marron
étymologie
(Nom commun 1) (1526) Emprunt à l’italien marrone, attesté depuis le début du XIVe siècle. Il est probablement dérivé d’un radical préroman marr- attesté de l’Italie jusqu’au Portugal, spécialement dans les Alpes et les Pyrénées voir marelle. Le terme marrone est probablement entré en français par la région lyonnaise. Marron apparaît aussi orthographié maron jusqu’au XIVe siècle.
  • Le mot est d’abord attesté en 1526 (« comme vous pouuez auoir fait experience au gland, ou au marron, … », Claude Gruget, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6261091g/f934.item.texteImage Les diverses leçons de Pierre Messie], page 888) avec le sens de « fruit du marronnier ». Il entre dans l’expression tirer les Marrons du feu auec la patte du chat, désormais tirer les marrons du feu, dans Curiositez françoise ↗ d’Antoine Oudin, en 1640, qui a d’abord signifié « se donner de la peine pour le seul profit d’autrui », mais qui a subi une inversion de sens, signifiant alors « tirer profit de la situation ». L’expression fut popularisée par Le Singe et le Chat de Jean de La Fontaine. En 1680, marron prend sons sens de « boucle de cheveux ronde et nouée avec un ruban ». Marron entre dans la locution marron d’Inde#fr|marron d’Inde pour la première fois dans la 2e édition ↗ du Dictionnaire de l’Académie française, en 1718. Marron devient un nom de couleur en 1750, sous l’orthographe alternative maron, dans un livre de Jean Hellot, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k86260g/f510.item L’Art de la teinture des laines], page 485, (« On tire de ce mêlange un très-grand nombre de couleurs comme les Caffé, Maron, Pruneau, Muſc, Epine & autres nuances ſemblables, dont le nombre eſt preſque infini, & d’un très-grand uſage. »). En 1752, il apparait dans son sens pyrotechnique et son sens de jeton dans le Dictionnaire de Trévoux. Le sens de « noyau non calciné d’une pierre passée au four à chaux » apparaît en 1777 et celui de « grumeau dans la pâte à pain » en 1782. En 1821, il prend le sens argotique de « des coups, de la bagarre » qui évolue pour le sens familier de « coup de poing » en 1881. Le sens de « testicule » est attesté en 1864 dans le Dictionnaire érotique moderne d’Alfred Delvau.
(Nom commun 2) (Adverbe) Emprunt à une langue caraïbe maron (« sauvage, en parlant d’une plante, d’un animal »), tiré par aphérèse de l’espagnol cimarrón (« élevé, montagnard »). → Voir l’étymologie de l’adjectif 2. Le terme est d’abord en usage dans les Antilles françaises. Il prend en France métropolitaine le sens figuré de « personne exerçant illégalement » en 1762. Le mot marron désigne aussi par métonymie un « ouvrage imprimé clandestinement » depuis 1775, où il avait été écrit maron.
(Adjectif 1) (1736) Adjectivation, par analogie, de marron (« châtaigne »). L’adjectif est d’abord attesté sous la forme maron, au Canada.
(Adjectif 2) (1640) Emprunt à une langue caraïbe maron (« sauvage, en parlant d’une plante, d’un animal »), tiré par aphérèse de l’espagnol cimarrón (« élevé, montagnard »), d’où par extension « animal domestique redevenu sauvage » et « Indien fugitif », terme attesté dès 1535.
  • Il est peut-être issu de l’espagnol cima (« cime »), lui-même du latin cyma (« tendron du chou »), emprunt latinisé, et dont le genre est devenu féminin, au grec ancien κῦμα, kûma (« vague »). Le terme grec est probablement dérivé de κύω, kúô (« donner naissance »), de la racine indo-européenne kuh1 ;
    • Ou peut-être du vieil espagnol cimarra (« fourré »).
  • Le terme est d’abord utilisé dans les Antilles françaises, désignant originellement un « animal domestique redevenu sauvage », sens étendu aux plantes. Par analogie, il désigne en 1658 un « esclave en fuite », sens qui semble être une création des colons par comparaison avec le sens premier. Il prend en France métropolitaine le sens figuré de « exerçant illégalement ».
(Adjectif 3) (1811) Probable extension de marron (« esclave fugitif »), via l’expression être paumé marron (« être arrêté en tant qu’esclave fugitif »). Gaston Esnault le rapproche cependant de rôti comme un marron (« sorti du jeu », « qui a perdu tout son argent »), attesté dès 1752.
  • Le sens premier de « pris sur le fait », attesté dès 1811, a aujourd’hui disparu au profit de « trompé », dont on trouve des attestations depuis 1855, peut-être dû à un rapprochement avec être chocolat. Le sens « privé de, interdit de » est attesté à partir de 1927.

