fondre
étymologie
Du latin fundo.

verbe

fondre \fɔ̃dʁ\ conjugaison (pronominal : se fondre)

  1. Liquéfier ou rendre fluide, au moyen de la chaleur, une substance plus ou moins solide.
    • Les roches ignées n’affectent aucune forme spéciale ; elles sont en masses irrégulières et ont à peu près l'aspect que prend un mélange de substances minérales hétérogènes qui, après avoir été fondues, sont abandonnées à un refroidissement lent. (Edmond Nivoit, Notions élémentaires sur l’industrie dans le département des Ardennes, E. Jolly, Charleville, 1869, page 11)
    • — Eh ben je te jure, heureusement qu'elle était pas éternelle, la neige. Elle a fondu presque aussitôt, mais elle nous a laissé une gadoue... les vaches en avaient jusque-là ([…]) et nous jusque-là ([…]). (Olivier Deck, La Neige éternelle, Éditions Albin Michel, 2013)
  2. (Spécialement) Fabriquer, mouler certains objets avec des métaux que l’on fond à cet effet.
    • Un très subtil ouvrier nommé Guillaume Duisy avait fondu pour eux une bombarde qui fut placée à la croiche ou éperon de la poterne Chesneau et qui jetait sur les Tourelles des pierres de cent vingt livres. (Anatole France, Vie de Jeanne d’Arc, chapitre 5: Le Siège d’Orléans, Paris : chez Calmann-Lévy, 1908, volume 1, page 152)
    • Fondre des caractères d’imprimerie. — Fondre des balles.
  3. (Figuré) Unir et combiner une chose avec une autre ; faire que deux ou plusieurs choses, auparavant distinctes, ne forment plus qu’un tout.
    • On préparera, par exemple, par macération au bain-marie, une huile benzoïnée en fondant dans 10 kilos d'huile végétale 0k.500 à 1 kilo de benjoin ou d'acide benzoïque. (Marcel Hégelbacher; La Parfumerie et la Savonnerie, 1924, page 138)
    • La fin ressemblait plus à un épuisement qu'à un arrêt — un diminuendo où le martèlement du rythme se changea en un chuchotement qui se prolongea bien au-delà du vrai silence où il finit par se fondre. (Henry Miller, L'ancien combattant alcoolique au crâne en planche à lessive, dans Max et les Phagocytes, traduction par Jean-Claude Lefaure, éditions du Chêne, 1947)
    • Cette maison de commerce s’est fondue dans une autre, avec une autre.
    • Il réunit ainsi et fond ensemble les propriétés et les avantages des langues agglutinatives et des langues à flexions. (Louis Couturat, Histoire de la langue universelle, 1903, page 306))
  4. (En particulier) (peinture) Mêler des couleurs, des teintes contiguës, les joindre, de manière que le passage de l’une à l’autre soit ménagé.
    • Les nuages, diaprés et à demi transparents, affectent la forme d'immenses draperies suspendues à la voûte du ciel, où toutes les couleurs du prisme se fondent dans une divine harmonie. (Jules Leclercq, La Terre de glace, Féroë, Islande, les geysers, le mont Hékla, Paris : E. Plon & Cie, 1883, page 37)
    • Fondre les couleurs, les teintes. — Fondre une couleur, une teinte avec une autre, dans une autre.
  5. (Figuré) (Par analogie) Disparaitre comme par fusion ou dissolution.
    • Entre la fin du siècle dernier et l’année 2016, la part de l’industrie dans l’activité y a fondu, passant de près de 34 % à moins de 7 %. (A Rouen, l’industrie baisse pavillon)
    • Pendant de longs siècles, la maison resta bien fragile. A peine différente d'une cabane de bois dans les forêts, bicoque de limon très souvent, elle brûlait ou elle fondait pour un rien. (Octave Guelliot, Villages et maison des Ardennes, dans la Revue de folklore français et de folklore colonial, Librairie Larose, 1937, volume 8, page 188)
    • Toute cette grande fortune fondit en quelques années.
  6. (pronominal) (intransitif) Se liquéfier ; se dissoudre.
    • Cette glace fondait un tantinet à midi mais regelait le soir, et, chaque matin, on commençait par la repolir avec amour. (Louis Pergaud, Deux Veinards, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Le maquignon de bas étage teint, en tout ou en partie, les robes pour rendre un équipage similaire, au risque de s’exposer à voir fondre la nuance sous une averse. (Gabriel Maury, Des ruses employées dans le commerce des solipèdes, Jules Pailhès, 1877)
    • Sur la pente des toits exposés au soleil, la neige commença à mollir, puis elle fondit presque aussitôt et un bruit d'eau dégorgeant des chanlates ou ruisselant des tuiles sur la chaussée, annonça le dégel. (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 157)
  7. (pronominal) (intransitif) Diminuer rapidement, se réduire à rien.
    • Cette armée se fondit en quelques marches.
  8. (pronominal) (intransitif) (Figuré) (Absolument) S'attendrir, s'amollir, en parlant des choses morales.
    • Ta fille indigne fondait devant ce garçon, molle, faible, prête. (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 33)
    • C'était bête ! Voilà que ce mot, prononcé par elle, suffisait à le faire fondre et qu'il devait détourner la tête. (Georges Simenon, Le Blanc à lunettes, ch. IV, Gallimard, 1937)
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