savoir
étymologie
Du latin populaire sapēre, en latin classique sapĕre, « avoir de la saveur », avec influence de sapiens#la|sapiens « sage », d’où « être perspicace », « comprendre », puis « savoir », et élimination du classique scire « savoir ». Très ancien français : savir (Serments de Strasbourg), puis saveir, et enfin savoir. Pendant très longtemps, du moyen français jusqu'au XVIIIe siècle, le mot s’écrivait sçavoir par fausse régression au latin classique scire (« savoir »). Il fallut attendre 1740 pour que l’Académie française enregistrât, en la troisième édition de son dictionnaire, le mot sous sa graphie actuelle.

verbe

savoir \sa.vwaʁ\ transitif conjugaison

  1. Connaître ; avoir connaissance de.
    • […] ils n'ignorent rien de tout cela et savent notamment fort bien que c'est en l’affirmant qu'ils créeront cette éternité de barbarie nécessaire au maintien des institutions qui leur sont chères. (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, édition revue & augmentée, Grasset, 1946, p.194)
    • Les potamologues savent que les levées de la Loire ne tiendront pas si des crues comme celles de 1854 et 1864 se reproduisent. Les renforcer coûterait cher et obligerait à déplacer des gens. (Daniel Zajdenweber, Regard sur l'assurance des catastrophes, Propos recueillis par Margueritte Laforce et Guillaume Maujean, Les Échos (www.lesechos.fr), le 18/04/2006)
    • J'ignore quel est le crétin qui est arrivé à la conclusion qu’une image vaut mille mots, et si je le savais, je trouverais le moyen de lui régler son compte en chambre noire. (Ofir Touché Gafla, Le Monde de la fin, Éditions Actes Sud, 2015, chap. 5)
    • ''Tu sais, ô mon seigneur, que je sais que tu sais/>Que je viens pour jouir plus près de ta présence,/>Et tu sais que je sais que tu sais qui je suis :/>Lors à nous saluer pourquoi donc tant tarder ? (Michel-Ange, Poésies'', traduction de Michel Orcel, XIX)

  2. Avoir dans la mémoire.
    • Arsène André étend ce mépris aux méthodes scolaires. […] une pédagogie qui refuse par système le bénéfice éprouvé des leçons sues par cœur. (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • L’écolier sait sa leçon. L’actrice sait mal son rôle. — L’orateur savait son discours par cœur.
  3. Posséder quelque science, quelque art, être instruit, habile en quelque profession, en quelque exercice.
    • Le bon Piqueur doit sçauoir bien parler en cris, & langages plaisans aux chiens, crier, hucher, & houpper ses compagnons, forhuer en mots longs, & sonner de la trompe. (René François, Essay des merveilles de nature et des plus nobles artifices, 1632, page 18)
    • L’éducation moyenne atteignait un niveau extraordinaire, et, à l’aube du XXe siècle, on trouvait relativement peu de gens, dans l’Europe occidentale, qui ne sussent lire et écrire. (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 407 de l’éd. de 1921)
    • On ne peut tout savoir. — Savoir jouer du violon. — Savoir danser. — Savoir se battre.
  4. (Absolument) Avoir l’esprit orné et rempli de choses utiles.
    • C’est un homme qui sait. — Il a un grand désir de savoir.
  5. Être accoutumé ou exercé à une chose, la bien faire.
    • La poésie du Divan et la poésie populaire, issues de classes sociales différentes, ont su parfois puiser aux mêmes sources d’inspiration : mais ce qui forme entre elles cloison étanche, c'est la forme de la langue : […]. (Nimet Arzık, Anthologie des poètes turcs contemporains, Gallimard (NRF), 1953, page 10)
    • Savoir parler aux foules. — Il sait persuader. — Il sait plaire.
    • Il sait plaisanter. — Il sait vaincre ses passions. — Il sait se modérer, se contenter de peu.
  6. Avoir le pouvoir, la force, le moyen, l’adresse, l’habileté de faire quelque chose.
    • Je saurai bien le faire obéir. — Je saurai bien me défendre.
    • Je n’y sais, je n’y saurais que faire. — Il n’a su en venir à bout.
  7. Pouvoir. — Note: Dans ce sens, il s’emploie surtout avec le conditionnel et avec la négation ne.
    • Mais si la beauté impressionne les sens, elle ne saurait obtenir d’empire durable et puissant qu’autant qu’elle les subjugue. (Flora Tristan, Les Femmes de Lima, dans la Revue de Paris, tome 32, 1836)
    • Alors, Madame Cordier, parce que Bastien m’a lâché, parce que Bastien ne part plus au Canada, moi je ne saurais plus y partir ? (Charles Vildrac, Le Paquebot Tenacity, acte III, scène 2, 1920)
    • Je ne saurais faire ce que vous me dites. — Ne sauriez-vous aller jusque-là ? — On ne saurait avoir plus d’esprit.
    • Couvrez ce sein que je ne saurais voir. (Molière, Tartuffe, acte III, scène II, 1664)
  8. (Belgique) PouvoirNote: Dans le sens « avoir la capacité de ». Il peut être à l’indicatif, dans une phrase positive.
    • Sais-tu me passer le sel ?
    • Je ne sais pas venir au rendez-vous, j’ai un empêchement.
  9. Apprendre, être instruit ou être informé de quelque chose.
    • […] je ne sache pas qu’ils aient jamais rompu des lances contre les espéran­ces insensées que les utopistes ont continué de faire miroiter aux yeux éblouis du peuple. (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chap. IV, La Grève prolétarienne, 1908, p. 169)
    • Elle ne salait les mets qu’après la cuisson, bien qu’elle sût à quel point la fadeur lui en était désagréable. (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 23)
    • Désormais, pour continuer de se voir, il faut aux amants user de subterfuges. Après tout, il est prêtre, elle est mariée, tous deux savent ou devraient savoir que cela finira mal. (Jean-Paul Desaive, Délits sexuels et archives judiciaires (1690–1750) , Communications, vol. 46, n°46, 1987, page 119)
    • Je sais fort bien qui est Mr Kipling, bien que vous ayez cru bon dans votre "Étude en rouge" de me faire passer pour un béotien en décrivant ma culture littéraire comme nulle ! (Philippe Chanoinat (scénario) & Frédéric Marniquet (dessin), Les Archives secrètes de Sherlock Holmes, vol. 3 : Les adorateurs de Kâli, éd. Glénat BD, 2017, p. 23)
  10. (En parlant d’une personne ou d’une chose) Être informé qu’une personne ou qu’une chose existe ou peut être trouvée.
    • Je sais un habile horloger qui demeure près d’ici.
  11. Connaître, reconnaître, distinguer.
    • ''Derrière l’objectif de l’appareil photo, derrière les phrases rituelles […], on est quelqu’un que les autres ne savent pas./>Laurence me savait. Je l’avais cru, du moins. (Philippe Delerm, Quiproquo'', nouvelle, supplément au magazine « Elle », 1999, page 4.)