nom

SingulierPluriel
marronmarrons

marron \ma.ʁɔ̃\ masculin

  1. Fruit rond comestible de certains châtaigniers, plus gros qu’une châtaigne ordinaire, de couleur brune.
    • Chaud là, les marrons, chaud ! — (Ernest Grenet-Dancourt, Monologues comiques et dramatiques, Librairie Ollendorf, 1883, page 157)
    • Quoique la châtaigne et le marron soient de la même espèce, on préfère le marron, parce qu’il est plus gros et plus sucré. — (Balthazar Georges Sage, Supplément aux institutions de physique, 1812, page 46)
    • Sur le trottoir, un type en passe-montagne vendait des marrons chauds. — (Éric Neuhoff, La Petite Française, Albin Michel, 1997, page 152)
    • Nous achetions des marrons pour nous chauffer les doigts dans la poche de nos pèlerines. — (Alexandre Vialatte, Fred et Bérénice, Le Rocher, 2007, page 124)
    • Devant l’Uniprix t’avais l’hiver un marchand de marrons chauds, qui te les grillait juste devant toi dans une grande bassine en tôle avec des trous partout dans le fond et de la braise en dessous. — (Alain René Poirier, Souvenirs mélangés d’un Parisien malgré lui ↗, 2017, page 178)
    • Avec le succès de son entreprise, M. Chestnut décide de se développer et d’acheter le fonds de commerce de son confrère M. Marron, qui vend des marrons chauds au parc Montsouris. — (André Lévy-Lang, [https://www.google.fr/books/edition/L_Argent_la_finance_et_le_risque/eTYVAAAAQBAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=L%E2%80%99Argent,+la+finance+et+le+risque&pg=PA48&printsec=frontcover L’Argent, la finance et le risque], 2006, page 126)
    • Le scientifique appelle marron le fruit du châtaignier qui ne possède qu’une amande sous le tégument coriace et châtaigne celui qui en possède plusieurs séparés par le tan. L’industriel et le commerçant … auraient tendance à élargir la notion de marron à toutes les châtaignes un peu grosses et dodues. Quant au gastronome, … de la purée ou de la crème de marron, … châtaigne blanchie, … on parle de boudins aux châtaignes et de dinde aux marrons ! — (Robert Bourdu, Le châtaignier, 1996, Actes Sud, Le nom de l’arbre, page 21)
  2. (Par analogie) Brun, couleur du fruit mûr. #a04000#602000#402000 Voir la note sur les accords grammaticaux des noms de couleurs employés comme noms ou adjectifs.
    • C’était le papier marron qui avait toujours régné chez les miens : « Votre grand-mère adore le marron. » — (François Mauriac, Un adolescent d’autrefois, Flammarion, 1969, page 135)
    • Le marron est issu du mélange des trois couleurs primaires. Les nuances de marron sont donc infinies selon la proportion de ces trois couleurs, plus le noir et le blanc pour la désaturation. — (Allan Carrasco, Le Grand Livre de la Peinture sur Figurines ↗, 2007, page 46)
    • Le choix de la couleur divise la population : le vert ne plaît pas, le marron est jugé fade, le jaune trop voyant et le noir salissant. — (Benigno Cacérès, Le bourg de nos vacances, 1970)
    • Malartic et Lampourde, dont l’attention était éveillée, aperçurent un homme de moyenne taille, mais singulièrement alerte et vigoureux, hâlé de visage comme un More d’Espagne, les cheveux noués d’un mouchoir, vêtu d’un caban de couleur marron qui en s’entr’ouvrant permettait de voir un justaucorps de buffle et des chausses brunes ornées sur la couture d’un rang de boutons de cuivre en forme de grelots. — (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863, pages 111-112)
  3. (Sens figuré) (Populaire) Coup de poing, châtaigne, gnon.
    • Il s’était trouvé un cloporte pour le dénoncer, le directeur ne voulait pas d’ennuis et, manque de bol, ça avait déclenché un foin du tonnerre de Zeus vu qu’il lui avait mis un marron dans la gueule, au cloporte, un putain de marron… Les cloportes, c’est tout ce que ça mérite… L’Abbé avait bien fait, considérait Baudelaire. — (Françoise Guyon, Le diable bat sa femme et marie sa fille ↗, 2010, page 32)
    • Y m’a filé une beigne,
      j’y ai filé un marron,
      m’a filé une châtaigne,
      j’y ai filé mon blouson.
      — (Renaud, Laisse béton ↗, 1977)
