mettre
étymologie
Du moyen français mettre, de l’ancien français metre, du latin mitto.

verbe

mettre \mɛtʁ\ transitif conjugaison (pronominal : se mettre)

  1. Placer une personne, ou un animal, ou une chose dans un lieu déterminé.
    • Tous les millions que je possède je les ai mis dans un grand coffre, sous le tombeau de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle. (Raymond Queneau, Les Derniers Jours, Gallimard, collection Blanche, 1936)
    • ''Mettre un cheval dans l’écurie, à l’écurie; un oiseau dans une cage, en cage. — Mettre du foin dans le grenier, au grenier. — Mettre du bois dans la cheminée.
  2. Placer, dans un certain rapport de position, un être animé avec un autre, ou une chose avec une autre, ou un être animé avec une chose.
    • On m’a mis à côté de lui à table.
    • Mettre un gigot à la broche.
    • Mettre des marchandises à bord d’un navire.
    • Mettre la main à la plume.
  3. (Par extension) (ellipse) (vulgaire) En parlant du pénis, permet d’évoquer un rapport sexuel.
    • Tu parles d’une obsédée : tout le temps à raconter comment son mari la lui a mise !
  4. Envoyer, conduire en un lieu, y faire entrer, y établir, en parlant des personnes.
    • La dame Labache ne pouvait indiquer le moment. En raison du changement d’heure, survenu la même nuit, la déposante hésitait : elle avait, en se mettant au lit, retardé sa pendule pour s’épargner la peine d’y penser le lendemain […] (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
    • Mettre un enfant dans un collège, au collège ; dans une pension, en pension; dans une école, à l’école.
    • (Par extension) Mettre quelqu’un dans les affaires, dans le commerce, dans l’industrie.''
    • (Par extension) Mettre un enfant en nourrice, en apprentissage.
  5. (Figuré) Établir ; conférer un emploi.
    • Mettre un prince sur le trône.
    • Mettre quelqu’un dans un poste.
  6. Condamner à ; en parlant de certaines peines qu’on inflige, qu’on fait subir.
    • Mettre un homme en prison, au cachot, aux arrêts, à l’amende.
    • Mettre un enfant en pénitence.
  7. (Par extension) Infliger une correction.
    • Pour le mettre ? Tu sais ce que je vais te mettre, moi ?!? (Maëster, Sœur Marie-Thérèse des Batignolles, La Guère Sainte, Drugstore, 2008, ISBN 978-2226175601)
    • La vache, qu’est-ce que tu lui as mis !
  8. Réduire, en parlant d'une personne.
    • Mettre un homme à la mendicité, en chemise, à sec.
    • Mettre quelqu’un aux abois, à quia, à bout.
    • Mettre un homme à la retraite, en réforme.
  9. Revêtir, enfiler sur soi, en parlant de ce qui sert à l’habillement, à la parure.
    • Mettre sa chemise, son habit, ses souliers, ses gants, son chapeau, etc.
    • Il était simplement mis, mais élégamment vêtu d'un pourpoint de drap violet foncé avec do légères broderies de soie de même couleur. (Alexandre Dumas, Les Deux Diane, 1847, chap.1)
  10. (quelquefois) Porter habituellement sur soi.
    • Il ne met pas de manchettes.
  11. (cuisine) Accommoder, apprêter d’une certaine façon, en parlant des choses qui se mangent.
    • Mettre une carpe à l’étuvée, au bleu, en matelote; un poulet en fricassée; un lièvre en pâté; des épinards au jus; des œufs à la poulette; des fruits en compote.
  12. Placer ou employer d’une certaine manière, en parlant de l’argent qu’on possède.
    • Mettre son argent, ses fonds dans une entreprise industrielle.
    • Mettre son argent en rentes, en viager, à fonds perdu.
    • Il a mis beaucoup d’argent au jeu.
  13. (Agriculture) Ensemencer, planter, employer d’une certaine manière, en parlant des terres.
    • On combat l’ivraie annuelle par des assolements; elle ne repousse pas dans un champ mis en luzerne ou en trèfle; s'il est ensemencé en pois gris ou en vesces, elle se trouve étouffée; enfin, elle périt sous les binages […]. (Ch. de Bussy, Dictionnaire usuel et pratique d'agriculture et d'horticulture, Paris : Humbert libraire-éditeur, 1863, page 390)