  12. (Archaïsme) À savoir ; précède une explicitation par une énumération.
    • Différents effets à l'usage des dits appartements lesquels sont chez le concierge. Sçavoir, : 29 chandelliers argent, 30 paires de cuivre, mouchettes argent haché, 62 bougeoirs ferblanc. (Cordier, « Inventaire général des meubles du château roïal de Commercy », 1764 ; dans le recueil d’Albert Jacquot, Le mobilier, les objets d’art des châteaux du roi Stanislas, duc de Lorraine, 1907, page 75)
synonymes
traductions
traductions
traductions
nom

SingulierPluriel
savoirsavoirs

savoir \sa.vwaʁ\ masculin

  1. Ensemble des connaissances acquises par l’étude, par l’expérience.
    • Nous croyons que la plus grande partie des maux qui affligent les hommes découle de la mauvaise organisation sociale ; et que les hommes, par leur volonté et leur savoir, peuvent les faire disparaître. (Errico Malatesta, Le Programme anarchiste)
    • […] mais leur savoir ils l’ont acquis d’aventure, à la diable, en dehors des règles traditionnelles édictées à propos, méditées par des compétences. (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Chacun revendique sa place dans l’Histoire, tout le monde sait et s’exprime —et Wikipédia résulte de cette croyance en ce partage des savoirs dont chacun serait pour une parcelle le détenteur… (Joseph Morsel, avec la collaboration de Christine Ducourtieux, L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de combat…, 2007)
    • Trois nouveaux courants, fort opposés, s’imposent : l’épicurisme, le stoïcisme et le scepticisme ; leur point commun est l’attention accordée aux questions éthiques, au point que le savoir lui-même se laisse subordonner à cette visée. (Lambros Couloubaritsis, Aux origines de la philosophie européenne : De la pensée archaïque au néoplatonisme, De Boeck Supérieur, 2003, page 571)
    • Sur deux pages, la spécialiste internationale du jupon nous éblouit de son savoir encyclopédique et de son sabir savant. (François-Xavier Ajavon, Comment se libérer de ce foutu... Libé !, sur RING : News, culture & société (www.surlering.com), le 27 mars 2010)
    • Un papyrologue est de ce rythme-là. Pouvant passer des années à déchiffrer un papyrus, accumulant patiemment le savoir comme on collecte la rosée dans le désert, il est le contrepoids indispensable à notre société productiviste dopée à l’Internet. (Iegor Gran, Entretien avec Daniel Delattre, papyrologue : « Avec la technologie, on a l'impression de comprimer le temps », dans Charlie hebdo n°1240 du 27 avril 2016, page 15)
synonymes
traductions
conjonction

savoir \sa.vwaʁ\

  1. (ellipse) À savoir.
    • L’asperge des boutiques est de deux sortes, savoir la semable, & la sauvage […] (Joseph Pitton de Tournefort, Traite de la matière médicale, ou l’histoire et l'usage des médicaments, et leur analyse chymique, tome 1, 1717, p. 289)
    • II y a six degrés d’âges ; savoir : l’enfance proprement dite, infantia ; la seconde enfance, pueritia; l’adolescence, la virilité, la vieillesse et la décrépitude. (Dictionnaire des sciences médicales, volume 52, Charles-Louis-Fleury Panckoucke, París, 1821, page 415)
    • Ainsi, en ce qui concerne le travail national'', il est encouragé dans la mesure de 15 fr., savoir :/>10 fr. qui vont à l’article Paris ;/>5 fr. qui vont à la librairie./>Et quant à Jacques Bonhomme, il obtient pour ses 15 fr., deux objets de satisfaction, savoir :/>1° Un quintal de fer ;/>2° Un livre. (Frédéric Bastiat, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas'', 1850)

    • […] le lecteur pourra se convaincre de ce que nous affirmerons sans cesse au long de cet ouvrage, savoir que les documents réels (et pas ceux « cités » comme « disparus » !) ne sont jamais antérieurs au quatrième siècle. (Robert Ambelain, Jésus ou le mortel secret des Templiers)
  2. (familier) Pour marquer qu’on doute que quelque chose.
    • Vous me dites qu’ils contribueront tous également à cette affaire, savoir si vous en serez approuvé.



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