    • — Quand on a reçu un marron, on fait l’mort. — (Léon Frapié, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3392226b/f139.image.r=%22Quand%20on%20a%20re%C3%A7u%20un%20marron,%20on%20fait%20l'mort%22?rk=21459;2 Réalisme], dans Les contes de la maternelle, Éditions Self, 1945, page 131)
  4. (botanique) marron d’Inde#fr|Marron d’Inde, graine non comestible du marronnier d’Inde.
    • En 1825 , M. Vergnaud-Romagnési, dans ses travaux sur le marron d’Inde, dit que les marrons les plus avantageux rapportent 30 pour 100 de leur poids en belle fécule. — (Adolphe Thibierge et Dr Remilly, De l’amidon du marron d’Inde, ou des fécules amylacées des végétaux non-alimentaires, 1857, pages 101-102)
    • Au fond une vingtaine de marronniers lâchaient comme des bombes leurs bogues piquantes sur la tête des enfants. Ceux-ci nous apportaient en cadeau des dizaines de marrons bien lustrés dont nous ne savions que faire. — (José Herbert, L’instituteur impertinent : Récit de vie, 2016)
    • Quant au fruit à venir, le marron, c’est un excellent vasoconstricteur, base appréciée de médicaments pour traiter varices et hémorroïdes. — (Bernard Boullard, Plantes et arbres remarquables des rues, squares et jardins de Rouen, 2006)
  5. (pyrotechnie) Pétard dont la détonation évoque l’éclatement d’une châtaigne sur le feu.
    • Le tir de deux marrons d’air qui ont éclaté à 300 ou 350 mètres de hauteur a fait dans le nuage une large échancrure à travers laquelle apparut le ciel bleu ; deux autres marrons divisèrent le nuage en deux parties, qui prirent la direction des forces composant la résultante suivant laquelle se dirigeait sa masse. — (Congrès international de défense contre la grêle, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6387719t/f312.item Troisième Congrès international de défense contre la grêle et Congrès de l'hybridation de la vigne], 1902, tome 1, page 306)
    • Peu d’instans après, le marron éclate en donnant une détonation sourde, et le glaçon se trouve brisé en morceaux assez petits pour passer sous les ponts ou dans les canaux d’une usine, sans causer aucun dommage. — (Bulletin des sciences technologiques, 1829, tome 12, page 363)
  6. Jeton servant à contrôler la présence d’une personne à son poste. Notamment en usage dans les mines, les casiers où ils se rangeaient se nommaient marronniers.
    • Les marrons sont entre les mains des factionnaires : les rondiers les trouvent en faisant leur ronde et les déposent ensuite dans la boîte à marrons, dont le contenu est vérifié le matin par le capitaine d’armes. — (Robert de Parfouru, [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30434052/f100.item Manuel du marin], 1911, page 86)
    • Un surveillant de ronde, qui inspectait le dortoir d’en bas du bâtiment-neuf, au moment de mettre son marron dans la boîte à marrons, − c’est le moyen qu’on employait pour s’assurer que les surveillants faisaient exactement leur service ; toutes les heures un marron devait tomber dans toutes les boîtes clouées aux portes des dortoirs. — (Victor Hugo, Les Misérables, 1862)
  7. (Populaire) Tête.
    • Il a reçu un coup sur le marron.
  8. (technique) Grumeau de farine se formant dans la pâte à pain lors du pétrissage.
  9. (technique) Peloton coagulé dans une table de plomb mal fondue.
    • MARRON […] Sorte de grumeau qui reste dans le plomb mal fondu. — (Pierre Larrouse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, 1873, tome 10, page 1247)
  10. (technique) Noyau non calciné d’une pierre passée au four à chaux.
  11. (marbrerie) Partie très dure incluse dans le marbre et nuisant à son polissage.
  12. (Plâtrerie) Grumeau dans le plâtre.
    • Cette gâchée est pleine de marrons !
  13. (coiffure) Grosse boucle de cheveux ronde et nouée avec un ruban.
    • Étienne de Jouy, le célèbre librettiste d’opéra, s’étonne en arrivant chez un ami pour dîner d’y trouver le père de celui-ci en habit de droguet à fleurs avec une perruque à marrons, son ami vêtu d’un habit français, sa femme en grande robe à la Médicis, tenant sur son bras un châle indien ; sa fille est vêtue à la grecque, son fils aîné à l’anglaise et les petits en mameluks. — (Patrick Barbier, À l’Opéra au temps de Balzac et Rossini, 2003)
