûte que coûte, aux positions les plus enviées, […]. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Chap.V, La grève générale politique, 1908, p.228)
    • La musique exprime les sentiments, mais elle serait bien empêchée de les définir, et, sans le commentaire des paroles, absent de la musique instrumentale, l’auditeur reste toujours dans un certain vague quant à la nature et à l'objet du sentiment dont s'est inspiré le musicien. (Pierre Lasserre, Philosophie de Goût musical, Les Cahiers verts n° 11, Grasset, 1922, p.50)
    • […]; j'éprouvai pour cet officier une sympathique confiance qui s'accentua, dans la suite de nos rapports. La fréquentation des Danois a toujours provoqué chez moi des sentiments de même nature ; […]. (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
    • Toutefois, si un magnanime sentiment de fraternité s'imposait sincèrement et définitivement, sans arrière pensée, à tous les esprits européens, alors nous n'aurions pas à nous inquiéter du cosmopolitisme marseillais, intéressant embryon de la civilisation future. (Ludovic Naudeau, La France se regarde : le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
    • La grande forêt des Ardennes est une des plus chargée de mystères. […]. L'hiver, lorsque la neige a cessé de tomber depuis quelques jours, lorsque l’armée des sapins noirs immobiles se détache sur le sol blanc, le voyageur solitaire doit se défendre contre un sentiment de crainte, presque d'angoisse. (Georges Blond, L'Agonie de l'Allemagne 1944-1945, Fayard, 1952, p.130)
    • être capable de sentiment, se piquer de sentiment, Avoir l’âme sensible, délicate, se piquer de sensibilité, de délicatesse d’âme.
    • Sentiments naturels, mouvements qui sont inspirés par la nature.
    • La tendresse des pères envers leurs enfants et celle des enfants envers leurs pères sont des sentiments naturels.
  4. Disposition à être facilement ému, touché ou attendri.
    • Feindre, jouer le sentiment.
    • Il agit trop par sentiment et trop peu par raison.
  5. Opinion qu’on a de quelque chose ; ce qu’on en pense ; ce qu’on en pressent.
    • Jusqu’ici, il s’était promené avec son fusil sous le bras, plein d’un sentiment d’altière sécurité, […]. (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 356 de l’éd. de 1921)
    • Pavlov ne s'est pas borné à abdiquer simplement la psychologie en tant que science. Il voyait naître en lui le sentiment d'hostilité irréconciliable envers cette « alliée de la physiologie » qui n'a pas fait ses preuves. (E. Asratian, I. Pavlov : sa vie et son œuvre, page 78, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1953)
    • Elle faisait face à l'étagère où étaient regroupés mes vinyles. J'ai eu le sentiment qu'elle était en train de juger ma discothèque et qu'à travers elle, elle me jugeait moi. (Olivier Martinelli, Une Légende, E-fractions éditions, 2014, chap.5)
  6. (chasse) Traces et odeurs laissées par un gibier.
    • […] ses ruses et ses détours sont inutiles ; il n'a d'autre ressource que de fuir la terre qui le trahit, et de se jeter à l'eau pour dérober son sentiment aux chiens. (Georges-Louis Leclerc de Buffon, Histoire naturelle des animaux, « Le Cerf », in Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, 2007, page 712.)
synonymes

Faculté à sentir :


traductions


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