bête
étymologie
(XIe siècle) De l’ancien français beste, issu du latin bestia (sens identique).

adjectif

SingulierPluriel
bêtebêtes

bête \bɛt\ masculin et féminin identiques

  1. (injur) Sot, stupide, abruti, etc., en parlant de la conduite, des propos, des manières, etc.
    • […] j’ai bien cru que c’était une de ces femmes comme on en voit beaucoup, qui prennent un mari pour avoir une contenance, qui le choisissent riche pour se donner du bon temps, et bête pour le duper sans danger. (Casimir Colomb, « Mademoiselle Renée », dans La Revue des deux mondes, tome LXXXVIII, 1870, p. 154)
    • – Imbécile de cataracte ! – maugréa Bert. – Y a-t-il rien de plus bête que de tomber comme ça tout le temps. (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 361 de l’éd. de 1921)
    • Il a connu aussi un idiot, qui vendait des journaux et auquel on n’a jamais pu repasser une pièce fausse; il ne faudrait pas croire que les idiots soient plus bêtes que les autres. (Jean Giraudoux, Retour d’Alsace - Août 1914, 1916)
    • La SNCB n’utilise pas de composteurs automatiques réservés à la clientèle, cela évite sans doute la confusion contrôlés contrôleurs, pas bêtes les Belges ! (Pascal Liandrat, Aventure poétique en e-mails, vol. 2, Société des Écrivains, Paris, 2014, p. 43)
  2. (Québec) Être en colère, de mauvaise humeur.
synonymes
  • voir idiot#Synonymes 2

traductions
nom

SingulierPluriel
bêtebêtes

bête \bɛt\ féminin

  1. Tout animal autre que l’être humain.
    • Posément le uhlan avait replié sa carte, ressanglé, puis enfourché sa bête. Il disparut. (Paul Margueritte et Victor Margueritte, Le Désastre, Plon-Nourrit & Cie, 86e éd., page 184)
    • Là, un champ labouré n’avait pas été ensemencé ; ici, une pièce de blé était trépignée par les bêtes […] (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 418 de l’éd. de 1921)
    • Dans l’air rafraîchi où une impalpable brume se condensait en rosée, les bêtes levèrent leur mufle humide […] (Louis Pergaud, « Un satyre », dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • […] l’ouverture donnait sur la loge de Gaby Million où la vedette avait laissé ses chiens. Les bêtes se mirent à aboyer.
      — Naturellement c’est plein de cabots, crut devoir déclarer spirituellement Mr. Morgan. Mes girls aussi en trimbaleraient une meute si je le tolérais.
      (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Le Dr Marengo portait un manteau à col de castorette. Sa barbiche, soyeuse et unie, semblait un morceau de la même bête dont le pelage ornait son vêtement. (Dominique Fernandez, Dans la main de l'ange, éd. Grasset, 1982, chapitre 3)
  2. (ellipse) Bête sauvage.
    • Par là, en effet, et par cet instituteur moitié homme et moitié bête, ils ont voulu signifier qu’un prince doit avoir en quelque sorte ces deux natures, et que l’une a besoin d’être soutenue par l’autre. Le prince, devant donc agir en bête, tâchera d’être tout à la fois renard et lion : car, s’il n’est que lion, il n’apercevra point les piéges ; s’il n’est que renard, il ne se défendra point contre les loups ; et il a également besoin d’être renard pour connaître les piéges, et lion pour épouvanter les loups. Ceux qui s’en tiennent tout simplement à être lions sont très-malhabiles. (Nicolas Machiavel, Le Prince, chapitre XVIII, 1513)
    1. (chasse) Pièce de gibier, tout animal qu’on poursuit dans les chasses à courre.
      • Relancer la bête.
      • La bête donne le change.
    2. Animal féroce que, chez les Romains, on faisait combattre dans le cirque.
      • Combat de bêtes.
      • Ces martyrs furent exposés, livrés aux bêtes.
  3. (religion) (Au singulier) Le mal ; le malin ; le diable.
    • […] toutes deux dramatisées par le discours polémique qui tente de faire vivre l’imminence eschatologique à travers la prise de conscience d’une surgie de la Bête remplie d’ordure et d’impiété […] (Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu : la violence au temps des troubles de religion (vers 1525 - vers 1610), Champ Vallon, 2005, page 262)
  4. (jeux) (cartes) Jeu de cartes auquel on joue à trois, à quatre ou à cinq. Ce jeu, ou un jeu très approchant, s’appelle aussi « bête ombrée ».
    • Jouer à la bête.
  5. (jeux) (cartes) Somme que l’on dépose quand on a perdu un coup et qui reste au jeu pour être payée à celui qui gagnera le coup d’après ou un des coups suivants.
    • Ma bête est sur le jeu.
    • Mettre sa bête.
    • Tirer la bête, gagner la bête.
  6. (Figuré) Personne.
    • La bête est dans nos filets : Nous nous sommes rendus maîtres de telle personne.
    • C’est une fine bête, une maligne bête : Se dit d’une personne rusée et artificieuse.
    • C’est une bonne bête : Se dit d’une personne de peu d’esprit, mais d’un bon naturel.
    • Vivre en bête, mourir en bête : Vivre, mourir sans aucun sentiment de religion.
  7. Ce qui, chez l’être humain, le rapproche de l’animal : les sens, les passions, les appétits matériels.
    • Si l’on pouvait toujours réfléchir, on ferait moins de fautes, mais la bête l’emporte.
  8. Personne stupide ou qui n’a que peu ou pas d’esprit, de bon sens. Synonyme : bêta.
    • C’est une vraie bête.
  9. (Éducation) Élève très doué.
    • [Titre] L’abeille, une bête en maths (L’abeille, une bête en maths)
  10. (Par extension) Chose quelconque.
    • Venez par là, je vais vous montrer la bête ; que l’allure imposante de l’unité centrale ne vous effraie pas !
synonymes
  • voir idiot#Synonymes (7)

traductions


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