    • Le costume des juges peut paraître grotesque à un étranger : non que leur robe rouge doublée de satin blanc et leur rochet d’hermine n’aient de l’éclat et de la dignité ; mais ils sont affublés d’une perruque à marrons et à petite queue retroussée en plusieurs nœuds, poudrée plus ou moins également, et jetée au hasard de travers sur leurs cheveux, qu’elle ne cache pas en entier et qui déborde de toutes parts. — (Basile-Joseph Ducos, Itinéraire et souvenirs d’Angleterre et d’Écosse ↗, 1834, page 34)
  14. (Ichtyologie) Petit poisson méditerranéen de la famille des pomacentridés, aplati latéralement (Chromis chromis).
    • Le Marron, ſelon Willughby, eſt un petit poiſſon qui n’a qu’environ quatre pouces de longueur, ſur une épaiſſeur aſſez conſidérable. — (Encyclopédie méthodique, Histoire naturelle, 1787, tome 3, page 247)
    • Le marron a la chair fade et pleine d’arêtes.
  15. (cinéma) Copie intermédiaire d’un film permettant de travailler sur une copie sans abîmer l’original.
    • La première étape de la restauration a donc consisté à tirer un nouveau marron image à partir du négatif original et de rajouter les éléments manquants grâce à ce safety. — (Béatrice Valbin-Constant, Camille Blot-Wellens, Restauration du film « Donne-moi tes yeux » de Sacha Guitry ↗, 3 décembre 2007, www.cinematheque.fr)
  16. Lettres et chiffres découpés en à jour dans une feuille de métal, destiné à être utilisé en tant que pochoir.
  17. (Désuet) (Alpes) (Lanslebourg-Mont-Cenis) Porteur savoyard dans les Alpes, guide de montagne, en particulier en Maurienne au Mont-Cenis.
    • Du Passeur au Guide. Alors, et alors seulement, les marrons de Novalaise prennent une autre figure, à l’image de la montagne. On voit ses marrons l’aider, lui expliquer ce qu’on trouve en montagne […]. — (Renaud de Bellefon, Histoire des Guides de Montagne : Alpes et Pyrénées, 1760-1980, 2003, page 123)
    • Apparut alors, disent les textes, quoddam genus hominum qui « marrones » vocantur (une sorte d’homme qu’on appelait marrons). On relève marones, marronai, marronnes, marucci, mazanes, et, en Val d’Aoste plus particulièrement, celle de marronniers. Leur clientèle était faite de grands personnages : diplomates, ambassadeurs, parfois de papes, d’ecclésiastiques […]. — (Nicolas Giudici, La philosophie du Mont-blanc, 2003, Literary Collections)
    • On les appelle ordinairement Marrons. Ils sont divisés en plusieurs bandes et ont des petites chaises qu’ils portent tousjours à la main Quand la neige ni y est pas assez forte ni assez gelée, ils portent sur ces chaises les voyageurs, mais quand le froid a rendu la neige bien dur, et ils accommodent leurs chaises de façon, qu’ils ne portent a plus les voyageurs, mais les font glisser sur la neige avec tant de vitesse, particulièrement à la descente du Mont-Cenis, qu’à peine les peut on suivre des yeux. — (Guido Bentivoglio, 1713, Mémoires du Cardinal Bentivoglio, page 39)
  18. (Argot) Bagarre, baston, rixe.
    • Prens toutes tes Baioffes [armes à feu], car il pourra bien y avoir du marron. — (Louis Ansiaume, Glossaire argotique des mots employés au bagne de Brest, 1821)
  19. (Argot) Testicule.
    • À ce moment précis, j’ai dû vraiment agacer les abeilles car, à peine avais-je grimpé un iota de plus que BEEUUINZZZ BZZZZZ, toute une brigade ou compagnie m’attaqua, et vas-y que je te pique de la tête aux pieds, partout, semblait-il, avec un acharnement particulier sur mes fesses, ma saucisse beige et mes deux marrons couleur foncée ! — (Saer Maty Ba, Le serment du maître ignorant ↗, 2020)
  20. (Cameroun) Beignet à base de farine de manioc ou de maïs.
    • Kanga, achète-moi des marrons !
  21. Dans le calendrier républicain, nom du 29e jour du mois de fructidor.
    • Dans le calendrier républicain c’était le 29e jour dans le mois de fructidor, le jour du marron. — (Jean Mayet, 365 jours ou Les Éphémérides allant du XVIe au XXe siècle, 2013, page 500)
synonymes
traductions
traductions
traductions
traductions
traductions
traductions
nom

