bouder
étymologie
De l’onom bod désignant quelque chose d’enflé comme l’est la lèvre du boudeur ou de la boudeuse [1].
Pour le lien sémantique avec lèvre voir faire la lippe.
Au sujet de l’onomatopée bod voir boudin, boudine, boursoufler

verbe

bouder \bu.de\ transitif et intransitif conjugaison (pronominal : se bouder)

  1. Témoigner par une certaine expression du visage ou par son silence que l’on est mécontent de quelque chose.
    • Lorsqu'ils se retrouvaient tous les deux, il aurait pu bouder pendant des heures ; mais le temps leur était chichement mesuré. Claude éclatait en imprécations, donnait libre cours à sa violence. A son tour, la jeune fille piquait la mouche et ne soufflait plus mot. C'était à désespérer ! (Jean Matter, Parsifal ou Le pays romand, Éditions La Baconnière, 1969, p. 71)
    • La môme boudait et me regardait avec insistance, au point que j'en vins à soupçonner que, si je ne faisais rien pour lui rendre ce que je lui avais pris, je devrais supporter ses reproches jusqu'à la fin de mes jours, ce qui, bien sûr, serait mauvais pour ma santé. (Matilde Asensi, Le Pays sous le ciel, traduit de l'espagnol par Anne-Carole Grillot, Éditions Charleston, 2013, page 312)
  2. (familier) Faire comme l’enfant qui, par caprice ou mutinerie, ne veut pas manger.
    • Bouder contre son ventre.
  3. (Jeu de dominos) Ne pas jouer, pour le joueur qui n’a pas de numéro à placer.
  4. Montrer qu'on est mécontent de quelque chose, de quelqu’un.
    • Votre lettre m’a fait grand plaisir, mon bien bon ami. Votre silence m’inquiétait : je craignais que vous ne me boudassiez. (« Lettre III, de Duméril, à Paris, le 4 fructidor an IX », dans Bretonneau et ses correspondants : ouvrage comprenant la correspondance de Trousseau et de Velpeau avec Bretonneau publié avec une biographie et des notes, par Paul Triaire, tome 1, Paris : chez Félix Alcan, 1892)
    • Je suis bien fâché, mon cher Du Pont, que vous ayez pris pour me venir voir le moment où j’étais sorti pour la seconde fois. J’ai pourtant été bien aise de vous voir sur ma liste, car je commençais à craindre que vous ne fussiez malade ou que vous ne me boudassiez par attachement pour le despotisme légal. (« Lettre de Turgot, à Du Pont de Nemours, du dimanche 20 novembre » , dans Œuvres de Turgot et documents le concernant, avec biographie et notes, par Gustave Schelle, tome 2, Paris : chez Félix Alcan, 1914, page 677)
  5. (Figuré) Rechigner ; renâcler.
    • J'avais mangé comme un glouton la moitié de mon assiette mais, à présent, mon estomac boudait. Je posai mes couverts, poussai légèrement mon assiette, et cherchai du courage pour parler à Charly. (Claudia Nolliac, On n'oublie jamais, éd. Nouvelles Plumes, 2015, chap. 15)
    • Cependant, dans leur idée ([…]), je devais malgré tout observer et respecter devant eux ma qualité de noble, c'est-à-dire me dorloter, faire des manières, les dédaigner, me montrer difficile à tout propos, bouder à la besogne. C'était ainsi qu'ils comprenaient le noble. (Fiodor Dostoïevski, Récits de la maison des morts, traduit par Pierre Pascal, Flammarion, 1980, chap. 6, rééd. 2014)
    • Repris à son exemple de toutes les ardeurs de la jeunesse, la cinquantaine de l’Écossais ne boudait pas au plaisir. Il savait que les femmes de l’aristocratie devenaient après leur mariage des meubles de communauté pour la famille et les amis de leur mari. (Jean Daridan, John Law: père de l'inflation, Les Éditions Denoël, 1938, page 78)
  6. (intransitif) (jardinage) (vieilli) Se dit d'un arbre qui ne profite pas.
    • Arroser fortement, immédiatement après leur Plantation, tous les arbres qu'on plante, seroit sans doute un moyen propre à les empêcher souvent de bouder; mais la dépense, & même souvent la presqu'impossibilité de le faire, s'y opposent. (Henri-Alexandre Tessier, André Thouin et Louis-Augustin-Guillaume Bosc, Dictionnaire de la culture des arbres et de l'aménagement des forêts dans: Encyclopédie méthodique, tome V, article "Plantation", Chez H. Agasse, Paris, 1813, page 668)
  7. (pronominal) Se montrer mutuellement que l’on est mécontent.
    • […], mes parents ne se parlaient presque jamais. Non qu'ils se boudassent ; ils s'aimaient beaucoup au contraire, s'entendaient, en toutes choses, le mieux du monde, et l'on ne pouvait rencontrer un ménage plus uni ; mais, habitués à penser la même pensée, à vivre les mêmes impressions, et n'étant point romanesques de leur nature, ils n'avaient rien à se dire. (Octave Mirbeau, L’Abbé Jules: La révolte d’un prêtre, Paris : chez Charpentier, 1888, part. 1, chap. 1)
synonymes
traductions


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