    • Mettre une terre en blé, en orge, en seigle, en avoine. — Il a mis son terrain en vigne, en bois, en jachère.
  14. Écrire sur le papier, dans un livre.
    • ''Il a mis cette remarque en marge.
    • Il a mis son nom au bas de la lettre.
    • ''Il fut mis sur la liste.
    • Il mit ses raisons par écrit.
    • Mettre un mot en italiques.
  15. (Au sens physique ou moral) Faire passer d’un état à un autre, en parlant des personnes et des choses — Note: Dans cette acception, le complément est souvent précédé de la préposition en.
    • Mettre une chose en morceaux, en pièces, en poudre, en poussière, en cendre.
    • Mettre une vigne en espalier.
    • Mettre une armée en bataille, en ligne.
    • Mettre du latin en français.
    • Mettre des paroles en musique.
  16. (quelquefois) Ajouter à quelque chose une partie qui y manque.
    • Ça me fait penser à allumer la téloche pour regarder les infos de 9 h. J'attrape la télécommande et je mets la dix. (Boris Tzaprenko, Noti Flap, vol.2 : Tribulations détectivesques méziguifères, (autoédition), 2013, page 96)
    • Mettre un manche à un balai, un pied à une table, une corde à un violon, un bouton à un habit, une roue à une voiture, un fer à un cheval.
  17. (Par extension) Action, pour un marchand, d’ajouter de la marchandise dans la partie destinée à un client.
    • Alors, ma bonne dame, qu’est-ce que je vous mets ?
    • Alors, conformément à la tradition, vous avez droit à trois vœux… Je vous mets quoi ? (Maëster, Sœur Marie-Thérèse des Batignolles, Sur la Terre comme au ciel..., Fluide Glacial, 2004, ISBN 978-2858154012)
  18. Employer ses qualités et ses dispositions morales, les manifester dans ses actions, dans ses discours, dans ses ouvrages.
    • Mettre de la bonne foi, de l’adresse, de la réserve, de la modération, du mystère, de la discrétion dans sa conduite.
    • Mettre de la passion, de la haine, du ressentiment, de la colère, de l’injustice dans une action.
    • Mettre de la douceur, de la sévérité, de l’aigreur, de la dureté dans ses discours, dans ses réprimandes.
    • Mettre de la chaleur, de la vivacité dans ses paroles.
    • Mettre de l’esprit, du jugement, du goût, de l’imagination, de l’art, du sentiment dans ses écrits.
    • Mettre de l’âme, de l’expression dans son chant, de l’accent dans son langage.
  19. (Absolument) Miser.
    • Mettre au jeu. : Mettre à la loterie.
  20. (familier) Admettre, supposer. — Note: Il est alors suivi de que et d'un verbe conjugué à l’indicatif ou au subjonctif.
    • J’étais effrayée, voire sottement hilare à l’idée de papoter sur la météo baskets aux pieds et seins à l’air avec, mettons, Jean-Michel Apoual du chalet d’à côté, sandales aux pieds mais surtout sexe à l’air (que les choses soient claires : c’est impossible de ne pas regarder). (Johanna Luyssen, « Les Teutons à l’air ↗ », Libération, 21 août 2018)
    • Mettez que je n’ai rien dit.
    • Mettons que ce soit vrai.
  21. Faire consister. — Note: Il est alors suivi de la préposition à et d’un verbe à l’infinitif.
    • Mettre sa gloire, son plaisir, son bonheur à faire quelque chose.
    • Je mets mon orgueil à vous imiter.
  22. Faire participer. — Note: Il est alors suivi de la préposition de.
    • On le met de toutes les fêtes, de toutes les corvées.
  23. Faire parler. — Note: Il est alors suivi de la préposition sur.
    • On le mit sur ce chapitre.
  24. Temps nécessaire.
    • Nous avons mis deux heures pour venir
  25. Commencer.
    • Il se met à pleuvoir.
  26. Déposer quelqu’un, au terme d’un déplacement dans un véhicule.
    • La voiture la mit au coin de la petite rue de La Chaise. (Anatole France, Le Lys rouge, 1894, réédition Le Livre de Poche, page 99)
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