SingulierPluriel
marronmarrons

marron \ma.ʁɔ̃\ masculin (pour une femme, on dit : marronne)

  1. (Vieilli) (histoire) (esclavagisme) Individu esclavagé qui s’est enfui de la plantation pour vivre en liberté.
    • La réussite de l’évasion du marron, son intégrité physique, sa survie même dépendent de sa capacité à disparaître, à devenir imperceptible. — (Dénètem Touam Bona, Fugitif, où cours-tu ?, 2016)
    • Pour l’écrivain Calcagno (1829-1903), le marron n’est encore rien d’autre, à la fin du xixe siècle, qu’un fugitif, un hors-la-loi qu’il prend en pitié. — (Alain Yacou, La longue guerre des nègres marrons de Cuba ↗, 2009, page 31)
  2. (France) Homme travaillant illégalement.
  3. (imprimerie) (Argot) Ouvrier compositeur travaillant pour lui-même chez un maître imprimeur.
  4. (Par métonymie) (imprimerie) Livre, ou tout autre ouvrage, imprimé clandestinement.
    • La nuit du dimanche au lundi 20 Novembre, on a arrêté le Colporteur Bourgeois, fort renommé pour son intelligence à faire passer ce qu’on appelle en termes de l’argot de ces gens-là des Marons, & pour les débiter. — (Louis Petit de Bachaumont, Mathieu François Pidanzat de Mairobert, Mouffle d'Angerville, Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France, 1777, page 311)
    • En terme d’Imprimerie, un marron, un ouvrage imprimé furtivement. — (Noël François de Wailly, Dictionnaire portatif de la langue françoise ↗, 1775, tome 2, page 243)
  5. Animal domestique redevenu sauvage.
    • Les dromadaires australiens sont des marrons.

traductions
traductions
traductions
adverbe

marron \ma.ʁɔ̃\ invariable

  1. (Argot) En flagrant délit.
    • Je vous retrouverai les sommes volées chez M. et Mme Crottat ; je vous serre marron un des agents de Bibi-Lupin, son bras droit, et je vous donnerai le secret du crime commis à Nanterre… — (Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1838-1847, quatrième partie)
    • Bibi-Lupin est riche, il a fait son temps ; c’est un fonctionnaire à double face, et si vous vouliez me laisser agir contre lui, je le paumerais marron (je le prendrais en flagrant délit) en huit jours. — (Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1838-1847, quatrième partie)

adjectif

SingulierPluriel
marronmarrons

marron \ma.ʁɔ̃\ invariable ou masculin et féminin identiques (voir notes)

  1. Brun, de la couleur du fruit mûr du châtaignier. Voir la note sur les accords grammaticaux des noms de couleurs employés comme noms ou adjectifs.
    • Et sort de nulle part toute une tribu de soldats gaulois habillés d’un pantalon marron et d’une armure marron ; ils ont des longs cheveux marron puis ont sur leur visage de la peinture rouge et bleu, puis ils sont munis d’une lance et d’un bouclier, ils ont un symbole dessiné sur leurs armures et sur leurs boucliers, un cheval rouge et bleu. — (Matthieu Vernier, La légende des neuf royaumes et du livre sacré ↗, Éditions Les 3 Colonnes, 2022, tome 2)
    • La teinture jaune est extraite du turmeric et des racines du nono ; avec ce dernier, d’un jaune très pâle, ils teignent la doublure très curieusement collée de tissus marron. — (Dominique Le Brun, La vérité sur la Bounty ↗, Éditions Omnibus 2015, ISBN 978-2-258-11476-0)
    • Le lagon, habituellement bleu-vert transparent, devient marron à force de réceptionner la terre qui s’y déverse. — (Thierry Francès, Du mistral au maraamu ↗, Société des Écrivains, 2012, page 191)
    • Derrière la lampe et le petit bureau marron le mur est recouvert d’une tapisserie rose à fleurs, celui des roses sauvages, sur fond marron foncé. — (Sabine Macher, Une mouche gracieuse de profil ↗, Maeght, 1997)
    • Il portait un veston de velours marron, mais ce qui frappa Francesca, ce fut la pipe qu’il tenait serrée entre ses dents, comme s’il allait la broyer. — (Lucienne Peverelly, Une fleur sur la lagune ↗, 1955)
    • N’allez pas tenter de marier un tapis marron avec des portières bleu ciel. Une de mes connaissances en a fait l’essai avec un résultat désastreux. — (Le Canada artistique, 1890, page 153)
    • Pelage varié par grandes taches de noir, de marron pourpré et de jaune ; dessous de la tête d’un jaune qui passe au roux sur les yeux et sur les joues ; une large tache marron sur le vertex, séparée d’une ligne de même couleur, qui passe sur l’occiput […] ; oreilles garnies d’assez longs poils marrons […] ; jambes de couleur marron ; dessous du corps, face interne des membres, mains et pieds d’un jaune pâle. — (Jean-Charles Chenu, Eugène Desmarest, Encyclopédie d’histoire naturelle, Rongeurs et pachydermes ↗, 1860, page 30)
    • Oui, Monſieur, il avoit un habit marron. — (Les Trois Jumeaux Vénitiens, in Bibliothèque des théâtres, 1755, tome 39)

traductions
adjectif

SingulierPluriel
Masculinmarronmarrons
Fémininmarronnemarronnes

marron \ma.ʁɔ̃\

  1. Évadé, fugitif, déserteur, enfui en parlant d’un esclave.
    • L’article 31 stipulait que l’esclave n’était considéré marron que du jour où le maître le dénonçait et énumérait les trois degrés de marronnage et les peines qui y étaient attachées. — (Karl Noël, L’esclavage à l’Isle de France (Île Maurice), de 1715 à 1810 ↗, 1991)
    • Vous avez de votre esclavage une idée qui doit être la mienne mais non la vôtre, sans quoi vous n’êtes plus qu’une petite esclave marronne. — (Guillaume Apollinaire, Lettre à Madeleine Pagès, 5 août 1915)
  2. (France) (La Réunion) Qui se livre à l’exercice illégal d’une profession, ou à des pratiques illicites ou de bas étage.
    • Quand je dis insortable, je suis modeste. Le second de ces personnages est un médecin marron, qui s’était fait pincer deux fois dans un trafic d’héroïne. — (Lucien Rebatet, Les deux étendards ↗, Éditions Gallimard, 1951, tome 2, page 503)
    • Avocat marron.
  3. Qualifie un animal qui, de domestique, est devenu sauvage ; féral.
    • Les pampas d’Amérique du Sud donnent également asile à d’immenses troupeaux de Chevaux marrons (cimmarrones) ; lesquels proviennent selon d’Azara, de Chevaux andalous abandonnés par les Espagnols vers le milieu du XVIe siècle. — (A. Railliet, Traité de zoologie médicale et agricole, 1895, Asselin et Houzeau, Paris, page 1161)
    • Il ne faut pas confondre le cochon marron avec le pécari ou patira qui est une espèce très-voisine, et qui n’est distinguée du cochon marron que par de légères différences extérieures. — (Mémoires de la Société linnéenne de Paris, 1826, tome 4, page 231)
  4. (Île Maurice) (La Réunion) Qualifie une plante sauvage qui présente des analogies avec une plante cultivée.
    • Je vois Denis arrêté devant un buisson : "Pistache marron". Dans sa main, une longue gousse entrouverte laisse échapper des graines noires, semblables à des insectes. — (J. M. G. Le Clézio, Le Chercheur d’or, Gallimard, 1985)
    • Thym marron (Erica galioides) ; pistache marron (Asystasia gangetica).
  5. (La Réunion) Se dit d’un objet, d’un produit illicite, clandestin.
    • Alcool marron.
  6. Qualifie une société, ou un de ses membres, issue du regroupement d’esclave marrons.
  7. Qui a rapport aux noirs marrons, à leur histoire.
    • Histoire marron.
synonymes
traductions
traductions
traductions
adjectif

SingulierPluriel
marronmarrons

marron \ma.ʁɔ̃\ masculin et féminin identiques

  1. (Argot) Pris en flagrant délit, sur le fait.
    • — Oui, c’est des internés, l’Enflé. J’ai pas voulu te le dire, sinon tu ne m’aurais pas aidé et j’avais besoin d’un homme. Te fais pas de mauvais sang. Si on est marron, je prendrai tout sur moi. — (Henri Charrière, Papillon ↗, 2011)
  2. (Argot) Trompé, dupé, refait, déçu.
  3. (Argot) Privé de, interdit de.
    • Un jour sur trois, depuis le début du printemps, il s’était trouvé marron de promenade. — (Albert Simonin, Du mouron pour les petits oiseaux, Gallimard, 1960)



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